« Je ne veux pas de mixité dans mon sport »
Quand j’étais petite, j’étais très « garçon manqué ». Je jouais beaucoup au foot et au basket. Je faisais la course avec tous les garçons. On me demandait souvent pourquoi je ne faisais pas de « sports de filles », de la danse ou de la gym.
Ma famille aimait le fait que je sois un peu différente. Je n’étais pas celle qui jouait à la poupée ou à la dinette. Mon oncle qui était assez sportif me proposait souvent de l’accompagner à la boxe, à la piscine et même au karting. Je m’intéressais plus à la boxe mais j’avais honte de lui dire, car je suis une fille. J’étais censée faire des activités ou des « sports de filles ».
Plus tard, je me suis mise à chercher une salle autour de chez moi. J’ai vite trouvé et je me suis inscrite pour un cours d’essai. J’avais la boule au ventre. Je m’inquiétais un peu car je craignais d’être la seule fille. J’ai été très bien accueillie par l’entraîneur et le président de la salle de boxe. Il y avait déjà deux ou trois filles, ça m’a motivée. Le cours d’essai s’est très bien passé. Je me sentais enfin à ma place. Au fil du temps, les entraînements sont devenus de plus en plus intensifs, et le peu de filles qu’il y avait sont parties. J’étais désormais la seule au milieu de quinze hommes.
« J’avais peur de remonter sur un ring »
Je me suis souvent mise à l’écart lors des sparrings [une forme d’entraînement pratiquée dans de nombreux arts martiaux, ndlr], malgré les encouragements du coach. Après quelques entraînements, j’ai enfin eu le courage de faire un sparring avec un garçon et tout s’est bien passé. Mais un jour, un camarade m’a mise KO avec un gros coup au foie. Je me suis pliée en deux sur le ring et j’ai essayé de reprendre mon souffle comme je pouvais. À ce moment-là, je me suis dit qu’une femme n’aura jamais la même force qu’un homme, peu importe sa taille ou son poids.
J’avais peur de remonter sur un ring après cet accident. Je parlais de boxe à mes copines et j’essayais de ramener des filles à la salle pour faire des sparrings avec elles. Mais elles n’étaient pas intéressées : pour elles, c’était un sport de garçons. J’ai alors décidé de m’entraîner tous les jours, car c’était hors de question que j’arrête de faire ce qui me plaisait vraiment. J’ai travaillé dur et j’ai trouvé le courage de remonter sur le ring, avec un homme. Mais ça me dérange de m’entraîner avec des garçons. Pour les sparrings ou les combats, c’est mieux de ne pas être en mixité. Il faudrait plus de filles dans la boxe.
Adriana, 19 ans, Montreuil
Crédit photo Pexels // CC Pavel Danilyuk
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