Fille d’ouvrier, je ne serai pas comme lui
Mon père a commencé à travailler en tant qu’ouvrier bien avant que je ne débarque en France, en janvier 2010. Pourtant, ce n’est que très récemment que j’ai appris qu’il faisait partie de cette catégorie socioprofessionnelle. Il ne m’a jamais vraiment dit ce qu’il faisait. Tout ce que je savais, c’est qu’il construisait des voitures comme celle qu’il conduisait à l’époque, une Renault Megane toute blanche.
Travailler en tant qu’ouvrier, ça doit être tellement pénible, surtout quand c’est tout sauf ce que vous aimez faire. Ça peut être difficile aussi bien mentalement que physiquement. Mon père n’a pas la meilleure santé qui soit. Imaginez tenir jusqu’à 64 ans en pratiquant des métiers aussi physiquement éprouvants. D’ailleurs, mon père s’est engagé contre la réforme des retraites en participant aux manifestations. Je pense que c’est important pour les personnes qui effectuent des tâches routinières au quotidien de pouvoir quitter le travail à un âge convenable.
Mon père travaille pour une grande entreprise automobile, et je veux travailler dans ce genre d’entreprises. Mais moi, je ne serai pas ouvrière. Si vous me demandez ce que je veux faire plus tard, je vous répondrais que le marketing et le management sont le genre de choses qui m’intéresse. En général, il est nécessaire d’avoir un bac+3 au minimum et au mieux un bac+5.
Ouvrier, ce n’est pas fait pour moi
Franchement, tant que mes revenus me permettent de vivre une vie confortable, passer cinq années de plus à l’école, ça ne me dérange pas trop. Par contre, partir de chez moi à 4 heures du matin et revenir vers 15 heures pour toucher à peine plus qu’un Smic, et ben ça, ça me dérangerait fortement. Ne me méprenez pas, je n’ai rien contre le métier d’ouvrier, au contraire, mais ce n’est juste pas du tout fait pour moi.
Nicolas a souffert physiquement et mentalement pendant son job d’été. Il a compris pourquoi il devait étudier.
À la base, je voulais être femme d’affaires après avoir regardé une émission qui parlait de Las Vegas. Je me rappelle, j’étais encore en troisième à ce moment-là. Puis, j’ai abandonné l’idée pendant mon année de première, et je ne saurais pas vous dire vers quoi je me suis tournée.
Ce qui est sûr, c’est que je veux faire un métier qui paie bien. J’ai voulu à un moment créer ma propre marque de vêtements. Je me suis dit que je voulais donner à ceux qui produiront ces vêtements de bonnes conditions de travail. Je n’aurais pas la conscience tranquille en sachant que ceux qui travaillent pour mon entreprise trouvent leur métier pénible. Créer une marque est toujours une idée qui reste dans un coin de ma tête, et si jamais je venais à le faire, bien traiter mes employés sera une priorité. Ceux qui travaillent dur comme mon père pour produire méritent d’avoir un bon emploi.
Olivia, 17 ans, lycéenne, Poissy
Crédit photo Pexels // CC cottonbro studio
La mobilité sociale
C’est le changement de position sociale d’une personne, soit par rapport à ses parents, soit au cours de sa vie. En général, la position sociale est surtout liée au métier exercé. Mais en France, on est un peu des champion·nes de la reproduction sociale, bien plus que dans le reste de l’Europe.
15 %
C’est le pourcentage de jeunes qui vont à l’université alors que leurs parents n’ont pas fait d’études supérieures, contre 6 % des enfants de parents diplômés.
1 000 euros
C’est la différence moyenne de salaire entre un·e enfant d’ouvrier·e et un·e enfant de cadre sup, une fois adultes.
6 générations
C’est le temps qu’il faut en moyenne à une famille en bas de l’échelle des revenus pour remonter dans la moyenne.