Camille M. 06/02/2023

1/2 À 300 km des parents et des tensions

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En vivant en internat loin de chez ses parents, Camille sent qu’elle grandit. Et surtout, que leur relation s’apaise. 

En seconde, j’ai fait le choix de partir de chez moi pour aller vivre en internat, en sport-études de triathlon. Mon choix s’est porté sur Montpellier, à 300 km de chez moi. Ça a été un nouveau départ : nouvelle année, nouvelle classe et nouveau lieu de vie. J’ai vraiment évolué et grandi mentalement.

Après un an, je suis devenue presque totalement autonome. Je suis fière de moi. Je suis capable de me débrouiller seule et de ne pas paniquer lorsqu’un obstacle se présente. Vivre en ville, prendre le train seule, apprendre à faire ses lessives… Au début, c’est stressant et on fait des erreurs. Puis après, on prend l’habitude.

Mes journées sont très chargées. Je me lève très tôt, aux alentours de 5 heures pour aller à l’entraînement, puis je travaille les cours jusqu’à tard le soir. C’est le même schéma tous les jours. Ça ne me déplaît pas, j’adore ce que je fais. Mais juste, quelques fois, j’aurais besoin de couper, de souffler un peu.

Craquer sous leur pression

Je me suis mise au triathlon à 10 ans. Plus les années passaient, plus ça devenait compliqué. L’esprit de compétition était beaucoup trop présent. Les entraîneurs nous mettaient la pression, je ne devais pas rater un seul entraînement, ils comptaient sur moi ! Je stressais énormément avant chaque compétition et je dormais très mal.

Mes parents aussi me mettaient une certaine pression. Ils étaient sans cesse derrière moi, à me rappeler de ne pas oublier ci, de ne pas faire cela… Ils voulaient que je réussisse et je ne voulais surtout pas les décevoir. Mais, quelques fois, je craquais et je revenais en pleurs de l’entraînement. Je me sentais seule et incomprise.

J’en voulais à mes parents et mes coachs, car mes semaines et mes week-ends se résumaient à entraînement et travail. Je n’avais pas de temps pour moi et j’étais de moins en moins motivée.

Quand j’ai eu mon brevet, j’ai tout quitté (mon club, ma maison, mes amis) pour Montpellier. Comme un nouveau départ. J’ai eu le déclic : je ne voulais plus me prendre la tête avec mes parents.

Je redécouvre mes parents

Ils étaient vraiment contents pour moi, car ils savaient que j’avais besoin de voir autre chose. C’est même eux qui m’ont encouragée à partir. Ils se rendaient bien compte que ma passion pour le sport commençait à disparaître. Aujourd’hui, je ne les vois que très rarement.

Mais un matin, il y a un mois, j’ai complètement craqué en rentrant de l’entraînement. Je me suis assise dans la cour et j’ai appelé ma mère. Je lui ai tout raconté : la pression des cours, cette charge de travail trop importante, mes relations avec les gens, la fatigue qui s’accumulait, le fait que je sois totalement perdue… Contrairement à ce que je pensais, elle ne m’a pas jugée. Elle s’est juste contentée d’écouter, puis elle m’a rassurée. Elle m’a dit que c’était un comportement mature de régler les problèmes en communiquant avec les personnes concernées. Je n’étais donc pas seule ? Ma mère pouvait être quelqu’un à qui me livrer, qui pouvait m’aider ? Il y avait donc une personne à qui je pouvais faire confiance…

J’ai senti que ça touchait aussi mon père, même s’il se met à l’écart. Il est comme ça, il parle peu, mais il écoute… Je sais qu’il m’aime et que parfois il est fier, mais il ne me le montre pas. Il en discute plus avec ma mère qui, elle, me fait passer le message. J’aimerais qu’il soit plus proche de moi, qu’il me dise quand je fais quelque chose de bien, qu’il m’aide plus dans mes choix. Comme me dit maman : « C’est les papas, ils sont comme ça ! »

Faire la paix, enfin

Cette année, en première, je me suis investie à fond dans les cours et dans mon sport. Pour la première fois, j’ai fait entrer dans ma vie un garçon et ce fut une erreur, mais ce fut un mal pour un bien. Je me suis rendu compte qu’il ne fallait pas négliger l’école. J’ai redoublé d’efforts et je travaille dur pour avoir mon bac. J’arrive à garder 15 de moyenne tout en m’entraînant deux fois par jour, soit quinze heures par semaine. J’ai des projets pour l’avenir, comme travailler tout l’été pour me payer mon trek : traverser la Suède et la Norvège en sac à dos. Le voyage aussi me fait grandir et m’aide à mieux vivre la pression.

Je sais que tout n’est pas résolu ni parfait mais la situation s’améliore, et ça m’apaise un peu. J’essaie de faire des efforts, de m’intéresser plus à mes parents, de ne plus leur demander d’argent et de les aider un peu plus dans les tâches ménagères quand je suis à la maison. Ça me fait un poids en moins, tous ces problèmes me fatiguaient. Je détestais me lever le matin en me disant que je faisais la tête à mes parents. Je les ignorais, alors que j’avais plein de choses à leur raconter.

Camille, 15 ans, lycéenne, Montpellier

Crédit photo Pexels // CC Timur Weber

 

 

La crise d’ado, on casse le mythe ! 

Les parents, les médias, et même les professionnel·les de santé nous bassinent avec ce rite de passage : la crise d’adolescence.

Cette invention culturelle invisibilise totalement la santé mentale des jeunes : sautes d’humeur, troubles du comportement alimentaire, déprime…

60 % des lycéen·nes ne consultent pas de spécialistes quand elles et ils ressentent ces symptômes. Un·e jeune sur sept souffre de trouble mental.

Fuir le cocon familial 

Un logement surpeuplé, des parents sur le dos ou des disputes à gogo peuvent être des raisons de quitter le nid. Deux tiers des plus de 18 ans rêvent de partir de chez leurs parents. En réalité, seulement 50 % d’entre elles et eux s’installeront ailleurs après le bac.

En attendant les résultats de Parcoursup, tu peux imaginer ta future vie en suivant @etre_etudiant.

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