Alice G. D. 21/07/2018

Mon choix religieux creuse un fossé entre ma mère et moi

tags :

Je veux me convertir à l’islam. Mais ma grand-mère et ma mère s'y opposent.

Je n’ai pas de religion de naissance. Ma mère n’est pas croyante. Mais il y a quelques mois, j’ai pensé à me convertir à l’islam. Plutôt que « convertir », j’utilise le mot « devenir ». En fait, c’est simplement que l’islam m’attire, sans trop savoir pourquoi. Je me suis renseignée sur cette religion et je me suis mise à réellement l’aimer et surtout à croire. Quand je dis croire, je ne veux pas vraiment dire croire en Dieu, je pense que j’y ai toujours cru. Même si je ne lui donnais aucun nom.

À ce moment-là, ma grand-mère est venue chez nous pour quelques semaines, et j’ai décidé un jour de lui annoncer. La première chose qu’elle m’a dite c’est que je la choquais. Je voyais qu’elle ne digérait pas bien la nouvelle, comme si j’avais fait quelque chose de mal. Elle m’a dit que c’était n’importe quoi. Je lui ai demandé de ne rien dire à ma mère, car je voulais lui en parler le soir même.

Amy, elle, a reçu plus de soutien que de rejet ! Ce sont ses amies qui lui ont fait découvrir sa foi même si sa mère n’adhère pas. « J’ai choisi la religion de mon père grâce à mes copines du collège ».

C’était une décision difficile car je savais qu’elle n’allait pas bien réagir. Evidemment, elle a été choquée elle aussi. Je savais qu’elle avait souffert durant son enfance car son père, musulman, ne lui avait peut-être pas « appris » l’islam de la bonne manière. Je ne pouvais donc pas m’attendre à ce qu’elle soit heureuse de cette nouvelle. Depuis ce jour, j’ai essayé d’en reparler mais vu leurs réactions, je préfère ne plus rien dire. Je ne pense pas qu’elle soit réellement inquiète, parce qu’elle me connaît et elle sait que je fais attention à ce que je regarde, et ce que je lis.

J’emprunte parfois des livres sur l’islam à la bibliothèque, mais je suis obligée de me cacher pour les lire. Je ne peux pas dire réellement ce que je pense sur certaines choses, et à ce niveau-là, je ne me sens pas libre. J’aimerais que ma mère et ma grand-mère acceptent mon choix.  Ma mère m’a dit que je lui gâchais la vie… Maintenant ça ne me fait plus de peine, je me dis que quand je ne vivrai plus chez elle je pourrais enfin être moi-même.

 

Alice, 14 ans, collégienne, Paris

Crédit photo Flickr // CC  Matthew Fearnley

Partager

Commenter