5/5 Je découvre d’autres corps et des sensations
J’aime ça et je n’ai pas honte de le dire. J’aime la complicité qui se crée lors d’un rapport consentant, l’envie de bien faire, le désir prenant et se consumant, les fous rires lors des découvertes que nous faisons (qui ne se passent pas toujours comme prévu), les nouvelles sensations, la liberté de dire ce qui nous plaît ou non… Je préfère savoir ce qui est ok et ce qui ne l’est pas, exprimer ce que j’adore, ce que j’accepte et refuse.
À 12 ans, j’ai découvert les premiers frissons de désir. J’ai découvert des zones érogènes et leur ai trouvé un intérêt, petit à petit. J’avais aussi 12 ans lorsque j’ai débuté une « vraie » relation avec mon premier copain. Ma mère et d’autres femmes de ma famille m’ont alors parlé du consentement, du fait de prendre mon temps et de ne pas brusquer les choses. De me laisser le temps de découvrir ce nouveau « langage ».
Comme une fusion entre nos corps
J’étais assez angoissée, mais j’avais un minimum de connaissances grâce à leur prévention. Et grâce aux recherches que j’avais pu faire par moi-même sur internet, pour en apprendre plus sur le consentement, pour éviter les infections, connaître les marques de contraception… et m’apprêter pour le jour où notre relation passerait un cap.
À 13 ans, j’ai fait une fellation. J’étais extrêmement anxieuse et, avec plus de recul, je pense que je n’étais pas prête. Même si, sur le moment, lorsqu’il m’avait demandé, j’en avais envie. Suite à ce premier amour, j’ai découvert cette envie d’en apprendre toujours plus et d’essayer.
À 14 ans, j’ai fait la rencontre qui a tout bouleversé. J’ai commencé à construire une relation amoureuse avec un garçon en qui j’avais réellement confiance et pour qui je développais de réels sentiments. On a fait notre première fois ensemble, dans ma chambre.
J’étais très stressée à l’idée que l’on voit mon corps et en même temps très heureuse de pouvoir offrir ce passage important à un garçon que j’aimais. C’était merveilleux. Il était doux, s’assurait que tout allait bien, m’écoutait. Il avait créé comme un lien avec mon corps. Il y avait comme une fusion à chaque fois que nos corps se touchaient, que ce soit se tenir la main, s’embrasser… Les recherches que j’avais faites auparavant m’ont été utiles, puisque je me suis détendue, j’étais dans un rapport consentant.
Dans notre univers
Après une rupture difficile, nous avons continué à nous voir, coucher ensemble, essayer de s’oublier, recommencer…
J’ai couché avec d’autres personnes que je connaissais déjà ou dont j’avais fait la connaissance par des amis. Ça se passait toujours chez moi, quand il n’y avait personne. Ou alors, quand il y avait quelqu’un, dans un silence complice où nous pouffions de rire discrètement et où nous prêtions attention à chaque geste que nous entendions dans l’escalier : si quelqu’un montait, vers où se dirigeait les pas… Nous étions dans notre univers mais nous restions attentifs à ce qui se passait autour de nous.
J’ai essayé de retrouver ce lien que j’avais tant chéri, en vain. Même s’ils m’ont tous apporté de nouvelles choses et que j’ai pu découvrir de nouvelles sensations, c’était lui qui m’avait donné ce goût pour la sexualité.
Partager ses connaissances
Aujourd’hui, j’ai de grandes facilités à parler de sexualité avec mes amis, ma mère, et les gens en qui j’ai un minimum confiance. Je me base sur les informations que j’ai. Je me renseigne sur les réseaux et ne parle avec ma famille que de contraception (puisque je prends la pilule) et de consentement. J’ai fait un bon nombre de recherches sur Instagram, TikTok, YouTube, et sur internet, pour me renseigner sur les contraceptions, leurs effets secondaires et les risques, mais aussi sur la prévention contre le viol, le forcing…
SÉRIE 1/5 – Comment mettre une capote ? Donner du plaisir ? Durant sa scolarité, Warren n’a jamais su vers qui se tourner pour trouver des réponses.
Je conseille @asmrfrere, qui parle de sa première fois sur YouTube, @nadrichhard, et @libellule1616 aussi. Elle est TDS (travailleuse du sexe) et aborde certains problèmes féminins, comme le vaginisme. Toutes trois sensibilisent au consentement et font de la prévention auprès des jeunes pour rassurer. Elles donnent de bons conseils sur le plaisir et le respect de leurs internautes lors d’un rapport.
J’essaie d’aider les autres ayant certains blocages. Je conseille majoritairement des filles, mais je renseigne aussi les garçons qui me posent des questions. Des amies proches m’ont parlé de certaines craintes, notamment avec le cunnilingus. J’avais également un gros blocage avec ça, et je les ai rassurées en expliquant qu’elles ne devaient en aucun cas se forcer ou être forcée à en recevoir un. J’aime beaucoup en apprendre plus et conseiller ceux qui viennent se confier à moi. C’est important à mes yeux de partager ce que je sais à ceux qui en ont besoin pour leur bien-être.
Alexa, 15 ans, lycéenne, Versailles
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_)