Remplacez les profs, pas les vêtements

J’ai appris la nouvelle sur les réseaux. C’était sur TikTok. J’ai ouvert mon compte et il y avait des replay de BFMTV. Dessus, on voyait qu’ils allaient interdire l’abaya parce que c’était considéré comme un vêtement religieux. Quand j’ai vu ça, je me suis dit : « Mais c’est quoi ces racistes ! » Que l’État commence par régler les vrais problèmes à l’école, comme celui des profs absents ou le manque de matériel pour étudier, plutôt que de se concentrer sur nos vêtements !

L’abaya, pour moi, c’est juste une robe. Un vêtement pour cacher ses formes. Je le sais parce que moi j’en ai des abayas, et de toutes les couleurs même : noires, roses, vertes, kaki. Je les porte uniquement en dehors des cours et je voulais commencer à en mettre au collège, avant l’interdiction.

Flemme de porter l’uniforme

Toutes mes copines en portaient donc je voulais qu’on soit corda (accordé) ensemble. Il y a beaucoup de filles qui en mettaient et ça n’avait jamais posé de problèmes particuliers en cours. Pour moi, l’abaya n’a rien de religieux. Ce que j’aime dans ce vêtement c’est qu’on est plus à l’aise dedans. Plus libre de ses mouvements. Et qu’encore une fois, ça permet de cacher ses formes.

Rien à voir avec cet uniforme qu’on veut nous faire porter en 2026. Ça aussi je l’ai vu sur TikTok. Une chemise blanche et un polo bleu foncé oversize. Un jean gris foncé, pas trop skinny, mais près des cuisses quand même. Tout ce que je déteste. Les jeans c’est pas mon truc. Je n’en porte pas et ça me saoulerait d’avoir à en mettre tous les jours. Flemme ! Puis, pour cacher mes formes, ça va être impossible. Ce sera tout serré au niveau des cuisses et des fesses.

Pas de maths pendant deux mois

Le grand argument de l’État, c’est de dire que ça va remettre de l’ordre et que c’est aussi une mesure économique pour les familles. J’ai vu que les tenues seraient gratuites alors que normalement, elles devraient coûter 200 euros. Mais pourquoi ne pas tout simplement donner cet argent aux pauvres ?

Dans notre collège, la prof d’espagnol n’est jamais là, et surtout jamais remplacée. Je suis toujours incapable de parler cette langue. Pareil pour la prof d’arts plastiques. Jamais présente. L’année dernière, c’était le prof de maths qui n’a pas été là pendant deux mois. Le collège a mis plus d’un mois à le remplacer. On est beaucoup de jeunes à vouloir tout simplement étudier, mais comment faire sans profs ?

Tasnim, 14 ans, collégienne, Rouen