1/4 Notre club de quartier, notre force
On a grandi ensemble. On joue ensemble depuis longtemps. Même avant qu’on joue pour le même club, on se donnait rendez-vous pour jouer sur le terrain en bitume, à l’ancienne. Après, la mairie nous a construit un terrain synthétique à la place. Ça nous a fait plaisir qu’ils fassent ça pour nous. C’est cool de voir qu’ils nous donnent de l’importance. Ils ont compris qu’on avait le foot dans le sang.
L’ASLCV [association sports et loisirs du Chemin Vert, ndlr], à la base c’était un club de futsal. Puis, c’est devenu un club de quartier. Donc un club qui est mal vu. Les autres équipes disent qu’il n’y a que des racailles, les gens qui n’y vivent pas disent qu’on a une mauvaise image. Nous, ça nous donne de la force pendant les matchs. Pour nous, le foot, c’est la base. Le club, c’est là où on trouve le respect et l’entraide.
Notre club avant les autres
Ici, on est tous mélangés pour une seule identité. On a plein d’origines différentes et on manie tous la langue de Molière ! On kiffe se donner des surnoms. Il y a « 4 Keuss » et sa teinture dans les cheveux, « Brooklyn » et sa démarche d’Américain, « Chewing-gum » parce qu’il est lent et élastique, « Sadek » qui ressemble au rappeur, « Boudeur » parce qu’il est toujours triste après une défaite, « Taureau » parce qu’il fonce partout, ou encore « BDS », « Voldemort », « Dormeur », « Le daron »… En vrai, ce n’est pas une équipe de foot, c’est un épisode des Avengers !
SÉRIE 2/4 – Dans leur cité, Ahmed et ses potes n’ont jamais trouvé le lieu idéal pour jouer. Une enfance le ballon au pied, entre vadrouille et débrouille.
Les tournois au city stade, c’est le feu. Il y a un barbecue, de la musique, tout le monde est autour du terrain. C’est comme une fête de quartier sauf qu’on joue au foot. Enfin, nous, on ne joue pas, parce qu’on n’est pas encore des Grands. On est moyens. Mais c’est bien quand même parce qu’on regarde les Grands jouer. On prend exemple sur eux, on sait quel chemin suivre quand ce sera notre tour. Par exemple, il y a Toura. Très fort joueur, technique et athlétique. Il mettait « le feu » au city stade. Il a été à Malherbe après.
Malherbe, c’est le club de la ville de Caen. Mais ce n’est pas notre club à nous. On est tous supporters de clubs différents. Paris, Barcelone, Real… Ici, personne n’est supporter de Caen (sauf Magatte). Mais le club qu’on supportera toute la vie, c’est le club du quartier.
Texte collectif de l’équipe des 14-17 ans de l’ASLCV, Caen
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_)
Boycott du « Mondial de la honte »
De nombreuses et nombreux supporters et fans de foot envisagent de ne pas suivre cette Coupe du monde 2022.
– Paris, Rennes, Marseille et une vingtaine de villes ont décidé de ne pas retransmettre les matchs sur écran géant.
– les footballeurs du Danemark joueront avec des maillots noirs aux logos atténués pour ne pas « être visibles pendant un tournoi qui a coûté la vie à des milliers de personnes ».
– ceux de l’équipe de France ont promis, à la veille de leur départ au Qatar, de « soutenir des ONG qui œuvrent pour la protection des droits humains. »
Rarement une édition du Mondial n’aura été aussi critiquée, secouée par de graves scandales politiques, humanitaires et écologiques.
Boycotter, pour quoi faire ?
Le boycott d’évènements sportifs n’est pas nouveau. Mais est-ce que ça sert à quelque chose ? Si c’est un mode d’action symbolique récurrent, il n’est pas le seul.
Participer à la Coupe du monde (ou la regarder) ne signifie pas pour autant cautionner. On peut aussi faire passer un message une fois sur le terrain. En 2016, le joueur de football américain Colin Kaepernick a refusé de se lever pour l’hymne : un geste symbolique pour dénoncer les violences policières à l’encontre de la communauté noire.
L’ONG Amnesty International a d’ailleurs demandé aux Bleus de se servir de leur célébrité pendant ce Mondial pour prendre la parole publiquement. Et de ramener une troisième étoile pour continuer à nous faire rêver.