Bac 2020 : l’épreuve du déconfinement
Toutes les épreuves du bac 2020 seront validées par les notes obtenues durant les deux premiers trimestres et le troisième, s’il y en a un. Quand j’ai entendu ça, j’ai d’abord sauté de joie. Ça signifiait pas de grosses révisions, pas d’épreuves. Fin bref, j’étais déjà en vacances dans ma tête.
Puis, je me suis rappelée que j’étais loin d’être une excellente élève de terminale S. Je me suis empressée de faire ma moyenne. Coup de chance, j’ai 10,10 donc pour l’instant j’ai mon bac. J’ai tout de suite pensé à certains de mes potes qui on eu 8/9 toute l’année : « Bah merde, ils auront probablement pas les moyens de se rattraper. » Au bac, normalement, la plupart des élèves obtiennent deux voire même trois points supplémentaires sur leur note globale. Là, la seule chance de se rattraper c’est le troisième trimestre… S’il y en a un, je pense que ça tournera à mon désavantage. J’ai peur de le foirer et de devoir faire des rattrapages, ou même de redoubler.
On avait dit quoi ? Bienveillance ?
Rappelons quelques consignes de Blanquer : les notes obtenues pendant le confinement ne compteront pas (inégalités des conditions de travail) ; les cours continueront jusqu’à juillet afin de finir les programmes et donc maintenir un certain niveau d’élève ; les mots d’ordre : bienveillance et égalité.
Le problème dans tout ça, c’est que ça marche que sur le papier. Dans la classe d’un de mes potes, ses profs ont dit qu’ils allaient prendre en compte les notes de confinement, et c’est loin d’être un cas isolé.
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Dans ma classe, mes profs de physique et maths (leurs matières sont au minimum coeff. 6 et 7) nous ont fait découvrir de nouveaux chapitres pendant le confinement, sans cours visuels, seulement avec des feuilles de cours et des exos. Quand tu es, de base, un élève avec des facilités, comprendre sans cours classiques, c’est faisable.
Mais moi, j’ai passé des heures sur ces nouvelles notions. D’abord avec le cours de mes profs, puis en allant sur internet. Mais rien à faire… je pige rien. J’ai tellement de questions à propos de ces chapitres que je ne sais même pas laquelle poser en premier. Le problème, c’est que ces mêmes profs comptent nous évaluer sur ces nouveaux chapitres dès la rentrée, voire même nous faire des bacs blancs. Les notes obtenues seront probablement décisives pour l’obtention du bac ou d’une mention. On avait dit quoi ? Bienveillance ?
Tandis que dans mon lycée les profs prévoient contrôles sur contrôles, certains jouent réellement la carte de la bienveillance. Un autre lycée de ma ville prévoit en priorité de faire des cours, puis des contrôles normaux. Donc l’égalité c’est pas trop ça.
Le déconfinement, maintenant ça m’inquiète
J’espère que les profs reviendront sur les notions vues pendant le confinement à la rentrée, qu’on acquiert réellement toutes les notions de l’année. Parce que le travail pendant le confinement est loin d’être aussi productif que celui en cours habituel. En fait, c’est beaucoup moins fluide.
Je me souviens m’être mise sur un travail d’anglais où je ne saisissais pas le sens d’un texte. J’ai donc posé la question à ma prof qui n’a pu me répondre que le lendemain. C’est peut-être qu’un petit truc mais n’empêche que ça démotive. Je me disais jamais : « Tiens, je vais faire aujourd’hui mon exercice de maths en entier. » Parce que je savais que ça allait s’étaler sur plusieurs jours, le temps d’avoir des réponses à mes questions.
J’ai plus du tout de motivation, j’ai bossé les quatre premières semaines, mais là je ne sais même pas pourquoi bosser. Mon moral est complètement niqué. Avant, je voyais le déconfinement comme quelque chose de formidable, maintenant ça m’inquiète. Et j’ai juste peur que nous, les élèves, passions encore une fois pour des fainéants cherchant n’importe quelle excuse pour ne pas bosser.
Il n’y a pas que le bac 2020 qui inquiète. Jeanne est étudiante en master de droit et, pour elle aussi, le confinement c’est pas de tout repos. Entre cours en lignes foireux et autonomie dans le travail, elle nous a raconté.
Le confinement, ça va faire deux mois que ça dure : deux mois qu’on bosse dans des conditions plus ou moins bonnes, deux mois qu’on voit plus personne et je sens déjà le truc : à la fin, on va devoir taffer encore plus. Mais honnêtement, quand ça va faire deux mois que je n’ai pas vu ma sœur, mon copain, ma grand-mère et même mon père, la dernière chose que je ferai c’est m’enfermer dans ma chambre pour réviser. Et je suis pas sûre qu’on puisse vraiment me le reprocher.
Vénus, 17 ans, lycéenne, Tours
Credit photo Pexels // CC Andrea Piacquadio