Au lycée, les mecs moins jugés que les filles
Ma mère m’a acheté mes habits jusqu’à mes 13 ans. Pas parce qu’elle ne voulait pas que je choisisse, mais parce que je n’avais pas d’avis. Les vêtements, je ne les trouvais ni beaux, ni moches. Je n’y voyais pas d’intérêt, ni pour moi, ni socialement.
Il y a deux ou trois ans, j’ai vu la photo d’un pantalon cargo. En regardant mes vêtements, je me suis dit qu’en vrai, je ne m’habillais pas ouf. Je ne sais pas pourquoi mais, à partir de ce moment, j’ai changé mon style vestimentaire. Par exemple, j’essaie toujours d’avoir un cargo que je trouve beau, un beau pull et un maillot de foot. Ça n’a aucun sens en soi, mais je me trouve bien et personne ne me dit rien.
Des remarques désobligeantes, j’ai dû en avoir, mais je ne m’en rappelle pas. Je n’en avais rien à faire. Comparé aux groupes de filles, nous les mecs, on ne se rabaisse pas. À 99 % du temps, c’est juste pour rigoler : on se clashe, on se lance des piques, on fait des remarques, mais on n’a pas besoin d’écraser les autres. Après, il faut que tu sois sapé correct. En mode, si tu mets ton vieux pull de Noël avec des Crocs, ne te crois pas frais. À l’inverse, entre potes et contrairement aux meufs, on ne se fait jamais aucun compliment.
Insultée pour un crop top
Si tu es une fille, les autres meufs et des mecs (des malades) vont juger ton style vestimentaire. Tu vas te prendre beaucoup de remarques, d’insultes et de réprimandes. Puis, même si c’est pour rigoler, ça les complexe vraiment. Si c’est trop voyant, il y en a qui disent que ce sont des putes ou qu’elles veulent faire leurs stars. Si c’est trop couvert, qu’elles sont trop timides. En bref, trop de remarques pour juste des bouts de tissus.
La première fois que j’ai entendu ça, c’était en quatrième. J’étais avec une pote pour aller manger. Elle portait un crop top. En passant près de la route, une voiture s’est mise à ralentir et à klaxonner. Les mecs à l’intérieur ont ouvert la fenêtre et ont lancé : « Pourquoi à ton âge tu t’habilles comme une pute ? » Elle s’est mise à pleurer et est rentrée chez elle.
Moi, j’étais ultra-énervé. Mais je ne pouvais rien faire parce qu’ils étaient déjà partis. Il n’y a pas à juger comme ça, c’est quoi le but ? Quand j’entends des potes dire ce genre de choses, des fois je leur réponds : « Les gars stop c’est abusé », et on passe à autre chose.
Ethan, 17 ans, lycéen, Ponthévrard
Belle histoire, bon esprit. De l’enfance à l’adolescence, le monde lycéen, les différences, les choix clairement exposés. Une ébauche de chemin vers l’évolution dans le monde adulte.