Objectif : intégrer l’équipe des valides
Aujourd’hui, j’ai deux entraînements de foot par semaine et un de hand adapté. Mon handicap, c’est la dyspraxie. J’ai aussi un peu d’autisme, un handicap invisible. Le sport, ça me fait vibrer, ça me fait vivre. C’est important. Ça me permet d’être en forme et de sortir de mes angoisses. J’ai déjà testé le ping-pong, le basket, le hockey sur glace, le badminton… Sans le sport, j’aurais été bloqué dans beaucoup de choses au quotidien. Le jour où je perds ça, je sais que mon corps et ma tête ne vont plus être bien.
Le foot, c’est du plaisir. Je suis dans l’équipe senior des 18-35 ans. On joue en Régional 2, un niveau amateur confirmé. Même si je suis frustré de ne pas jouer tous les dimanches parce que j’ai baissé de niveau, je suis content d’être dans ce groupe et dans la compétition. Dans mon club, je me sens bien.
Envie de compétition
Le hand, c’est un sport que j’ai découvert à l’association sportive du collège, en troisième. Comme je jouais bien, les profs m’ont dit de continuer. Il y a trois ans, une amie de ma mère m’a proposé d’intégrer une équipe de hand adapté. Je l’ai fait et j’y suis encore parce que j’aime les personnes et l’ambiance. Je suis un moteur pour l’équipe. Les gens veulent m’affronter parce qu’ils savent que je suis toujours à fond dans les entraînements. Ils savent que quand on fait un match, je suis toujours à fond à la fin.
Je suis quand même très frustré parce qu’on ne fait pas de matchs contre d’autres équipes, même adaptées. On ne peut pas réellement voir si on a le niveau et si l’équipe se tient. Si on ne fait pas de matchs, c’est parce qu’il y a beaucoup de personnalités différentes, qui apprennent différemment, et beaucoup de difficultés, que ce soit dans la concentration ou dans la compréhension des exercices. On n’est pas tous prêts à affronter d’autres joueurs. En plus, il y a très peu de clubs avec des sections adaptées.
Silence radio
J’essaie d’intégrer l’équipe senior, pour montrer que je peux faire quelque chose en dehors de l’équipe adaptée. J’ai fait un essai. L’entraînement était assez cool. Il n’y avait pas d’enjeu. C’était avant les vacances. J’arrivais à faire pas mal de choses mais ce n’était pas un vrai essai, en fait. Les joueurs jouaient tranquilles. Je me suis mis à jouer pareil, en mode détente. J’ai bien aimé, mais j’aurais préféré qu’il y ait un peu plus d’intensité pour voir si je pouvais tenir. Ils n’ont pas vu ma détermination et le niveau que je peux avoir. Après ça, il ne s’est rien passé. J’attendais qu’on me dise ce qu’on pouvait mettre en place pour que ça marche. Je suis assez grand pour parler et je peux aussi entendre que je ne suis pas prêt. C’est la première fois que je me retrouve dans une situation comme celle-ci. Je ne comprends pas. Peut-être qu’il y a la peur du handicap ? Peut-être qu’ils ne savent pas comment faire ?
Ma mère a fait une démarche auprès de la Défenseure des droits pour dénoncer cette situation. J’ai peur de devoir quitter le club à cause de ça, alors que je l’aime bien malgré tout. Tout ça m’a mis en colère, m’a complètement bloqué et démotivé. J’ai même quitté le club pendant un an, parce que je me suis senti en décalage avec mes coéquipiers de l’équipe adaptée. J’ai fini par me réinscrire. Ça me manquait. Je pense que si je n’ai pas de réponse avant la fin d’année, pour savoir s’il y a une suite motivante pour moi, je vais arrêter le hand. Pourtant, c’est vraiment le sport que j’ai envie de pratiquer depuis la troisième. Si j’arrête le hand, je pense que ça me renfermerait sur moi-même.
Xavier, 25 ans, salarié, Arcueil
Crédit photo Pexels // CC Bence Szemerey
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