Nadya J. 04/05/2023

Esthéticienne, c’est un vrai métier

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Nadya prépare un CAP d’esthéticienne en candidate libre. Savoir prendre soin des autres, ce n’est pas un métier donné à tout le monde.

En quatrième, je voulais être esthéticienne des stars. Je pensais qu’il y avait une branche particulière pour faire ça. Je ne savais pas que c’était petit à petit, que d’abord tu devais devenir esthéticienne et qu’ensuite les managers te contactaient. Entre copines, à domicile, l’esthétique est accessible à tout le monde. Donc moi, je me disais qu’être esthéticienne des stars, c’était me démarquer. Ça ne me dérange pas de maquiller des clientes basiques, mais maquiller des stars, c’était me mettre à un autre niveau.

J’ai commencé un CAP esthétique au campus des métiers de Bobigny. On avait des cours sur les soins et le maquillage. Il fallait surtout savoir maquiller en fonction des évènements. Ce qu’on nous y apprend, ce n’est pas vraiment ce qui se fait dans la vraie vie. Puis, ce n’est pas les mêmes méthodes non plus. En esthétique, on met du semi-permanent mais, dans la vraie vie, c’est rare qu’on en fasse sur des ongles courts.

Au CAP, c’est du maquillage léger : juste une goutte de fond de teint et du gloss pour les lèvres. Alors que dans la vie de tous les jours, plein de filles se maquillent beaucoup, avec beaucoup beaucoup de maquillage. J’ai même eu des personnes âgées qui demandaient des choses pas simples et qui faisaient des trucs osés, genre des extensions de cils.

Mes recettes de grand-mère

C’est venu comme ça. En fait, je voyais ma maman se maquiller, se mettre du rouge à lèvres. Donc avec mes cousines, quand on était petites, on jouait dans ses trucs. On voyait nos parents faire donc on faisait aussi. On se maquillait beaucoup. Ma mamie nous achetait du vernis pour enfants.

On nous transmettait aussi des recettes de grand-mère. Ma maman, mes grand-mères, mon papa me disaient les bienfaits de chaque trucs, de telle ou telle huile. Donc quand j’avais des boutons sur le visage par exemple, je savais quel produit utiliser. L’huile de coco, c’est bon pour la peau, ça hydrate en profondeur. Alors que la crème qu’on met sur la peau, ça hydrate un peu mais après, ça sèche. La banane, c’est bon pour les cheveux. L’aloe vera pure aussi. C’est bon aussi pour le corps, pour éliminer les mauvaises toxines.

À 11 ans, je me suis intéressée aux bienfaits et tout ça, je posais des questions, je regardais des tutos, je me renseignais sur certains produits. Je m’intéressais surtout aux produits naturels que je trouvais chez moi, dans mon jardin ou qu’on pouvait trouver sur les marchés. L’aloe vera et la noix de coco, il y en avait dans mon jardin.

Aux petits soins des clientes

Moi, ce que je préfère, c’est l’épilation et les soins. Soin du visage, des mains, des pieds, de tout le corps, des cheveux. J’aime bien le contact avec la peau du client. Les épilations, c’est un peu compliqué, ça dépend des clientes. Il y en a avec qui le feeling passe bien, d’autres sont désagréables.

Avant, quand je travaillais dans un institut du 17e, notre clientèle c’était plutôt des personnes âgées, des madames, des mamans. Un jour, c’était l’été, il faisait chaud et il n’y avait pas d’aération donc déjà, c’était un peu stressant. Ma collègue a dû faire une pose de semi-permanent sur les pieds d’une cliente, mais ce n’était pas bon parce qu’elle positionnait mal son pied et touchait tout le temps la lampe. Donc, moi j’y suis allée, j’ai refait sa pose, c’était correct.

On lui a fait un geste commercial, mais malgré tout, la cliente ne voulait pas payer. Elle faisait des remarques comme quoi ce n’était pas bon et elle a appelé le siège pour se plaindre. Du coup, j’étais en retard sur ma prestation d’après et elle nous a laissé plein de vernis sur la machine.

On voit de tout

L’inconvénient dans ce métier, c’est que tu peux aussi tomber sur des personnes qui se négligent. Parfois, on peut trouver des choses écœurantes. Moi par exemple, j’aime les pieds, mais en même temps ça me dégoute. Et les personnes qui ont des mycoses, des peaux mortes sous les pieds ou même des ongles incarnés, ben ça me dégoûte mais j’aime beaucoup les traiter.

Nous, les filles, nous avons énormément de choses. Il peut arriver que lors de rendez-vous d’épilation du maillot, une cliente arrive et qu’il y a une certaine odeur. Cela ne veut pas forcément dire que la cliente est sale ou qu’elle manque d’hygiène. Parfois, ça peut dire qu’elle a une infection urinaire, qu’elle ne boit pas assez d’eau ou trop de boissons sucrées tout simplement.

Mais certaines esthéticiennes ou pratiquantes qui ne se renseignent pas sur ce genre de choses vont tout de suite dire que la cliente à une mauvaise hygiène. Certaines racontent ce genre de choses sur les réseaux, sur TikTok. Certaines personnes ont peur d’aller dans un salon d’esthétique par peur de se faire juger. Je pense que c’est aussi à cause de ça qu’on peut avoir de mauvais avis sur nous, qu’on est vues comme des personnes qui critiquent leurs clientes.

Tout le monde sait se maquiller

L’avantage quand tu fais de l’esthétique, c’est que tu peux faire un certain nombre de choses seule. Tu sais ce qui est bon pour toi et ton corps, puis tu peux prendre soin de tes proches, tu peux aussi exercer sur eux. Mais les conditions de travail ne sont pas toujours faciles. Il faut savoir qu’il y des postures pour pouvoir être à l’aise et plus libre dans tes mouvements. Mais tu n’es pas forcément à ton aise, et t’as des douleurs au dos, au bras, des fois même au cou.

J’ai arrêté le CAP parce que je ne trouvais pas que j’apprenais plus que ça, mais je me suis inscrite pour le passer en candidate libre en juin. Les épreuves, c’est des épilations, des soins des pieds, des soins du visage. On a aussi l’épreuve du maquillage. Trois maquillages et trois thèmes : soit ville, soit cérémonie, et l’autre c’est le travail je crois. Moi il faut que je m’entraîne au niveau des tons, des couleurs pour le teint.

Il y a toujours eu un certain regard sur l’esthétique, et sur les esthéticiennes. Pour beaucoup, l’esthétique, c’est plus une activité qu’un vrai métier. C’est vrai que tout le monde sait maquiller, épiler, faire des ongles et poser du vernis. Pour être esthéticienne, on a pas besoin d’un bac+3 ou d’un master, juste d’un CAP. Mais ce n’est pas parce que tout le monde peut exercer ce métier que tout le monde en a les capacités réelles.

Nadya, 21 ans, en recherche de formation, Paris

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