Aïcha F. 29/09/2024

Dakar, loin de la vision idéalisée du bled

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Aïcha connaît bien le Sénégal et aime beaucoup ce pays. Pourtant, la dernière fois qu’elle y est allée, sa vision d’un pays hospitalier a changé.

En été, je suis partie dans mon pays préféré : le Sénégal. J’avais l’habitude d’y aller lorsque j’étais plus jeune. Je savais à peu près à quoi m’attendre et j’étais vraiment trop impatiente d’y retourner. Je pensais que j’allais faire de nouvelles rencontres, parler avec des inconnus et m’amuser, comme d’habitude. Rien ne s’est passé comme prévu.

Je me suis retrouvée pour la première fois seule en vacances sans mes parents et j’ai découvert un nouveau visage de ce pays que j’affectionne tant. L’hospitalité, tant mentionnée pour décrire le Sénégal, avait disparue. J’ai vu des comportements très désagréables de la part des locaux auxquels j’ai parlé. Les chauffeurs de taxi étaient très malpolis et parlaient de façon très agressive. Je crois que le pire c’est lorsque je voulais acheter quelque chose : les vendeurs gonflaient systématiquement le prix.

« Supprime, supprime, c’est interdit ! »

Je me suis même fait agressée. Un jour, avec ma tante, on a décidé d’aller au marché HLM, qui est très populaire à Dakar, pour m’acheter des souvenirs avant mon retour. J’ai trouvé le marché très joli, avec toutes ses lumières et ses couleurs. J’ai donc voulu prendre une vidéo du paysage, ce que j’ai l’habitude de faire en allant dans d’autres pays, comme l’Italie ou l’Espagne.

J’ai pris mon téléphone pour prendre une vidéo et là, un monsieur sorti de nulle part s’est mis à me hurler dessus ! Il m’a lancé : « Supprime, supprime, c’est interdit ! » Et il m’a même demandé de lui donner mon téléphone pour supprimer la vidéo. J’ai refusé. Il s’est avancé vers moi et a essayé de me l’arracher. Heureusement que j’ai eu le réflexe de le cacher dans mon soutif et que je ne me suis pas laissée intimider.

En faire des cauchemars

La chose qui m’a le plus choquée, c’est que personne, parmi les gens autour de nous, n’a réagi. Ma tante, qui s’était éloigné de moi au moment des faits, est revenue et a proposé au monsieur d’aller au commissariat pour porter plainte s’il considérait vraiment que le fait de prendre une vidéo de cet endroit était interdit. il a fini par partir. Une fois l’adrénaline redescendue, j’ai commencé à trembler et mes larmes ont commencé à couler.

Depuis ce jour, il m’est arrivé de faire des cauchemars dans lesquels le monsieur me poignarde car ma tante serait arrivée trop tard. J’ai compris que le Sénégal est un pays très insécure en voyant mes tantes systématiquement enlever leurs bijoux et ranger leurs téléphones dès qu’on sort dehors. Avant ce voyage, j’avais toujours eu une vision assez utopique du bled, dans laquelle tout est parfait. Je me voyais y vivre plus tard.

Aïcha, 17 ans, lycéenne, Pontoise

 

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