De mon décrochage scolaire à… un double diplôme international
Il y a encore quelques années, personne n’aurait pu prédire, moi le premier, le quart du parcours qui a été le mien. Mon parcours scolaire fût en effet plutôt chaotique au début : après être passé par quatre collèges différents et un redoublement, j’ai vite pensé que les études n’étaient pas faites pour moi. Fainéant, en décrochage scolaire et un tantinet perturbateur, j’ai quitté l’école une fois mon brevet en poche.
Enfin pas totalement : l’année qui a suivi, j’ai intégré la Mission de lutte contre le décrochage scolaire du lycée Jolimont à Toulouse. Nous étions une dizaine dans ce programme. Le but était de faire le plus de stages pour trouver un emploi au plus vite. C’était ce que je voulais, travailler, ne plus voir une salle de classe. Mais même cette structure ne m’a pas vraiment aidé. J’ai donc continué seul, j’ai enchaîné les petits boulots : caissier, restauration rapide, vendeur de vêtements… J’ai suivi des formations via la mission locale de Toulouse ou via Pôle Emploi. Cependant, je me suis vite rendu compte que je voulais plus, je commençais à regretter un peu d’avoir quitté le programme scolaire.
Je voulais entrer en fac de droit
En parallèle, j’ai développé un certain intérêt pour le droit suite à une formation sur la création d’entreprise. Je venais à peine d’atteindre la majorité quand j’ai décidé que le moment était venu de reprendre des études : je voulais entrer en fac de droit. Au début, j’avais pour objectif de passer le bac en candidat libre. Mais un ami m’avait parlé d’un diplôme pour rejoindre directement la licence en droit : la capacité. Au début mes parents n’y croyaient pas. Et pourtant, j’ai repris des études, à l’université de Toulouse I Capitole, avec seulement un brevet en poche. On m’avait dit qu’il y avait environ 10% de réussite en capacité en droit, mais j’étais sûr de moi et en plus, le droit me plaisait vraiment.
146 inscrits, seulement 8 à rejoindre la licence. J’en faisais partie. Là encore, j’avais des doutes sur ma capacité à continuer. J’avais comme seul but de finir ma licence et d’essayer de trouver du travail après. Les semestres passaient, je m’en sortais correctement, je ne faisais pas partie des meilleurs, mais je me défendais plutôt pas mal par rapport à d’autres bacheliers. Et j’ai finalement décroché ma licence sans trop de difficultés. À la surprise générale, je n’avais aucune envie de quitter l’université. Mais j’avais tout de même envie de partir de Toulouse.
A Montréal, je me suis vraiment trouvé
Encore aujourd’hui, je me demande comment cela a pu arriver. Mais ma demande pour partir une année en échange a été acceptée. Après avoir passé mon été à Londres pour améliorer mon anglais, je me suis retrouvé à Montréal, à l’UQAM. J’ai sans doute passé là-bas ma meilleure année d’études, à tel point que j’ai voulu rester au Canada. Là encore, j’ai eu quelques doutes. Mon dossier était correct mais pas excellent, et je n’étais pas le seul étranger à vouloir étudier au Canada. Mais qui ne tente rien n’a rien : j’ai multiplié les demandes de maîtrises dans les universités canadiennes, en espérant être au moins retenu dans une.
Résultat des courses : aucun refus, sept acceptations, j’avais l’embarras du choix. J’ai donc choisi d’intégrer un double diplôme entre les universités de Laval au Québec et Paris-Sud, dans le domaine qui m’intéressait le plus et qui me permettait aussi de me diplômer en France. Je dois rendre un mémoire en août, ensuite, je pense rester au Canada. L’école du barreau de Montréal a accepté mon dossier pour l’année prochaine. Je trouve ça incroyable !
Perdue dans ses études, Violette s’est lancée dans un service civique. Une expérience unique qui lui a donné confiance en elle et en son projet professionnel.
Je témoigne de mon histoire aujourd’hui parce que je sais que je ne suis pas un cas unique, et si ces lignes peuvent aider quelqu’un à trouver sa voie, j’en serai ravi. Je ne pense pas avoir eu de chance, j’étais en décrochage scolaire car je trouvais ça ennuyeux, et j’avais l’impression de devoir travailler plus pour mes parents et pour mes professeurs que pour moi-même. Le parcours que j’ai eu ensuite, je l’ai fait pour moi, personne ne m’a forcé, j’aime ce que je fais et je pense que c’est la plus grande motivation que l’on puisse avoir.
Paul, 24 ans, étudiant, Paris et Montréal (Canada)
Crédit photo Adobe Stock // © ra2 studio
Parcours très encourageant en effet pour d’autres jeunes qui sentent que les études ne sont pas faites pour eux ou qu’ils ne sont pas faits pour les études… Bravo!