Dyslexique, c’est après les études que j’ai capté ce que je valais
« C’est impossible. » Toute mon enfance on m’a répété ces mots : c’est impossible que tu réussisses tes études, impossible que tu réussisses à être heureuse, impossible que tu aies la vie que tu souhaites, que tu réalises ton rêve de vivre à l’étranger. Parce que je suis dyslexique.
J’ai très longtemps écouté ces mots, au point d’arrêter complètement l’anglais. J’allais dans cette matière en touriste. Je n’avais pas de contrôle, pas de questions orales, pas besoin de copier le cours et ça, pendant tout le collège. J’ai souvent été rabaissée, on ne croyait pas en moi. Enfant, il est difficile de se rendre compte que ce que les grandes personnes disent (et même des personnes très proches) n’est pas forcément vrai. Mais j’ai eu la chance d’avoir une maman très présente pour moi, qui m’a toujours soutenue et n’a jamais baissé les bras. Elle prenait des heures entières pour m’expliquer. Contrairement à mon père. Il était dyslexique aussi. Je pense que ça lui faisait peur et il m’a transmis sa peur et sa colère. Lui, on ne l’avait jamais aidé, il ne comprenait pas pourquoi on devait m’aider moi. Pourquoi je serais différente et pourquoi je pourrais avoir un petit bout de lumière.
Ma maman et moi avons toujours cru les profs quand ils proposaient des solutions pour « m’aider », puisque sur le moment, arrêter l’anglais a été un réel soulagement pour moi. Il y avait une telle méconnaissance de la dyslexie, les profs étaient souvent largués. Et puis un jour, j’ai réussi à me prouver à moi-même que je pouvais réussir.
Avec ma dyslexie, j’ai développé des forces
J’aime le contact avec les clients, j’ai besoin de bouger, et j’aime pouvoir donner le sourire aux gens. J’ai donc choisi d’être esthéticienne. Et j’ai réussi mes études ! J’ai pris confiance en moi, petit à petit, lors de mes années en CAP esthétique, en me rendant compte que pendant mes cours de pratique, je ne faisais pas partie des derniers de la classe. J’ai également découvert qu’avec ma dyslexie, j’avais développé des forces : j’apprends et je comprends plus vite que les autres. Et c’est en prenant confiance que ma plus grande faiblesse est devenue ma plus grande force.
Tim Cadnez est youtubeur mais aussi dyslexique ! Il a eu son bac malgré ses troubles et le raconte, en vidéo !
On me fait encore des réflexions dès que j’écris en français. Je suis obligée de prévenir, sinon, les personnes me le font remarquer. Mais toutes ces réflexions du style « De toute façon, n’essaye pas, on sait que tu ne réussiras pas » n’existent plus, puisque j’ai déjà réussi à me faire une place. J’ai participé au concours du meilleur apprenti de France et j’ai été médaillée d’or au niveau régional, à 17 ans. J’ai ensuite participé aux Olympiades des métiers, qui est sans doute l’expérience la plus enrichissante de ma vie, et j’ai fini médaillée d’or au niveau régional à 18 ans, puis j’ai reçu la médaille d’excellence aux finales nationales à 19 ans. À partir de ce moment-là, je me suis dit : « Si je suis capable de toutes ces choses qui m’étaient impossible, pourquoi je ne serais pas capable de parler anglais et de vivre à l’étranger ? »
Je suis devenue « insatiable », j’ai besoin d’apprendre
Je me suis lancée dans l’aventure Erasmus+, qui permet d’avoir une expérience professionnelle à l’étranger. Même sans avoir un bon niveau d’anglais. En trois semaines, j’ai trouvé mon stage, les bourses, mon logement, tous les papiers étaient faits ! Je suis partie le 15 janvier 2019.
Je suis partie seule à Malte, sans parler aucun mot d’anglais. Je ne comprenais rien, mais j’étais pleine d’espoir et de volonté. La première difficulté que j’ai rencontrée, ça a été lors du rendez-vous pour l’appartement. On m’expliquait tout en anglais bien évidemment, je n’avais pas le choix, il fallait que je comprenne, ou que j’essaye au moins. J’ai plus ou moins réussi, avec les gestes du propriétaire, les expressions de son visage. Mes premiers jours au boulot (en stage dans un des spas les plus luxueux du monde) ont été compliqués. J’ai eu la chance d’être avec une Française qui était là depuis quelques mois déjà et qui a pu m’expliquer en français les différentes techniques. C’est ce qui m’a permis de progresser plus vite ! Même si la réelle progression, je l’ai ressentie quand elle est partie. Je n’avais plus personne avec qui parler en français. Les premiers soirs, je rentrais avec des énormes migraines parce que cela me demandait énormément de concentration pour comprendre, à l’affût du moindre geste qui pourrait m’aider.
Aujourd’hui, six mois après mon arrivée à Malte, je suis toujours aussi heureuse de la vie que je mène. Je me débrouille en anglais. On me comprend et je comprends. Petit à petit, en entendant les autres parler anglais, en étant curieuse, en posant des questions et surtout, en ayant pas peur de parler, de faire des erreurs, j’ai appris. Tous les jours, j’apprends encore de nouveaux mots, je rencontre des choses que je ne comprends pas, mais je ne relâche pas mes efforts. Je continue, j’apprends.
Dyslexique, on peut faire des études, même après le bac ? Megg a tout fait pour : « Dyslexique, je me suis battue pour arriver en troisième année de lettres »
J’ai été embauchée pour travailler cet été à Malte, dans le même spa. Je pense être devenue « insatiable ». J’ai besoin d’apprendre, je ne peux pas me contenter de ce que je sais quand on voit tout ce qu’il y a à prendre. Toutes les cultures différentes. Mais maintenant, j’ai compris que rien n’est impossible. Quand on veut on peut.
Jai toujours voulue etre comme tout le monde mais maintenant je l’aime ma dislexie et pour rien au monde je voudrai quelle mabandone. Haujourdhui je suis devenue forte ! On me dit souvent que lune de mes qualiter et la perseverence, je nabandone jamais je sais que mintenen il faut parfoit juste prendre un peu plus de temps pour reussire. Jai aussi une autre vision du monde jai vraiment apris a pensser par moi-même a entendre ce que les persone on a me dire mais a ne pas forcement le prendre en conte. La meuilleur persone qui ses ce qui est bon pour toi cest toi ! Et cest pour cela que haujourduis je vous ecrie sans aucune corection. Parceque ma dislexie ses moi.
Chloé, 19 ans, salariée, Malte
Crédit photo Unsplash // CC Marshal Quast
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » (Mark Twain)
Superbe témoignage !
Continue de te « battre » et d’apprendre, si c’est ce que tu aimes et veux faire. Ne laisse effectivement personne te dire ce dont tu es capable ou non ! Toi seule le sait.