En Erasmus, j’ai appris à gérer mon stress
Le changement s’est ressenti dès la sortie de l’avion. Dépaysement. Plus de repères. Il était 19h et nous étions à Bologne, en Italie. Nous sommes partis chez le logeur à bord de voitures de location. Une fois arrivés, ce fut la découverte du logement, avec une déception par rapport au matériel mis à notre disposition. Une chambre avec des vieux lits, un carrelage très ancien et froid. La soirée a commencé et nous avons beaucoup rigolé. Nous étions six amis lycéens français à pouvoir raconter des délires. Arrivé au coucher, j’ai dormi paisiblement, fatigué par le vol et la découverte de mon nouvel environnement pour les trois semaines à venir.
Le réveil fut plus compliqué : la boule au ventre de ne pas connaître l’endroit où j’allais travailler, mais aussi les personnes que j’allais rencontrer. Une très très grande appréhension. Nous sommes partis de chez le logeur en voiture, avec des professeurs qui nous accompagnaient pour le premier jour. Nous avons déposé mon pote Dylan à son entreprise. J’étais le suivant. Je stressais de plus en plus à l’idée de ce que j’allais découvrir.
Je ne comprenais rien, j’en tremblais
On est arrivés et j’ai découvert un tout petit garage de deux employés plus la secrétaire. Ils se nommaient Matteo, Marko et Valentina. Ils avaient l’air de personnes très gentilles qui racontent toujours des bêtises pour rigoler, mais… je ne comprenais pas un mot. Dès le début, je n’ai absolument rien compris. J’avais l’impression d’être un poids pour eux. Eux non plus ne comprenaient pas. Ils parlaient deux ou trois mots d’anglais et ne pouvaient donc pas m’aider.
Le midi : soulagement, nous nous sommes retrouvés à trois amis. Le français faisait du bien aux oreilles. Mais mon stress savait que j’allais y retourner. Que j’allais à nouveau rien comprendre. L’après-midi est passé tant bien que mal. Le soir, nous sommes rentrés et cela nous a détendus. Mes potes ne comprenaient pas non plus l’Italien, mais ça n’avait pas l’air de leur poser de soucis.
Dimanche dernier, c’était les élections européennes. En Italie, c’est la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite) qui a remporté – haut la main – le scrutin.
Au réveil, le mardi matin, tout allait bien. On a commencé par tous les six rater le bus qui nous emmenait aux entreprises. Le stress a commencé. Une fois arrivé à l’entreprise, il est monté d’un gros cran. J’en tremblais. Je ne comprenais à nouveau rien. J’étais le seul à parler français. J’avais peur que les gens se moquent de moi. Je ressentais un sentiment d’abandon et je ne pouvais rien faire. Je me suis écarté du garage et j’ai été prendre l’air pour respirer. Matteo, l’un des mécaniciens, est venu me voir. Je lui ai dit en anglais que ça n’allait pas. Je ne pouvais rien dire de plus. Il m’a demandé si je voulais rentrer pour me reposer. J’ai accepté et je suis parti avec les professeurs que le garage avait prévenus et qui étaient venus me chercher. Ils m’ont dit de me reposer et que ça irait mieux le lendemain. J’ai passé ma journée au lit, tracassé, à me demander comment je pourrais aller mieux et réussir à me sentir bien dans le garage. La journée est passée entre sommeil et réflexion. Je voulais comprendre d’où venait mon stress. Mais je n’ai pas trouvé.
Ce que je fais en Erasmus, je le fais pour moi
Le mercredi matin, j’ai abordé la journée beaucoup plus tranquillement, je savais que les professeurs allaient venir avec moi. Ils m’ont accompagné pour discuter avec les mécaniciens et leur expliquer mon problème, pour voir ce qu’on pouvait faire. Les mécaniciens ont dit qu’ils ne savaient pas vraiment comment m’aider. Ils étaient perdus comme moi en fait ! Alors, au final, on a accepté l’idée de mal se comprendre. Et on s’est super bien entendus. Ils racontaient des bêtises pour rigoler, mais ils m’expliquaient aussi des termes techniques en italien. Et moi, je faisais la même chose en français.
Comme 18 000 autres lycéens et apprentis en 2018, Andreia est partie en Erasmus dans le cadre de sa formation pro. En Irlande, elle a été stagiaire dans un salon de coiffure. De quoi confirmer sa vocation professionnelle et adopter au passage la culture irlandaise ! Vivre à l’étranger en Erasmus, ça décoiffe !
Ce voyage m’a appris à prendre sur moi, à réfléchir et gérer mon stress efficacement. J’essaie de moins paniquer, de moins me mettre la pression, de me dire que je fais les choses pour le plaisir et pas pour prouver quelque chose. Ce que je fais, je le fais pour moi. Et quand il y a des soucis, je me dis qu’il faut en rigoler. C’est difficile, parce que je suis plutôt du genre à stresser pour la moindre petite chose, à me bloquer. Mais depuis ce voyage, je me ferme moins, j’arrive à rester plus ouvert et j’accepte mon stress.
Maxime, 18 ans, lycéen, Nantes
Crédit photo Pexels / CC Kevin Valerio // Flickr / CC Håkan Dahlström