Meïwen D. 11/10/2024

Rivalité amicale

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Adversaires sur le tatami et amis pour la vie. Meïwen se souvient des combats de judo qui ont forgé une complicité avec son ami d'enfance.

On a tous les deux 8 ans, on est meilleurs amis depuis la maternelle et, aujourd’hui, c’est notre première compétition de judo. Arrivés sur place avec nos mères, on prend notre poids et on attend l’annonce des poules. Puis on nous appelle et on y va.

En fond, sur les gradins, nos mères crient pour nous « supporter ». Sans en parler, on sait qu’il faut montrer qui est le meilleur de nous deux. On n’a qu’une hâte : combattre. On enchaîne nos combats tout en s’observant jusqu’au match d’anthologie. S’il y a bien une victoire à emporter, c’est elle. Plus de place pour l’amitié chez nos mères comme chez nous, un léger trash talk enfantin des deux côtés et… HAJIME !

On commence à fond. On essaie de se balayer, de s’attraper, de se projeter mais on est au coude à coude. Les tentatives de prises s’enchaînent mais personne ne tombe. On se rend coup pour coup. On est bien plus agressif que dans nos combats précédents. Dans les moments de pause, on se regarde fixement dans les yeux pendant que l’arbitre nous demande de remettre nos kimonos et de nous calmer. Ces échanges violents durent jusqu’à la fin pour désigner le vainqueur. Égalité ! Aucun de nous n’a chuté. On se met à gauche et à droite de l’arbitre sans rien dire en attendant le comptage des points. Le vainqueur est enfin désigné. Ce n’est pas moi.

Lui et moi ex æquo

J’ai effectué une ou deux actions de moins. La victoire lui revient. Dégoûté, je le complimente quand même pendant que nos mères sont toujours en train de crier à côté. D’autres combats suivent. Puis, à l’annonce des résultats finaux, encore un regard, et les noms et positions défilent, du dernier au premier. Notre niveau est très proche. On le sait. Ça fait quatre ans qu’on pratique ensemble et on n’a jamais réussi à se départager. C’est d’autant plus important de savoir qui est le mieux placé.

L’annonce tombe : deuxième ex æquo lui et moi. On est déçus d’avoir perdu, mais très fiers de notre première compétition. Nos mères sûrement plus que nous d’ailleurs. Et lui un peu plus que moi car il m’a battu, mais je lui assure qu’il va pleurer la prochaine fois. On rentre pour manger tous les quatre tout en se battant sur le chemin avec nos mères qui nous tapent dessus pour qu’on arrête. Pendant trois ans, on a continué à combattre en finissant à la première place, la deuxième ou ex æquo jusqu’à ce qu’on arrête le judo. Au final, comme des frères, on ne s’est jamais laissés tomber.

Meïwen, 21 ans, en formation, Paris

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

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