Les programmes d’égalité des chances m’ont donné confiance en moi
Avant, j’étais un peu renfermée sur moi-même. Je prenais des cours de dessin, j’aimais aller au cinéma, sortir manger au parc avec ma sœur… mais je n’avais pas vraiment confiance en moi. Je n’osais pas parler aux gens, je n’arrivais pas à garder le contact et je ne sortais pas souvent.
En arrivant en seconde pro Agora, j’avais envie de faire de nouvelles rencontres, des sorties culturelles, d’avoir des changements dans ma vie qui puissent m’aider à me démarquer des autres. Comme je restais assez souvent chez moi, je n’avais pas la motivation de sortir. Des fois, je me disais « allez, je sors aujourd’hui », mais dès que j’arrivais à la porte, je me disais « oh la flemme ». En plus, je n’avais pas beaucoup d’argent à dépenser dans tout et n’importe quoi. Les musées, les restaurants, les jeux d’arcade, ça coûte cher.
En passant en première, j’ai eu de la chance : on m’a proposé de rejoindre le programme PQPM (une grande école : pourquoi pas moi ?). Un jour, on m’a montré une vidéo. Ça parlait de la première promo de Camplus, la promo Mandela. C’est un camp apprenant. Ils avaient eu des ateliers sur la confiance en soi, l’organisation, et avaient fait un séjour d’une semaine à Marseille je crois. J’ai accepté, pour vivre de nouvelles aventures et, à mon tour, avoir confiance en moi. La CPE m’a dit que ça pouvait être un plus dans mon CV, que ça me permettait de mettre plus de chances de mon côté.
Franchement, j’ai été surprise. D’habitude, on ne me propose pas ce genre de trucs. Je suis une élève discrète, j’étais concentrée sur mon travail, on ne me proposait pas de participer à des projets en particulier.
M’affirmer et oser dire mon opinion
Je me suis lancée dans Camplus sans trop savoir pourquoi. J’avoue que j’ai eu quelques hésitations. Heureusement, ma mère m’a poussée à le faire. La première étape était de partir avec quelques personnes de mon lycée faire un séjour en Normandie. On a fait des ateliers sur la confiance en soi, l’organisation, faire un CV ou une lettre de motiv’, etc. Nous avons joué à un jeu qui consiste à échanger une patate contre quelque chose d’insolite. C’est un jeu qui pousse à oser parler aux gens. Avec mon groupe de quatre, on a réussi à revenir avec une lampe.
Après ce séjour, on a fait du tutorat auprès de collégiens qui avaient besoin d’aide pour leurs projets futurs. Nous avons rencontré des profs, des auto-entrepreneurs, des salariés… Comme si on était dans un réel entretien pour un poste. Cette association a vraiment augmenté ma confiance en moi, et aussi mes connaissances sur le réseau.
Le programme PQPM, c’est du tutorat tous les samedis matins. On parle surtout de la société et de la politique. On suit des cours d’anglais, un peu d’histoire et on fait aussi des débats. Il n’y a pas longtemps, on a en eu un sur l’avortement. J’ai expliqué que j’étais pour, mais ils m’ont poussée à répondre comme si quelqu’un me disait qu’avorter c’était tuer un être humain. J’ai répondu que c’était nos corps, que l’on fait ce que l’on veut avec, que ce n’est pas un être vivant quand c’est encore un embryon.
J’avais déjà eu des discussions comme ça avec une amie mais sans personne autour. J’étais fière de moi, de m’affirmer et d’oser dire mon opinion, même si des fois, il faut savoir garder le contrôle. Je sais que j’ai raison et ça peut être très agaçant d’être contredite par un homme qui n’en saît rien.
Des rencontres et des prises de conscience
Ça m’a donné la motivation de sortir de chez moi. Je n’étais pas obligée, mais je le faisais pour montrer mon implication. En plus, c’était gratuit. Avec toutes les sorties que j’ai pu faire, j’ai agrandi mon savoir. Je me suis ouverte et j’ai fait de nouvelles rencontres. J’ai appris à me faire du réseau et à garder le contact avec les gens que je rencontrais, et plus largement mes amis.
Pendant une sortie à la maison de la radio, j’ai rencontré une femme qui a un poste de haut-rang à NRJ. Elle nous a parlé de ses problèmes de santé et comment elle en est arrivée là où elle en est. Ce qui m’a le plus intéressée, c’est comment elle avait réussi à surmonter les commentaires des personnes qui la rabaissaient. Des hommes lui disaient qu’elle ne pouvait pas viser plus haut, qu’elle ne pourrait pas tenir et qu’elle devait s’occuper des enfants.
Une autre femme nous a raconté les remarques qu’on lui faisait sur le physique, sa manière de s’habiller. On a aussi parlé du harcèlement sexuel dans les transports. Ça m’a fait penser aux gens qui me disent « maquille-toi », alors que je ne veux pas.
Affronter le sexisme et les critiques
Au collège, j’entendais des garçons dire que les femmes doivent rester à la maison. Puis, au lycée, des filles dire qu’elles allaient se marier et rester chez elles. Participer à ces événements, ça m’a fait prendre conscience des progrès qu’il y a encore à faire, et des traditions qui perdurent alors qu’elles ne sont pas en faveur des femmes.
D’ailleurs, en arrivant en terminale, je me suis engagée auprès de l’association Capital Filles, qui aide les femmes à s’élever dans la société. J’ai choisi cette association car elle les aide à affronter le sexisme et les critiques qui les ciblent. Aussi parce que nous sommes marrainées : elles nous aident avec les stages, les jobs d’été, Parcoursup, les CV… Elles nous aident à trouver notre voie pour plus tard.
C’est l’association que je recommande le plus, elle me tient particulièrement à cœur. Elle nous permet de suivre notre propre opinion, de nous imposer en société, et de ne pas tenir compte de ce que disent les gens. De lutter pour l’égalité hommes-femmes, entre autres. J’ai réussi à persuader une amie de rejoindre Capital Filles. Ça nous permet de nous échapper de la routine scolaire et de profiter des opportunités que cette association offre.
Agnès, 18 ans, lycéenne, Île-de-France