Agwa 17/11/2021

Dans l’Hexagone, mes trois ans d’études ne valent rien

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Agwa est venu prolonger ses études de géographie en France. Il se rendra vite compte que son diplôme obtenu aux Comores ne compte pas pour le système français. Il raconte sa désillusion.

Je suis franco-comorien et diplômé d’une licence 3 en géographie. J’ai obtenu mon diplôme à l’université des Comores, sur la plus grande île de l’archipel. J’ai étudié pendant trois ans pour obtenir ce diplôme après mon bac littéraire. Mais ici en France, ces études ne valent rien. C’étaient des illusions ces études générales. Ça ne nous envoie pas vers le travail.

Je suis venu ici à cause de la crise du Covid. Je pensais qu’en France je pourrais me soigner, avoir une vie normale : des stages, des formations, des aides, un travail. Mais la France a besoin de gens qui se focalisent sur les choses techniques, la maintenance ou le bâtiment par exemple, mais pas de gens comme moi qui ont passé tout leur temps en classe à faire des rédactions. On n’a pas besoin de professeur. Vu que maintenant je vis dans la réalité, je vais m’orienter vers la fibre optique. C’est un métier d’avenir.

Nos années d’études aux Comores ne comptent pas en France

Je ne peux pas non plus continuer mes études en France. Des jeunes de ma promotion aux Comores sont venus en France comme moi. Quand ils ont voulu s’inscrire à la fac de Rennes, ils sont repartis en deuxième année de licence en géographie ou d’histoire, alors qu’on a déjà fait trois ans aux Comores et eu notre licence ! Au lieu de rentrer en master, comme si nos trois années d’études ne comptaient pas.

Vu que j’ai l’habitude de travailler pendant les vacances, j’ai postulé dans les serres de tomates, dans l’agriculture, et dans l’intérim. Malheureusement, on me répond : « Je n’engage pas les personnes diplômées. » Je me suis inscrit aussi à l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) pour une alternance de conducteur de ligne dans l’agro-alimentaire mais je n’ai pas eu de réponse. J’ai envoyé mon CV à toutes les agences d’intérim de Brest. Je suis allé à Pôle emploi un matin parce que j’avais vu une pub pour passer l’habilitation électrique, mais ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de place.

En ce moment, je me trouve sans rien, ni aide ni travail. Je suis perdu physiquement et moralement. J’avais des illusions. Je pensais qu’en France ma vie allait s’améliorer mais c’est le contraire. Il faut que j’avance : à mon âge, je dois aider un peu les gens qui sont aux Comores.

Agwa, 23 ans, en formation, Brest

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