Décrochage : le Covid m’a rendu malade des cours
Tout a commencé à la mi-mars 2020. Tout le monde entier a été frappé par ce virus qui a causé le début du calvaire de certains. Le début du confinement se passait bien. J’étais chez ma tante à deux heures de chez moi, j’étais tellement contente de faire une pause sur l’école. Mais au fil du temps, ça a commencé à devenir vraiment étouffant. Rester à la maison sans sortir, ne plus pouvoir voir mes amis, ne plus pouvoir manger entre amis sur place, etc. Ça devenait tellement étouffant que pour une fois j’étais vraiment pressée de rentrer chez moi et d’aller en cours de 8 heures à 18 heures s’il le fallait.
Au bout d’une à deux semaines passées chez ma tante, je ne pouvais tellement plus rester enfermée, surtout avec ma cousine qui a un an de plus que moi, dans la même chambre, dans le même lit, que j’ai pris mes affaires et je suis rentrée chez moi, quitte à me faire contrôler. J’étais à la fois contente de rentrer chez moi et de voir ma maman, et saoulée parce que j’allais toujours rester enfermée.
À force, j’ai lâché prise
Côté études, j’ai eu du mal à me mettre à suivre les cours en visio. Et les devoirs, je ne les faisais pas du tout. Quand je suis enfin rentrée chez moi, j’ai décidé de m’y remettre. Et certains de mes cours et devoirs arrivaient par la poste. Mais je ne comprenais pas ce que je devais faire. À chaque fois que je demandais, par mail, ce qu’il fallait faire, c’était tout le temps la même réponse : « On vous enverra les devoirs, quand tout sera ok ». À force, j’ai lâché prise, j’ai complètement coupé contact avec l’école, les profs, les sites de l’école.
À la place, je passais mes journées à dormir toute la journée jusqu’à en avoir mal au dos. Après plus de deux semaines de cours, j’ai reçu dans la boîte aux lettres une grande enveloppe venant de mon collège, avec une tonne de feuilles de devoirs de chaque prof. Je me suis mise au travail le jour-même, et j’ai compris que ce n’était pas si facile que ça. Il y avait des délais assez courts pour les rendre. J’ai commencé par les plus faciles pour terminer par les plus difficiles ou par les devoirs avec un délai plus proche. Tout ça m’a pris des semaines et des semaines.
Au bord de la dépression
Au début, ma mère ne me croyait pas que j’avais des difficultés à suivre, elle pensait que je ne voulais tout simplement pas travailler. Je lui ai fait comprendre que ce n’était pas ce qu’elle pensait. Par exemple, je pouvais passer une heure sur la première question d’un exercice.
Dans les moments les plus difficiles, j’ai fait comprendre à ma mère que je n’allais jamais y arriver, au fur et à mesure j’ai arrêté de suivre les cours en visio, de travailler, de faire mes devoirs…etc. À ce moment de mon relâchement, j’étais au bord de la dépression. Non seulement tu restes enfermée pendant des jours, et en plus tu as le poids des cours… Tout ça, c’était très compliqué pour moi.
Ma mère, elle en avait presque marre parce que je dormais tout le temps, je passais mon temps à manger, je me plaignais tout le temps, ça me rendait malade. Par exemple, j’avais tendance à avoir du mal à respirer, j’avais mal partout, j’étais dans ma chambre H24. Elle le comprenait mais ça commençait à devenir lourd pour elle.
« L’essentiel, c’est d’essayer »
En vrai, ce qui me faisait le plus flipper, c’était le diplôme du brevet, j’étais plus stressée pour ça qu’autre chose, déjà que, habituellement, ce n’était pas trop ça en classe. Maintenant qu’il y avait un confinement, c’était devenu encore plus compliqué. J’étais tout le temps en dessous de 10, souvent des 11… Mais pas au-dessus de 12.
Ma mère n’était pas trop sur mes côtes à me demander comment se passaient les cours. Elle savait que ça allait me stresser donc c’est plutôt moi qui lui en parlais. J’ai beaucoup aimé que ma mère me comprenne, pour elle, ça a été « l’essentiel c’est d’essayer ».
Au final, je me suis ramassée un 13 de moyenne, et j’ai eu mon brevet. J’avais beaucoup travaillé et je pensais avoir plus. Mais j’étais sûre d’avoir loupé tellement j’avais abandonné les cours… Je ne l’ai pas appris de moi-même, je n’ai pas cherché à savoir. J’ai appris par une amie que j’avais eu mon brevet, elle m’a envoyé le lien du site pour le vérifier. Je l’ai bel et bien eu, un brevet sans mention. Mais l’essentiel pour moi, c’est de l’avoir eu. J’étais contente pour moi, c’était fini, je n’avais plus à stresser.
Rentrée au lycée
Mes parents étaient contents. On était persuadés que je n’allais jamais avoir mon brevet avec des notes aussi basses, et un comportement pas très classe pour une élève. Pour ma mère, c’est bon, j’étais la fille la plus intelligente de la famille. J’étais la seule personne de toute ma famille qui a eu son diplôme du brevet, et qui n’a jamais redoublé. Pour mon beau-père, il était à moitié-satisfait car j’ai peut-être eu mon brevet, mais je n’ai pas eu ma mention. Et enfin pour mon père, il était super content, c’était la première fois que je le voyais content comme ça par rapport aux études.
Actuellement ça va, je suis rentrée au lycée. J’appréhendais un peu parce que j’étais parmi les grands maintenant et qu’il fallait me refaire des amis. Mais d’un côté, j’étais contente parce que je me mettais en tête que lycée = grande. Niveau notes, contrairement à ce qu’on me disait, j’ai plus augmenté en moyenne au lycée qu’au collège, j’ai commencé sur un 15 de moyenne, ensuite un 14, c’est super bien !
Kady, 16 ans, lycéenne, Noisy le sec
Thank you for your story, Kady. I can relate. My daughter is in the same position here in the United States, finding herself burdened under the thought of remote school. Things continue to be difficult, even though school is now face-to-face, it’s still not « normal. » Maybe that’s okay, but the stress needs to be acknowledged. Thank you for sharing your story.