Après l’enfance maltraitée
Les chiffres ont beau être connus, ils continuent à faire froid dans le dos. Tous les cinq jours, un⸱e enfant meurt au sein de la sphère familiale. Toutes les trois minutes, un⸱e enfant est victime de viol ou d’agression sexuelle, dont les trois quarts (77 %) se déroulent au sein de la famille.
C’est dans les leurs qu’Alma, Beverly, Océane et Mya ont vécu des violences physiques, psychologiques et/ou sexuelles lorsqu’elles étaient enfants. Comme elles, près d’un quart (24 %) des Français⸱es de plus de 18 ans estiment avoir été victimes de maltraitances graves dans leur enfance, selon les données du plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Le stress induit par celles-ci perturbe le développement du cerveau des jeunes victimes. Et elles altèrent, parfois à vie, leur santé physique et mentale, comme en témoigne l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
Une fois adultes, ces enfants ont, en effet, une plus grande propension à subir ou commettre des violences et une plus forte exposition à la dépression, la toxicomanie ou l’alcoolisme, notamment. Lorsque les mauvais traitements sont cachés, comme c’est souvent le cas quand ils se déroulent au sein de la famille, aucun·e professionnel·le de santé ne peut soutenir les enfants qui la subissent.
Océane a souvent pleuré sous les coups de son père, alcoolique, en attendant que ça passe. Devenue mère, la jeune femme de 22 ans a réussi à mettre des mots sur les maux et n’imagine pas une seconde pouvoir lever la main sur son enfant.
Pendant de nombreuses années, Beverly a minimisé la violence de ses parents à son égard et en a même eu honte. À 24 ans, elle veut que la honte change de camp. Elle partage aujourd’hui les violences subies et s’occupe de sa santé mentale. Un long parcours de soin depuis le réveil de sa mémoire traumatique et la prise de conscience de ce qu’elle a vécu.
Alma avait 7 ans quand elle a été victime de la première agression sexuelle de son beau-père. Aujourd’hui, grâce à un signalement fait par une assistante sociale de son collège, l’adolescente de 16 ans ne vit plus avec son agresseur. Mais elle a perdu confiance en sa mère, qui n’a pas cru à son récit.
Après plusieurs fugues pour alerter sur sa situation, Mya, elle, a pu échapper aux coups, insultes et manquements de ses parents. Après l’intervention de la police et une décision de justice, elle a découvert et partagé le quotidien d’une famille d’accueil aimante. Mya vit désormais à nouveau chez ses parents, accompagnés dans leur parentalité par une éducatrice.
La rédaction
Une série illustrée par Merieme Mesfioui
1/4 Les marques de la violence
Océane a grandi avec un père violent et alcoolique. Aujourd’hui mère, la jeune femme de 22 ans n’imagine pas pouvoir lever la main sur son enfant.
2/4 Se défaire de la honte et parler
Beverly, 24 ans, a longtemps minimisé les violences familiales qu’elle a subies. Depuis trois ans, elle regarde ses traumatismes en face et s’occupe de sa santé mentale.
3/4 Le dégoût du sentiment amoureux
Quand Alma était enfant, son beau-père l’a agressée sexuellement. Sa mère a ajouté à sa douleur en ne la croyant pas. Aujourd’hui adolescente, elle éprouve des blocages dans son quotidien et son rapport au sentiment amoureux.
4/4 Un revirement parental inespéré
Mya a été maltraitée par ses parents pendant de nombreuses années. Après des fugues pour alerter sur son sort, elle a pu vivre au sein d’une famille aimante. À son retour chez elle, les choses ont changé grâce à l’intervention d’une éducatrice.