Étudiant étranger : sans papiers malgré moi
Fin octobre, mon travail m’a licencié. Les APL de la CAF, je ne les touche plus. Je suis dans une résidence universitaire Crous où je paie 249 euros par mois. Avec la CAF, je ne payais que 61 euros. Donc j’arrivais à subvenir à mes besoins. Mais là, je suis dans l’obligation de payer tout mon loyer alors que je n’ai plus de salaire, que je ne bénéficie de plus rien du tout. Tout ça parce que je suis un étudiant étranger et que je n’ai plus de titre de séjour.
Avant le confinement, on devait prendre rendez-vous sur le site de la préfecture deux à trois mois avant expiration pour renouveler notre titre de séjour. On n’a pas été informés que la procédure avait changé : il fallait dorénavant envoyer les papiers par courrier. On l’a appris par le bouche à oreille. Le mien a expiré le 27 juillet.
J’ai entamé la procédure un mois avant et, deux ou trois semaines après ma demande, j’ai reçu un SMS de la préfecture me disant qu’un récépissé était disponible, avec lequel je pouvais circuler, travailler et faire tout ce que je pouvais faire avant. En attendant le titre de séjour, pour justement ne pas être pénalisé. J’ai reçu un récépissé valable pour trois mois, qui expirait le 20 octobre. J’ai travaillé avec, fait toutes mes démarches avec, et il a expiré. Et je n’ai pas reçu de titre de séjour. Depuis, je survis.
La préfecture m’a raccroché au nez
Je suis un étudiant ivoirien en communication des organisations et stratégies numériques au sein de l’université Côte d’Azur de Nice. Je ne sais plus à quel saint me vouer parce qu’aucune communication n’est faite, on ne nous dit pas comment il faut s’y prendre pour le renouvellement de titre de séjour. Je me suis rendu compte, par bouche à oreille, qu’on devait faire un renouvellement du récépissé, et qu’il y avait un lien pour ça. C’est incroyable ! On fait la demande du titre de séjour depuis le mois de juin et on doit encore faire une demande de récépissé ? C’est un secret gardé de Dieu.
Sauf que, lorsque mon récépissé a expiré, mon travail m’a mis au chômage. Je travaillais en CDI depuis le 3 décembre 2019 dans le fast-food Five Guys à côté de mes études. La suspension a pris effet dès l’expiration, le 20 octobre. Avant ça, j’avais reçu un mail me disant que je n’avais plus le droit de m’y rendre et le 21 octobre, j’ai reçu un courrier : je n’allais pas recevoir de salaire, je n’allais pas être payé si, dans les sept jours à venir, je ne leur procurai pas mon titre de séjour ou un récépissé.
Nassaire est loin d’être le seul dans cette situation. La dématérialisation des demandes de titres de séjour a plongé beaucoup d’étudiant.e.s étranger.e.s dans la précarité. TV5Monde a donné la parole à Dimingua Warigue Ndiaye, étudiante étrangère et initiatrice du hashtag #etrangersejour sur Twitter.
J’ai fait une demande de renouvellement le 23 octobre. Nous sommes le 16 novembre et je n’ai toujours pas de retour. J’ai appelé la préfecture : on m’a raccroché au nez. J’ai insisté et on a décroché pour me dire qu’on ne pouvait pas m’aider, que la procédure suivait son cours. J’ai fait un mail, je n’ai pas eu de retour. Je leur ai envoyé un courrier avec la lettre de mon travail disant que si je n’envoyais pas mon récépissé dans les sept jours, j’allais être viré. Toujours pas de retour.
Je suis dans une grande impasse
J’arrive encore à… survivre, parce que j’ai fait des économies qui bientôt seront épuisées (que, de base, je n’avais pas faites pour ça). Ce que j’ai en réserve ne me permettra pas de payer mon loyer et en même temps d’avoir de quoi manger, de quoi subvenir à mes besoins au quotidien, j’ai aussi ma facture de téléphone à payer… Je serai vraiment obligé de faire des sacrifices, donc de gérer le minimum que j’ai en ce moment pour mes besoins les plus essentiels. Je réfléchis à où je vais pouvoir le trouver, parce que je n’ai pas d’autre source de revenus que mon travail. Je suis en quelque sorte un sans-papier qui ne peut rien faire tant qu’il n’a pas de titre de séjour. Je suis dans une grande impasse, comme des milliers d’étudiants étrangers.
Je ne sais pas quand mon titre de séjour sera disponible. J’ai fait toutes les démarches, tous les recours que je pouvais : appels téléphoniques, mails, courriers, tous adressés à la préfecture mais, pas de retour. Une chose est sûre, c’est que je n’aurai pas d’argent. J’essaie de profiter des aides de ça et là. Comme on est dans une résidence Crous, on essaie de bénéficier de la nourriture qu’on apporte. Les Restos du Cœur apportent de quoi manger et des produits de première nécessité. Il n’y a pas de mesures spécifiques pour les étudiants étrangers, c’est pour tous les étudiants par rapport à la crise sanitaire. Je reste aussi en lien avec l’assistante sociale.
Faire ses études à l’étranger a un coût non négligeable. En arrivant en France, Samaa a découvert l’autonomie et les problèmes d’argent et de boulot étudiant.
Heureusement, en ce moment, je suis mes cours en distanciel. Sinon il faudrait payer mon titre de transport qui expire dans pas longtemps. Et je n’aurais pas l’argent pour renouveler ça. Donc aucun déplacement pour le moment.
Je vis au jour le jour mais ça va durer combien de temps encore ?
Nassaire Kharann, 25 ans, étudiant, Nice
Crédit photo Pexels // CC Vlada Kapovich
Pourquoi tant de méchanceté, qu’ils prennent la peine d écouter et de permettre aux étudiants de bénéficier de leur titre de séjour le plus rapidement possible. C est vraiment pathétique
Une chose est sure , les étudiants étrangers souffrent et nous sommes confrontés à plusieurs problèmes …
Déjà la difficulté loin des parents, la culture, l’environnement on essaie de s’adapter et en plus cela si on doit vivre dans un pays sans papier et coupé des aides .comment survivre ?
On essaie juste de nous faire comprendre que tout ira bien et nous faisons l’effort de pallier à touteS difficultés mais rien ne
Change jusqu’à présent.
Un fait , une réalité aucune solution. Les étudiants étrangers sont dans une situation infernale.
Vraiment yako à toi , c’est God qui nous sauve ici sinon c’est pas affaire , trop de chose. Il n’y a pas un bureau ou un endroit où se plaindre pour que ça change ?
Pourquoi ils font ça au juste vivement que ça change…même s’il faut que tout les étudiants étrangers fassent une marche pacifique pour cela. C’est abusé franchement trop de manque de respect pufff. Soutient on est tous avec toi, c’est notre combat à toutes et à tous du courage
Cette situation est vraiment pénible et infernale !!!