Mon rêve d’être basketteur stoppé par le cancer
Je voulais devenir basketteur pro et jouer dans des grands clubs, en Angleterre ou aux États-Unis. Je m’entraînais tous les jours en bas de chez moi avec des amis, dans un city où il y avait des terrains de foot et, au-dessus, des paniers. J’étais à fond dans ce sport que j’aime, mais j’ai dû arrêter d’en faire à cause de la maladie.
Après être rentré de voyage en Croatie en 2018, j’ai remarqué que ma jambe gauche avait gonflé d’un coup, sans que je ne tombe ou reçoive un choc. Au début, j’ai cru que ça allait partir, mais ma jambe gonflait de plus en plus au fil du temps.
Je suis allé aux urgences avec mes parents, pour savoir pourquoi. J’ai vu des médecins à Necker, jusque fin 2019, mais ils n’arrivaient pas à détecter ce qu’il y avait dans ma jambe. Puis, j’ai été transféré dans un institut spécialisé à Paris.
Je suis arrivé à l’institut Curie un an après mon voyage. J’ai effectué plusieurs examens : scanner, IRM, biopsie… Ils ont découvert que j’étais atteint d’un cancer à la jambe, et que j’allais devoir prendre un traitement spécial. Le jour où j’ai appris ça, je me suis dit que je ne pourrais plus faire de basket, mon sport préféré.
Entre l’institut Curie et le club de basket
Malgré ça, j’ai continué à jouer. Même avec la boule à la jambe, je faisais du sport. À Necker, ils ne m’en avaient pas parlé : j’avais peur de demander aux médecins et qu’ils me disent que je ne pouvais plus jouer. Après avoir découvert ma maladie, j’ai donc continué le sport pendant un an.
De 2018 à 2021, j’étais dans un club à Montrouge : j’y allais trois fois par semaine, après les cours. Comme avant je ne savais pas ce que j’avais et que ce n’était pas aussi gros, je m’étais quand même inscrit. L’idée, c’était de passer pro ensuite. Il y a de bons joueurs dans ce club, et des grands sont passés par là.
J’ai par exemple participé à un championnat semi-pro en Hauts-de-Seine, en division 2. Et j’ai fait une détection, en février 2020, pour jouer au Havre ! Une détection, c’est un examen sportif où les joueurs s’entraînent pendant un délai, surveillés par des recruteurs de club. Si leur niveau est bon, ils peuvent rejoindre une nouvelle équipe.
Dépasser les limites de la maladie
Mes proches ne voulaient pas que je continue à jouer, parce que c’est dangereux si je me blesse : si je me mets à saigner de la jambe, ça saigne beaucoup plus qu’à une autre partie du corps. Je ne pensais pas que ma maladie était aussi grave. Je ne sais pas comment elle est venue ni à quoi elle est liée. Les médecins non plus ne le savent pas.
J’ai plusieurs fois dépassé mes limites en jouant alors que je n’aurais pas dû. En cas de choc à la jambe, j’aurais pu avoir très mal. J’ai quand même continué, car je ne ressentais aucune douleur. C’était dur pour moi d’accepter ma maladie. Mais, à force, j’ai commencé à avoir mal pendant les entraînements.
Je n’ai pas eu les résultats de la détection, vu que j’étais à l’institut Curie. J’ai repris un mois ou deux, et après j’ai arrêté. Ce n’est qu’avec les plaies que j’ai arrêté de faire du sport. Elles sont arrivées en janvier 2021, avec les médicaments. C’était les symptômes : je perdais de la peau au niveau de la jambe, et après ça a saigné.
Je m’essouffle vite maintenant
Aujourd’hui, je ne fais plus de sport, mais je continue mes études. Je suis en alternance en hôtellerie dans un lycée près de Paris, à Thiais. Je suis cuisinier depuis deux ans et demi. La maladie me désavantage dans mon travail, car je ne peux pas rester debout tout le temps. Je peux avoir mal à la jambe et avoir des vertiges pendant les services. Ma formation a été validée par mes médecins et, à l’école, ils m’ont installé un tabouret pour pas que je ne marche trop en cuisine.
À 15 ans, Mounir se découvre un kyste au bras, qui s’avère être une tumeur. Opérations, chimiothérapie, séjours à l’hosto, il a eu le droit à la totale. Aujourd’hui, la guérison lui fait voir la vie autrement.
J’ai mal vécu tout ça, ça m’a rendu triste de ne plus faire de basket. Je souhaiterais reprendre dès que je serai guéri complètement, quand ils pourront m’opérer. Me donner à fond et progresser davantage. Quand j’aurai décidé de reprendre, je préviendrai les médecins. Comme je me suis aperçu que ma maladie était grave, je préfère leur demander pour savoir si je peux continuer à jouer : « Comment reprendre le sport même si j’ai une blessure ? Est-ce que ça pourrait être dangereux ou pas ? »
Je pratique toujours hors club en bas de chez moi, sans trop forcer pour pas que je me blesse à nouveau. Les médecins m’ont conseillé de faire gaffe. Je m’essouffle vite maintenant. Dès que je cours un peu, j’ai des points de côté. Je joue moins longtemps qu’avant et je fais attention, pour ne pas trop me fatiguer. En attendant, je pense au club dans lequel je pourrais jouer.
Léo, 18 ans, en alternance, Arcueil
Crédit photo Pexels // CC Muhammadtaha Ibrahim Ma’aji
Sport et cancer, c’est incompatible ?
Léa Dall’Aglio et Vincent Guerrier sont journalistes. En 2016, Vincent apprend qu’il a un cancer. Il n’a que 23 ans, et il est passionné par le vélo et par la course à pied. Ses médecins lui disent qu’il peut continuer le sport, mais qu’il ne « faut pas s’attendre à courir un marathon ». Un an plus tard, il leur a donné tort. Léa a alors une idée : raconter l’histoire de celles et ceux qui se servent du sport pour combattre la maladie.
Malades de sport, c’est un film documentaire, un livre, une association, ainsi qu’un site internet pour informer sur les bienfaits du sport chez les personnes malades. Depuis six ans, les deux journalistes se battent pour informer au mieux sur le sujet, et pour que les médecins aient enfin le réflexe de prescrire du sport à leurs patient·es.