Ma vie en rouge
Je n’ai qu’à frôler ou même voir cette personne pour que tous mes sens s’emballent. Je sens le sang qui coule dans mes veines et qui me brûle la chair. C’est à cet instant que je comprends que je suis en train de rougir. Je me transforme littéralement en une tomate.
C’est comme de la lave en ébullition qui coule dans mon corps. Ce n’est pas toujours agréable. Parfois, j’implose de l‘intérieur, la vague brûlante me monte jusqu’aux oreilles, jusqu’à me faire mal. J’ai besoin d’air, besoin de reprendre mon sang froid. Mais si je pouvais retrouver ma couleur naturelle en vingt secondes, ça serait trop simple. Non, je vais mettre cinq minutes à redevenir calme et à me rendre compte du ridicule de la situation.
D’ailleurs, cette réaction s’est produite il y a peu. J’étais en train de marcher tranquillement dans la rue avec mon amie, et je l’ai aperçu. Lui. Celui qui avait occupé mes journées, et même mes nuits.
Comment lui expliquer ?
Ça faisait un moment que je ne l’avais pas croisé. Il était à plusieurs mètres de nous mais j’ai tout de même senti mon cœur rater un battement. J’ai eu une subite envie de faire demi-tour mais mon amie m’en a empêché. J’ai alors avancé en essayant de garder la tête haute et de diminuer le sourire qui s’était dessiné sur mes lèvres. Quand il nous a aperçues et qu’il a remarqué mon visage écarlate, il a aussitôt froncé les sourcils. Comment allais-je lui expliquer la couleur que prenait ma peau à sa simple vue ?
J’ai fait en sorte de me ressaisir. J’ai dégluti tout en passant mes mains dans mes cheveux. Je lui ai souri et son regard insistant s’est détourné. Je venais d’éviter le drame. De nouveau seules, mon amie n’a pas hésité une seconde à rire de la situation.
Assez souvent, les gens me taquinent gentiment par rapport à toutes mes réactions physiques dans les situations embarrassantes. Quelquefois, je trouve que ça n’a rien de drôle. J’ai l’impression de me ridiculiser ou de passer pour une personne qui ne sait pas contrôler ses émotions.
Vivre intensément
Il n’y a pas que mes crushs qui me font rougir. Mon visage se transforme souvent sans explication. Quand je prends la parole en public, mon pouls s’accélère, ma gorge se serre et je ressens comme une explosion de fièvre en moi. Comme si 1 milliard de fourmis avaient décidé de faire un rassemblement dans mes vaisseaux sanguins. Mes bras me picotent et mes jambes s’engourdissent. C’est comme une grande énigme des émotions humaines. Il doit y avoir des recherches expérimentales à ce propos, et je pourrais très bien être une sujet, au vu de ma capacité à rougir en un quart de seconde.
Quand je sens la pression monter, c’est fini. L’angoisse prend le dessus, je n’arrive plus à la contrôler. Devant les autres, je prétends un simple raclement de gorge ou une petite toux, mais moi je sais que mes cordes vocales s’affolent de stress. J’essaie d’inspirer un grand coup, et je me convaincs qu’il n’y a rien qui puisse me procurer de la panique. Je souris et je hausse le ton, cela me donne l’impression de reprendre le pouvoir face à moi-même.
J’ai trouvé LA solution
Quand je rougis face à quelqu’un, c’est parce que je ne le connais pas ou que je cherche à bien faire. Mais une fois que j’ai appris à le connaître et que je me sens plus à l’aise en sa présence, je cesse de rougir, de bégayer et je n’appréhende plus ma prise de parole.
Janny craquait souvent pour des garçons. Tomber amoureuse, ça a changé beaucoup de choses pour elle. Surtout au vu des circonstances…
Plus les années passent, plus je remarque que si l’on feint une certaine confiance en soi, les autres vont forcément y croire. Alors j’ai trouvé LA solution : relever le menton en inspirant et prononcer les quelques mots que je veux exprimer sans hésiter. Puis, ça prouve ma vivacité, la capacité de vivre de simples émotions. Car, en fin de compte, ce ne sont que ça. Des émotions.
Ancolie, 15 ans, lycéenne, Yvelines
Crédit photo Unsplash // CC Hans Isaacson
Pourquoi rougis-tu quand tu es gêné·e ?
Tu deviens tout·e rouge quand ton crush est dans les parages ou quand un·e prof te parle ? C’est relou… mais c’est normal !
En situation de stress, ton système nerveux croit qu’il est en danger et il se met en mode survie : l’adrénaline monte, ton cœur se met à battre plus vite, ce qui provoque une accélération de la circulation sanguine. Quand le sang monte rapidement dans tes joues, ton cou, tes oreilles et ta poitrine, les vaisseaux sanguins se dilatent pour le laisser passer plus rapidement. C’est cette dilatation qui provoque des rougeurs plus ou moins visibles en fonction de la carnation de ta peau.
En plus d’être tout·e rouge, tu te mets à avoir chaud. Ça aussi, c’est normal. Ton sang est à une température de 37°C : il est donc plus chaud que ta peau qui est en contact avec l’extérieur, généralement plus frais. Du coup, quand la circulation sanguine s’accélère, tu ressens le coup de chaud.
Allez, un peu de patience… En général, on a tendance à moins rougir quand on vieillit parce que le regard des autres et les interactions sociales nous angoissent moins avec l’âge.