Après la violence et la solitude, j’ai trouvé ma voie !
Je suis arrivée à Paris en 2010, depuis Lisbonne. Je venais d’avoir 18 ans et je rejoignais mon copain, Portugais lui aussi. Il travaillait déjà depuis quelques mois comme maçon avec son cousin.
J’avais mon diplôme d’assistante maternelle en crèche, mais il n’était pas valable en France.
Pourtant, j’ai commencé à travailler comme nounou pour une famille française, grâce à la cousine de mon copain qui travaillait aussi comme nounou. La journée, je gardais Philippine, la plus petite qui avait 7 mois, et j’allais chercher Malo, 9 ans, et Justine, 11 ans, à l’école l’après-midi.
Les enfants m’ont vraiment aidé à parler français ! J’ai appris beaucoup d’expressions et de jeux de mots grâce à eux. On pratiquait en s’amusant. Moi, j’essayais de leur parler anglais en désignant ce qu’il y avait dans la maison ou dans la rue : les fruits, les animaux, etc.
La désillusion d’un copain violent
Au début, tout allait très bien.
Mais rapidement, la situation s’est dégradée. Mon copain a perdu toute motivation. Il se faisait virer ou démissionnait de tous ses emplois. Il restait à la maison sans rien faire pendant que je travaillais toute la journée. Le soir, quand je rentrais, les disputes éclataient. Il devenait violent.
Je n’étais pas rentrée à Lisbonne depuis trois ans et ma famille ignorait ce que je vivais. Je n’en pouvais plus. Alors, j’ai fini par appeler ma mère. On a essayé de trouver une solution. On a obligé mon copain à consulter un médecin, mais ça ne l’a pas calmé longtemps. Il a arrêté les médicaments et est devenu encore plus agressif.
Finalement, c’est la famille pour laquelle je travaillais qui m’a aidée. Ils étaient plus que des patrons… Ils ont compris ce qui m’arrivait. Ils m’ont trouvé une petite chambre pour que je déménage, et ce sont eux aussi qui sont venus avec moi et la police pour récupérer toutes mes affaires chez mon copain. Après cela, je ne l’ai plus revu du tout. Il est rentré au Portugal.
De la solitude à la méditation
Je suis restée en France avec les deux familles desquelles je gardais les enfants et avec lesquelles j’avais créé un lien. Mais après cette séparation brutale, je me suis sentie très seule : je n’avais aucun ami, ma famille était à Lisbonne… Je me sentais à part. J’étais révoltée.
Pour essayer de sortir de mon mal-être, j’ai suivi à la campagne une des seules amies que je m’étais faite à Paris, par une connaissance de mon copain à l’époque. Elle habitait à Chartres et c’est en l’accompagnant dans sa région plusieurs fois que j’ai trouvé du réconfort. Je me sentais mieux près de la nature et des animaux. On passait du temps au bord d’un lac, avec des chevaux. On faisait des balades en forêt.
Cette période m’a mis plein de questions dans la tête. En me reconnectant à la nature, j’ai mieux pris conscience du monde qui m’entourait et du respect que l’on doit aux choses qui nous entourent. Ces sentiments m’apportaient beaucoup d’énergie réconfortante, protectrice, positive.
À ce moment, j’ai découvert, non pas la religion, dans laquelle j’avais d’ailleurs été éduquée, mais le spiritualisme, l’occultisme, l’ésotérisme… J’ai commencé à me renseigner sur les médecines alternatives comme la lithothérapie ou la kinésithérapie. J’allais dans les librairies spécialisées, car il n’y a pas encore beaucoup d’endroits qui parlent de cela.
Ça m’a vraiment intéressée et à ce moment, comme j’allais arrêter de garder les enfants qui allaient rentrer à l’école, je me suis dit que c’était le bon moment.
Je serai réceptionniste d’hôtel !
Je me suis renseignée à la Mission Locale et à Pôle Emploi pour savoir comment je pourrais devenir kinésithérapeute, mais j’ai réalisé que les études étaient super chères et que je ne pouvais pas les financer. Ça m’a vraiment démotivée. J’ai trouvé ça dommage que les études pour aller vers ce genre de métier soient peu accessibles, alors que ce sont des pratiques qui peuvent vraiment rendre nos vies meilleures.
Mais je voulais vraiment avoir un diplôme en France, alors je suis rentrée à l’École de la 2e Chance (E2C) pour préparer un nouveau projet professionnel.
J’ai réfléchi, en me concentrant sur moi, cette fois. Je parle déjà quatre langues, j’ai des facilités sur les ordinateurs, je voulais reprendre contact avec les gens… Alors j’ai pensé à être réceptionniste d’hôtel ! Ça fait à peine quatre mois et ça se passe super bien : j’ai vraiment trouvé ma voie, et je me dis que je pourrai toujours faire des études ou des formations rapides pour faire des massages plus tard, en parallèle de mon travail… Et être doublement satisfaite !
Catia, 24 ans, stagiaire à l’École de la 2e Chance, Paris
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