En bac pro, je suis la seule fille dans une classe de garçons
Je suis en bac pro menuiserie dans un lycée pro à Paris et je suis la seule fille dans une classe de garçons. Ça me change. Entre mes 11 à 15 ans, j’ai vécu dans une pension catholique dans le Nord-Pas-de-Calais. On était qu’entre filles et nous étions toutes très solidaires. Mais là, avec les garçons, les blagues et les bagarres sont incessantes. Souvent, je ne comprends pas leur façon de s’exprimer. À moi, il faut me dire les choses « brut de pomme », ne pas faire de sous-entendus. Et eux, passent leur temps à ça.
Avant, en cours, quand une fille ne comprenait pas quelque chose, on allait lui expliquer. Maintenant, quand je prends soin d’aller expliquer quelque chose aux garçons, ils me disent : « Arrête de faire la prof ! ». Si je dis quelque chose et qu’un garçon approuve, c’est comme s’il avait commis un crime vis-à-vis des autres.
Lorsque je dis que je suis en bac pro menuiserie, c’est automatique, les gens me demandent : « Ça va, ce n’est pas trop dur, les garçons sont gentils ? ». Alors je réponds qu’ils sont drôles, mais pas assez sérieux. Avant, j’étais obligée de lire au moins deux heures par semaine. J’y avais même pris goût. Je lisais tous les jours, même pendant les cours. Mais pour les garçons, ce sont « les intellos » qui lisent. J’essaye de ne pas faire attention à ce qu’ils disent à ce sujet.
Leur seul sujet de conversation : les filles et leur anatomie
Dans mon ancienne école de filles, il y avait des concours dans toutes les matières générales et en sport. Cela permettait de nous dépasser. Nous étions toutes motivées les unes par les autres. Comme on dit : « L’union fait la force ». Cela permettait d’être soudées.
Maintenant, je fais toujours des concours (le Prix Litt’Europa ou le Concours National de la Résistance et de la Déportation par exemple), mais seulement avec ma professeure de français. Les garçons, eux, n’y voient pas l’intérêt.
Breno a vécu l’enfer en lycée pro. Entouré d’élèves démotivés, de profs débordés il a bien failli abandonner.
En pension catholique, toutes les semaines, en classe de Quatrième et de Troisième, nous avions une heure de discussion libre appelée « TeenStar ». Ça nous permettait de débattre de tous les sujets, particulièrement des garçons et de la vie, et de poser toutes les questions que l’on voulait. Il n’y avait pas de tabou lorsque nous parlions de ne pas coucher avant le mariage. Nous étions toutes d’accord.
Pourtant, pour les garçons de l’école, cette idée semble bizarre. Pour eux, cela n’existe plus. Leurs seuls sujets de conversation : les filles et leur anatomie. Ils en parlent en long, en large et en travers, durant les pauses, les cours, même dans la rue… Cela peut m’amuser de temps en temps, mais une chose est sûre, c’est que je ne veux pas m’y habituer.
Pauline, 16 ans, lycéenne, Versailles
Crédit GIF Giphy // © Rebecca Hendin
Bonjour les filles, je suis dans la même situation mais je n’ai pas le même âge j’arrive bientôt à 30 ans, j’ai décidé de reprendre mes études il y a 2 semaines dan le milieu de l’industrie. Evidemment je savais que c’était un milieu masculin dans ma classe de bac nous étions 4 filles et 8 garçons tout se passait bien, on s’entendait très bien tout le monde s’aidait, etc. Puis j’ai décidé de continuer en bts dans un autre établissement et là je me retrouve avec des gamins de 18 ans qui n’ont jamais travaillé et sortent de l’école, je ne suis pas du tout acceptée, on se moque de moi, même les formateurs me traitent comme si j’étais invisible quand j’essaie de participer on m’ignore ou on me dit littéralement que je dis n’importe quoi, j’ai même été virée de cours à mon âge pour la 1ère fois de la vie car j’ai été trop franche alors que c’est le formateur qui me piquait à peine le cours commencé. Honnêtement, c’est trop dur et là le formateur en maths qui me dit que ça se voit que je ne suis pas motivée que je ne réussirai pas parce que je ne peux pas faire de travail à la maison (de une j’ai 2 enfants et de deux nous sommes apprentis plus scolaires) enfin même à mon âge c’est compliqué, ils croient tout savoir on ne peut rien leur dire ils sont trop susceptibles.
Bonjour quand j’ai lu votre publication je me suis beaucoup reconnue. l’année dernière j’étais en classe de bac pro agricole on n’était 2 filles. il y a 5 jours j’ai faits ma rentrée scolaire je suis donc rentrée en classe de 1re toujours dans le même lycée mais cette fois je me retrouve tout seul car la fille qui était avec moi et avec qui je mentandais très bien à redoubler . Aujourd’hui je me retrouve tout seul avec 15 garçons. Bon evidement ce n’est pas non plus la fin du monde, en plus j’ai toujours u de l’affection avec les garçons car avec les filles cetait plus compliquer ( c’est aussi parce que je suis garçon manqué) enfin bref cette année je là sans vraiment pas … déjà cette semaine l’humour des garçons est vraiment lourd ainsi que les blagues sexistes … dans la classe de seconde de cette année ils sont 12 filles autant dire que je suis dégouté. en voyant votre publication j’ai eter rassurer de ne pas être la seule car j’ai l’impression que les gens comprennent pas ce qu’on ressent je serais ravie d’en parler avec vous . cordialement Cécilia 17 ans.
Il y a surtout le facteur culturel dans la misogynie. Lorsque votre famille est pétrie d’une culture de domination totale de l’homme sur la femme, c’est inimaginable qu’une fille vous apprenne quoi que ce soit : c’est elle qui écoute ce que vous dites, même si c’est pour dire les pires stupidités.
Pauline vit un changement radical de milieu sexuel et c’est déjà un certain problème à l’adolescence, mais ici c’est aussi un changement de milieu culturel… et dans le milieu culturel de ses nouveaux camarades, une fille est inférieure. Voilà pourquoi il y a un gros problème, qui la frappe tant.
Je pense que s’ils disent « arrête de faire la prof » ce n’est pas seulement une question fille/garçon, c’est aussi une question de milieu social. Je m’y connais peu, et je vais peut-être tomber à pieds joins dans un énorme stéréotype, mais il me semble quand même que le milieu socio-économique d’élèves d’une institution catho est plutôt dans les classes moyenne-supérieures et supérieures et que les classes socio-économiques d’un bac pro sont plus basses. Après bien sûr vient aussi la manière dont on éduque les filles et les garçons, les filles sont censées être plus studieuses… et vient enfin le contexte, seule fille dans une classe de garçon c’est l’élément perturbateur. Cependant je pense que c’est avant tout une question de milieu social et d’éducation plutôt que de fille/garçon.