Oradour réveille des souvenirs traumatiques
Cette année, je suis parti avec ma classe en sortie à Oradour-sur-Glane. Il y avait les profs de français et d’histoire avec nous. Oradour-sur-Glane est un village où la population a été massacrée par les nazis en juin 1944, un peu avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les nazis se sont vengés des résistants qui les avaient attaqués.
Après une heure et demie de route depuis Brive, on est arrivés sur place. Le prof a fait deux groupes, un pour visiter le musée et un autre pour visiter le village. Dans les groupes, les autres restaient ensemble et parlaient. Moi, je voulais être concentré, tout voir. Pour la visite, je me suis mis tout seul pour bien comprendre l’histoire. J’ai visité toutes les maisons une par une. Sur chacune d’entre elles, il y avait écrit à qui elle avait appartenu : au boulanger, au garagiste, au couturier,… Un moment, je suis resté bloqué sur une maison car il y avait une poussette. Cette poussette m’a vraiment fait mal, car en la voyant, j’imaginais un enfant heureux.
« Pourquoi ils ont fait ça ? »
Devant l’état de ce village, je me suis posé la question : « Pourquoi ils ont fait ça ? » J’ai aussi vu des voitures brûlées à côté des maisons. La voiture, ce n’est que du matériel, je sais, mais quand je la vois, j’imagine une personne qui est venue acheter son pain pour nourrir sa famille, ou une famille heureuse de se déplacer de ville en ville pour profiter de la vie. Enfin, je suis arrivé à côté de l’église et c’est là qu’on m’a dit que beaucoup de femmes et d’enfants y étaient morts.
Toutes ces images de maisons et de voitures brûlées par les nazis m’ont marqué. Je voulais vite rentrer chez moi. J’ai eu peur. Cela m’a fait penser à l’Afghanistan. Les souvenirs de mon enfance sont revenus. Là-bas aussi, il y a eu des massacres, des enfants tués, maltraités ou forcés à travailler. Sans parler des conditions de vie inhumaines.
Youssuf, 15 ans, collégien, Brive-la-Gaillarde
Crédit photo Unsplash // CC Kilarov Zaneit
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