VIDÉO – Adopté transracial, blanc jusqu’à 18 ans
Je suis adopté transracial. J’ai été adopté par deux parents blancs. Il a fallu que j’arrive au lycée pour qu’il y ait un cheminement qui se fasse, sur le racisme, et ensuite sur l’adoption. On était trois, quatre personnes non-blanches à tout casser au collège.
Je ne me voyais pas comme une personne non-blanche, parce que j’avais comme but de m’intégrer. En primaire et maternelle, j’avais subi des moqueries de la part de mes camarades : faire les yeux bridés ou quand on mangeait du riz à l’école, tout de suite, on me regardait… Je n’avais pas conscience que c’était du racisme et j’optais pour cette option : rire avec eux, toujours dans cette optique d’intégration.
Je ne réalisais pas l’impact que ça avait sur moi à l’époque, même encore maintenant. Et toute sa signification et sa dimension politique. Les réseaux sociaux ont joué un grand rôle. Sur Twitter, j’ai pu suivre, échanger et faire connaissance avec des communautés asiatiques.
Il y a un évènement à Paris qui a marqué ce tournant. C’était une soirée en non-mixité, avec des personnes non-blanches et des personnes queer. Ça a été une révélation, parce que c’était la première fois que j’étais, pendant toute une soirée, entouré de personnes juste non-blanches. C’est là que je me suis dit que c’était vraiment important, voire nécessaire, de m’entourer de personnes qui me ressemblent.
Je me suis rendu compte de l’impact que ça avait eu sur la construction de moi-même. Surtout physique. Je ne me trouvais pas beau car je n’étais pas blanc. J’ai longtemps été attiré que par des personnes blanches, car c’était pour moi le seul et unique standard de beauté.
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À partir du moment où j’ai commencé à graviter autour de cercles militants, en manif, quand je travaillais en restauration rapide où j’étais entouré majoritairement de personnes non-blanches, c’est là où j’ai vraiment créé mon noyau amical et militant.
Jean-Victor, 22 ans, étudiant, Paris
Musique : Kiala Ogawa // Réalisation : Elliot Clarke // © ZEP