J’ai adapté mon orientation au jugement familial
« Oui, je veux écrire. » J’aurais voulu être une artiste. Mais, entre ceux qui ne comprennent pas et ceux qui sont loin d’encourager, je ne me sentais pas soutenue dans cette orientation. Mon frère ne comprend pas, mon père voudrait autre chose pour moi et ma mère semble demeurer indifférente.
Me consacrer à ma passion ou suivre un chemin tracé ?
Pourtant, j’en étais sûre, je voulais être écrivaine depuis très tôt. Je lisais tout le temps. J’adorais ça. Après une année de collège, j’ai commencé à lire de moins en moins. Ma mère qui me reprochait avant de « trop lire », m’a alors bassinée de « Tu ne lis plus » incessants. Oui, je ne lis plus. Comment être écrivaine alors que mon amour pour la lecture a presque disparu ? Même si je reste passionnée de lecture à voix haute, je me dis au fond de moi que je n’en ferai pas mon métier. Plus tard, j’écrirai très probablement à côté, mais ça ne sera que pour le plaisir.
Dois-je continuer dans une voie artistique, et en oublier les grandes écoles sur ce parcours « incertain », comme dirait mon père ? Ou bien penser à d’autres alternatives, et laisser de côté l’orientation que j’avais imaginée depuis mon enfance ? En fait, mon père voudrait que je suive le même chemin que lui : une grande école, pour avoir une belle carrière dans le commerce. Après, je pourrais me retirer du monde du travail et enfin me consacrer à ma passion. Dans son cas à lui, c’était la photo. Mon père a eu un parcours glorieux, mais a-t-il vraiment fait ce qu’il voulait ? Je suis loin d’en être convaincue. Travailler pour le salaire, c’est bien la dernière chose qui a du sens pour moi, et c’est pourtant ce qu’il a fait toute sa vie.
Un déclic sur mon orientation
« Tu peux faire tout ce que tu veux, tant que tu es la meilleure dans ce que tu fais »
Une belle phrase, qu’il me répétait et que je garde toujours en tête : comment être la meilleure traductrice ou la meilleure prof ? Aucun traducteur n’est plus reconnu qu’un autre. Leur travail essentiel est simplement souligné par « traduit de… par… » C’est quelques centimètres de papier pour des pages et des pages de persévérance.
Récemment, j’ai eu un déclic sur mon orientation. Après avoir envisagé moult et moult voies professionnelles dont celle d’actrice : « C’est un beau métier pour 14 ans », avait d’ailleurs sorti mon père, cruellement ironique. Sa phrase me reste encore en travers de la gorge, être si peu prise au sérieux alors que l’on a réellement des ambitions…
Le déclic, ça a été quand j’ai lu une fiche métier sur celui d’ambassadrice. Mais j’ai aussitôt déchanté quand j’ai réalisé que l’on ne pouvait prétendre à ce poste qu’après des années en tant que haute fonctionnaire dans la diplomatie française. Peu importait, j’allais essayer d’être diplomate pour espérer y parvenir un jour. Ainsi, pour mon orientation, je pourrais conjuguer mes centres d’intérêts comme les langues, la politique et le droit avec mon goût du voyage… Mes choix de spécialités de première seront LLCE, SES et histoire/géopolitique. Mon père ne souhaitait en effet pas que je suive deux spécialités « littéraires », qu’il qualifiait de « fumeuses ». Je suis déjà un apprentissage très centré sur les langues. Cette année, j’ai pu faire mon propre choix, j’ai commencé l’italien et approfondi l’espagnol en classe européenne. Même si mon père considérait l’italien comme inutile, et l’espagnol qui ne serait pas nécessaire hors d’un cadre scolaire.
Aujourd’hui, je constate que je me suis bien éloignée de mes ambitions de départ, qui m’apparaissaient pourtant évidentes. Et peut-être même que l’avenir m’amènera à regretter ces choix ?
Ambre, 14 ans, lycéenne, Paris