Manuel ou intellectuel pourquoi choisir ?
Comme à tous les ados, on m’a demandé un jour de faire un choix d’orientation. Celui qui se résume à savoir ce que je veux faire de ma vie. Pour m’aider à prendre cette décision on m’a souvent posé une question : « Tu es plutôt manuel ou intellectuel ? ». La première fois, que j’ai entendu ça, c’était quand j’ai demandé à redoubler, en Quatrième. Je trouve cette question absurde !
La plupart des jeunes répondront intellectuel, car ils ne veulent pas risquer d’être mis dans la case « gros bras sans cerveau ». Depuis notre plus jeune âge, on évolue dans un milieu scolaire basé sur des travaux intellectuels. Et non pas manuels. Souvent, le travail manuel se résume à une heure par semaine d’arts plastiques et avec un prof qui parle « histoire de l’art » plutôt que « faire de l’art ».
Moi, j’ai préféré répondre « manuel », suivre ma passion pour la création et le travail du bois en quittant donc la voie intellectuelle, idéalisée par tout le monde. Quitte à passer aux yeux de certains pour « un gros bras sans cerveau ».
Certains ont arrêté de me parler du jour au lendemain
Mon avantage c’est que ma famille m’a beaucoup soutenu dans mon projet. Mes parents sont tous les deux issus de filières professionnelles et ça ne les a jamais empêchés de réussir dans la vie ! Alors j’ai voulu être comme eux, faire ce que j’aime et être heureux. En commençant une orientation en filière bac pro menuiserie au lycée Saint-Nicolas, à Paris, cette année, j’ai eu quelques surprises, des bonnes mais aussi des mauvaises…
Certains regards ont changé, des phrases et des lapsus de certains de mes anciens camarades m’ont inquiété. Le mois dernier, en passant devant mon ancienne école à Meudon, des amis m’ont demandé pourquoi j’avais arrêté l’école ? Sérieusement ? « Arrêté l’école » ?! Après avoir tenté pendant vingt minutes de leur faire comprendre que je n’avais en aucun cas « arrêté l’école », j’ai tenté de leur expliquer ce que je faisais. Sans réaction de leur part si ce n’est des yeux levés au ciel et des « oui, bon, c’est presque pareil », j’ai préféré leur dire que c’était pour ne plus voir leurs têtes d’abrutis bloqués dans leur monde et aveugles à ce qui les entoure.
Depuis, on ne se parle plus. D’autres amis ont carrément arrêté de me parler du jour au lendemain, sans raison particulière. Je ne dois plus être assez intellectuel pour les fréquenter.
Je suis un « manulectuel »
Malgré tout, je le vis bien. Tout ça reste futile, car j’ai fait un choix : mon choix ! J’ai choisi d’être les deux, un « manulectuel », une sorte d’ambidextre du parcours scolaire. Car avant de faire un meuble, j’aurai toujours besoin de créer un plan et pour cela, être manuel ne suffit pas.
Après un bac pro, Yamine voulait tenter la fac. Corps enseignant, conseillère d’orientation : ils lui ont tous dit que ce n’était pas fait pour lui. Il a choisi la fac.
Alors certes, ça ne plaît pas à tout le monde, mais ce n’est pas grave, car cette position me convient parfaitement. Depuis cette décision d’orientation, je n’ai jamais eu de regrets. J’ai rencontré des gens vrais, qui me comprennent et qui ne sont pas coincés dans le cocon que la filière générale peut apporter. J’aime les gens avec qui je travaille, j’aime ce que je fais, je vais au lycée en courant et je repars en marchant, je suis heureux ! Et ça, ça n’a pas de prix.
Lucas, 16 ans, lycéen, Meudon-la-forêt
Crédit photo Adobe Stock // © Syda Productions
Je suis sidérée par les réactions que vous décrivez. Je suis pourtant du côté dit des intellectuels. Ridicule. Ces métiers demandent beaucoup d’intelligence. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent ces ignorants. La menuiserie est un très beau métier. Bravo !!!
Bravo !
J’ai un parcours « manulectuel » aussi: cuisinier pendant 8 ans ensuite informatique (cyber sécurité) depuis 13 ans. Je suis tombé sur cette page par ce que je veux revenir à un métier manuel. Varions les plaisirs ! :-))