La première fois où j’ai fêté Noël
La première fois dans ma vie où j’ai ressenti de la joie, c’est quand j’ai reçu des cadeaux par le Père Noël. Je n’en avais jamais entendu parler avant. J’ai eu une montre connectée et un jeu pour ma Play. C’était le 25 décembre 2021, un jour que je n’oublierai jamais.
J’étais à Strasbourg avec mes éducatrices, et d’autres jeunes comme moi. On y est allés en train, on a visité le centre-ville de Strasbourg en bateau, on a vu le marché de Noël à Colmar, puis, il y a eu une rencontre avec le Père Noël.
La magie des premiers flocons
J’ai grandi en Côte d’Ivoire. En Afrique, je n’ai jamais reçu de cadeau de Noël, parce que mes parents ne le fêtent pas. En fait, je n’ai jamais eu de cadeau tout court, car les conditions chez moi n’étaient pas favorables.
Ce voyage de deux semaines avec le foyer fut un moment magique. Ça a été une belle fête pour moi parce j’ai fait plein d’activités comme du ski, du patin à glace, du bowling. Je n’avais jamais fait ça, je n’avais jamais vu de neige, et je n’étais jamais parti en vacances. Autant d’ouverture, de joie procurée dans ces deux semaines : quel beau souvenir dans ma vie ! J’aimerais, plus tard, faire la même chose avec mes enfants pour perpétuer ce moment.
Les potes, le foot, la joie
C’est aussi en France que j’ai fait des sorties collectives avec des jeunes qui sont mineurs isolés comme moi, ou qui ont grandi en France mais qui sont placés par l’ASE (aide sociale à l’enfance) dans mon foyer. Nous sortons pour aller au McDo ou bien manger un kebab. Ou pour aller jouer au foot. Ils sont tous très sympas avec moi. Je me sens avec eux comme j’étais avec mes amis de l’Afrique. Ça me procure beaucoup de joie !
Balla a toujours été passionné par la France, son histoire, sa culture et ses monuments. Avant d’y habiter, il rêvait déjà d’y étudier.
Un autre moment marquant, c’est le jour aussi où je suis allé passer mon test de foot à Endoume, un quartier de Marseille où il y a une équipe classée en National 3. Le coach m’a dit que je pouvais intégrer le groupe, et c’était une grande joie pour moi. J’ai appelé mon grand frère et je lui ai dit que j’avais intégré cette équipe. Il était content aussi. Il m’a dit : « Courage ! »
La joie, c’est nouveau pour moi ! Depuis mon arrivée en France, j’ai appris beaucoup de choses, c’est une période agréable de ma vie. En Côte d’Ivoire, je n’étais pas très heureux. J’étais tout le temps triste. Je ne regrette pas d’avoir pris la route qui m’a mené en France.
Youssouf, 16 ans, lycéen, Marseille
Crédit photo Unsplash // CC Alexandra
23 % des Français·es n’aiment pas Noël
Ces « natalophobes » sont principalement des personnes âgées, seules, qui gagnent moins de 1500 euros par mois, ou encore qui pratiquent une autre religion que le catholicisme.