Bilal K. 20/01/2025

« J’aime prendre des risques au volant »

Quand il conduit, Bilal, 22 ans, adore les sensations fortes. Entre drifts et infractions, ce passionné de voitures sportives a tout de même conscience du danger.

Je n’ai pas peur de la vitesse. La première fois que j’ai accéléré, j’étais à 240 km/h sur l’autoroute Tunis-Djerba. J’étais seul pour ne pas tuer des personnes en cas d’accident. C’était aussi la première fois que j’étais dans une voiture sportive aussi puissante, une BM de compétition. J’ai accéléré à un moment où il n’y avait personne devant moi. La route était toute droite. Il n’y avait pas de virage, rien. La fenêtre était entrouverte pour que l’air rentre, j’écoutais de la musique. Je ne me rappelle plus quoi, j’étais trop concentré. Il y avait de l’adrénaline mais je n’avais pas peur. La pédale était au fond. Quand il y avait des virages, je ralentissais et je faisais des drifts. J’avais 18 ans.

J’ai refait des drifts, en France. Quand il y a eu de la neige en novembre ! C’était juste pour jouer. Je partais faire les courses. Je ne voulais pas jouer à la base. Je me disais : « Je vais pas prendre de risques », parce que je n’étais pas seul sur la route. Mais je voyais la neige, alors finalement je me suis dit : « Il faut pas rater cette occasion. » J’étais à 50 km/h, je prenais le frein central, je le remettais, et je tournais le volant en même temps. Tout ça au rond-point. Les autres voitures ont eu peur. Elles se sont mises à une distance de 20 mètres. Alors j’ai arrêté, si la police me voyait… 

ParisMarseille à 200 km/h

J’ai ma voiture depuis deux ans. Une Renault. Mais je suis fan de BM. Je lis tout le temps des textes qui parlent de BM, de changements de moteur : comment mettre un moteur plus puissant, quels sont les éléments à changer sur son moteur pour avoir plus de puissance… Si je suis à 70 km/h, je me dis : « Plus, plus, plus. » Et quand je suis à 100, 110, il y a encore un truc dans ma tête qui me dit d’accélérer plus. C’est comme des hormones ou un truc comme ça qui montent dans le cerveau.

En Tunisie, en vacances, je roule avec la BM compétition d’un pote. Elle est ultra chère, puissante. Elle a toutes les options. Quand je le vois, il me passe la clé. Il me la prête deux jours par semaine. On fait un petit tour avec, on se balade. 

Il y a un an, j’étais dans une BMW M5 Competition sur la route entre Paris et Marseille. On était à 200. C’était aussi la voiture d’un pote. J’étais avec lui, je conduisais. On a été rattrapés par la police. J’ai eu un retrait de points.  

« Quand je suis énervé, je fais tout »

Parfois, je m’énerve au volant. Une fois, la voiture de devant s’était mise à gauche et roulait doucement. Et ça, il ne faut pas le faire. Moi j’étais pressé, alors j’ai accéléré pour dépasser par la droite tous les véhicules qui me ralentissaient. 

Il y a un autre truc que j’ai fait. Heureusement, la police ne m’a pas vu. Vous voyez quand il y a un bouchon et que la police passe au milieu ? Eh bah j’ai fait comme eux. Ça ne roulait pas, j’étais bloqué depuis une heure et j’étais en retard. Je sais qu’il ne faut jamais faire ça, mais j’étais énervé. Et quand je suis énervé, je fais tout. Je me lâche et après je me calme. 

Je n’ai jamais eu d’accident mais j’ai déjà failli en avoir un. Les pneus avant étaient en mauvais état et j’ai failli glisser en freinant. Je n’ai pas vraiment eu peur. Je ne suis pas en moto. En voiture, on a la carrosserie qui protège un petit peu. 

Mais là avec le permis, ça devient compliqué. Il me reste six points sur douze. Maintenant, je fais plus attention. Sinon, je devrais repartir de zéro.

Bilal, 22 ans, en formation, Essonne

Crédit photo Hans Lucas // © Vincent Jarousseau Photo issue de la série « Sur les traces du quinquennat ». À son arrivée dans la Creuse, Ismael a été pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. À sa majorité, une fois le permis de conduire et le CAP en poche, il a trouvé du travail dans le secteur des travaux publics. La Souterraine, le 12 novembre 2021.

 

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