Emma L. 13/09/2017

Viol : mon beau-père sera bientôt libre

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Violée par son beau-père alors qu'elle était adolescente, Emma appréhende la sortie de prison de son agresseur.

J’ai 23 ans et un fils qui va avoir 6 ans. J’ai été violée par mon beau-père de l’âge de 10 à 17 ans. Je me suis toujours demandée : « Pourquoi moi ? », « Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ? ». Quand on recevait de la famille ou des amis, mon beau-père était gentil, adorable. Mais quand personne n’était là, il pouvait être violent avec ma mère. Je ne l’ai pas dénoncé avant d’avoir 17 ans parce que j’avais très peur de lui. Il me menaçait. Tout s’est arrêté le jour où ma mère a soupçonné quelque chose et m’a posé un tas de questions. La première a été : « Est-ce qu’il est le père de ton fils ? »

Je suis sûre que non. Mon enfant vient de mon premier amoureux, avec qui j’ai eu une relation pendant près de six mois, quand j’avais 16 ans.

Mon beau-père bientôt libre…

Après, il y a eu les interrogatoires insoutenables de la police. Les policiers étaient très pressés. Les mêmes questions revenaient toujours. Parfois, je m’embrouillais. Il fallait tout expliquer dans les moindres détails. Raconter encore et encore les faits devenait insupportable. C’est comme si on revivait les scènes à chaque fois.

Ensuite, le procès. Trois jours de suite au tribunal. Rebelote : expliquer tout en détail devant la cour, la juge, les avocats, ma mère et mon beau-père. Ca a été très dur. J’ai fait un malaise tellement c’était insupportable.

Et puis le verdict est tombé : treize ans de prison ferme pour mon beau-père et, malheureusement, trois ans dont deux ans fermes pour ma mère. Elle est libre depuis le début de l’histoire, mais elle a actuellement un bracelet électronique. Elle a été condamnée pour rien. La juge pensait qu’elle savait. Je suis sûre que non.

Cela fait six ans que mon ex-beau-père est en prison. Aujourd’hui, il a le droit de sortir le week-end. Bientôt, il sera libre. Il aura fait six ans de prison au lieu de treize. Comment ça se fait ? Où est la justice là-dedans ?

Je veux me débrouiller seule !

Aujourd’hui, je vis avec mon enfant que j’élève seule. Le père de mon fils ne l’a jamais vu. Sa famille l’a poussé à ne pas le reconnaître. Lors de l’accouchement, c’est ma mère qui était là pour me soutenir.

Je suis très contente d’avoir un enfant. C’est la plus belle chose qui me soit arrivée. Mais j’ai du faire une croix sur ma formation en boulangerie pour pouvoir m’occuper correctement de lui. J’essaie de trouver un travail, d’obtenir mon code et de passer mon permis pour pouvoir me débrouiller seule. Pour l’instant, c’est ma grand-mère qui fait le chauffeur. Je vis avec et chez elle, avec mon fils. Elle le garde quand je vais à mes rendez-vous. Elle s’en occupe très bien.

Lula, elle, n’a jamais eu la force de porter plainte.

Capture d'écran d'un autre artilcle de la ZEP. On voit une femme assise contre un mur en bois. Elle a la tête dans ses mains

Je suis suivie par la mission locale qui m’aide dans les démarches pour trouver une formation ou un travail. J’aimerais travailler en tant que caissière ou agent d’entretien. Je rêve d’avoir un travail, le permis, voire même une maison, pour que mon fils ne manque de rien. Je rêve qu’il puisse s’épanouir et avoir sa propre chambre, son petit coin rien qu’à lui. Il en rêve depuis qu’il sait parler.

Emma, 23 ans, en recherche d’emploi, Strasbourg

Crédit photo Gratisography

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