Je suis (enfin) fier de mon métissage

Ce don, que j’ai parfois détesté, des fois tellement adoré. Que je perçois comme une richesse et une fierté et qui est vue par certains comme un défaut ou une source de préjugés. C’est mon métissage. Il me vient d’une mère noire, et d’un père blanc. D’une famille recomposée WestAf principalement musulmane, d’une famille chrétienne issue de Bretagne.

Trop blanc, trop noir

La première fois que j’ai été mis dans une case par des pairs était lors de mon premier voyage au bled. J’avais seulement 18 mois. C’était la première fois que je voyais ma famille au Sénégal. Aussi la première fois qu’eux me voyaient. Je savais que mes cousins là-bas me considéraient comme blanc. Ils m’avaient même donné un surnom. On m’appelait « bébé toubab ». J’ai le teint clair. On ne voyait pas mon métissage, on me voyait blanc.

J’ai passé mon plus jeune âge entre la Verrière et Trappes. La différence culturelle et la mixité y sont énormes. En CE1, je suis arrivé dans mon petit village, et azy, ça m’a fait trop bizarre. Les humains ne sont pas comme là où j’étais. Les gens ne voyaient que ma couleur noire. J’étais considéré comme un petit garçon noir qui venait d’arriver au village. C’est là où, pour la première fois, j’ai été mis dans la case « personne noire ».

Leurs « blagues »… racistes

Nous n’étions que trois enfants noirs, et, directement, les gens nous assimilaient. Nombreuses étaient les phrases comme « dis à ton frère de venir jouer », ou « tu ressembles pas trop à ton zinkou » en parlant d’un Congolais qui ne me ressemble même pas.

Les vieux racistes de ma ville aimaient bien me dire que j’étais étonnamment un bon garçon car j’étais pas comme les autres Renois. D’un autre côté, au collège, les gars de ma classe faisaient souvent des « blagues » racistes. Il y avait souvent le « Liam t’es où ? » quand quelqu’un éteignait la lumière.

Jouer des catégorisations

Encore aujourd’hui, je suis parfois mis dans des cases, mais ça ne me dérange plus. Carrément, ça nous est déjà arrivé, entre « victimes des mêmes catalogisations », d’en jouer. On fait parfois des matchs ou des tournois et on constitue les équipes à partir de ça : Noirs contre Blancs, musulmans contre chrétiens, etc.

Même si je suis content d’être métis, je me sens plus noir mais avec des origines. En apprenant les valeurs, les coutumes de nos pays, ça m’a rendu plus fier.

Maintenant, j’utilise et vois ce métissage comme une chance. La possibilité de pouvoir switcher entre deux casquettes. Le métissage fait partie de moi, ça me caractérise principalement. Avec les bons et mauvais côtés. La peau sèche quand je ne me crème pas mais une texture de cheveux qui me permet de faire plein de choses. Victime de contrôles au faciès mais accès aux richesses de l’Afrique.

Liam, 17 ans, lycéen, Yvelines