Caroline H. 05/05/2017

Elève réservée devenue phobique scolaire…

tags :

Depuis toute petite, j'entends dire que je suis « réservée »... Des réflexions loin d'être sans conséquences. Remises en question, phobie scolaire, le parcours a été douloureux pour qu'aujourd'hui je m'assume. Réservée ? Oui, et alors ?!

Cela veut dire quoi « être réservée » ? Depuis la maternelle, j’entends ce mot « réservée ». Et à 24 ans, encore. En ressortant les bulletins scolaires, le terme « réservée » revient sans cesse. Pourtant, les moyennes sont plus que correctes, voire même très bonnes. Tout va pour le mieux, sauf que je suis « réservée ».

Mince, quelque chose ne va pas chez moi, Mes notes sont très bonnes mais c’est moi qui ne va pas, ma personnalité « réservée » ne plait pas aux professeurs. Pourquoi ?

« Je suis nulle, je n’arriverai à rien »

« À mes yeux elle n’existe pas » a dit un professeur de SVT à mes parents lors d’un rendez-vous parents/professeurs en 5ème. J’avais pourtant 17 de moyenne.

« La pauvre, on va l’oublier si on ne la met pas au premier rang devant le bureau du professeur. Qu’en pensez-vous les autres ? » a dit ma professeure principale à toute la classe en Terminale.

Je ne lui avais rien demandé. Au contraire, laissez-moi tranquille.

Je ne faisais de mal à personne. J’étais attentive, je ne mettais pas le bazar en classe, je ne bavardais pas, mes devoirs étaient faits, j’avais de bons résultats. Alors quoi ?!

La phobie scolaire est arrivée. Je ne voulais/pouvais plus rentrer au lycée. Nausées, vertiges, angoisses. J’avais 17 ans. « Je suis nulle, je n’arriverai à rien. Ma personnalité ne plait pas aux gens, je ne vaux rien. Je m’en veux d’être comme ça, d’être moi. »

J’ai arrêté le lycée, j’ai pris mes cours de Terminale par correspondance. J’ai eu mon bac. La délivrance.

J’ai suivie une thérapie qui m’a permis de ne pas me foutre en l’air, d’apprendre à me connaître, à m’accepter, et à enfin m’aimer telle que j’étais.

Je suis moi-même et j’aime ça

Maintenant j’ai 24 ans. Encore aujourd’hui, j’entends : « Vous êtes trop réservée, sortez de l’ombre, imposez-vous. » Et si je n’en ai pas envie ?

Si, justement, le fait d’observer avant d’agir, ne pas foncer tête baissée, ne pas parler pour rien dire, ne pas faire semblant, c’était ce qui me caractérisait ? Et ce qui, maintenant, me plaisait ?

Avant, en entendant ce mot, j’aurais remis en question toute ma personne, je me serais dénigrée, détestée. Plus maintenant. Je suis adulte, j’ai le droit d’être comme je suis. On ne m’a jamais reproché quoi que ce soit sur mon travail, bien au contraire, mais je suis juste « réservée ». Et bien soit. Si cela vous plait de le dire, c’est vous que ça regarde. Moi, ça ne m’atteint plus.

J’aime la personne que je suis devenue. Malgré ma phobie scolaire, j’ai repris un cursus en université, j’ai obtenu une licence en Sciences de l’éducation (tiens tiens), je suis animatrice l’été. Et actuellement je suis en Service Civique dans une association d’éducation populaire. J’aide les autres, je suis en adéquation avec mes valeurs. Et je suis moi-même.

Je sais que la route reste longue mais j’avance, à mon rythme, sans (laisser les autres) me détruire. Et c’est ça le plus important.

 

Caroline, 21 ans, volontaire en service civique, Rouen 

Partager

1 réaction

  1. Ton article est très bien ,je me reconnais totalement dedans… Toute ma vie on m’a dit que j’étais réservée, trop timide….

    J’ai un léger handicap physique, et sur mon dossier médical quand j’étais toute petite, le médecin avait noté « inhibé » en rajoutant que c’était normal car les gens ayant mon handicap était « soit inhibés soit extravertis » Oui, en gros,ils ont leur propre personnalité, quoi…. Qu’est ce que c’est que cette manière de toujours vouloir ranger les gens dans une case par rapport à une norme.? Maintenant, même la personnalité est soumise à jugement, on lui donne des pseudos raisons psychologiques ou médicales…Je n’ai jamais compris le délire.

    Alors, oui, c’est vrai, je suis timide… Mais, j’ai fait comme toi, j’en ai pris mon parti. Je suis timide et ça fait partie de moi, il n’y aucune raison psy ou médicale derrière, c’est juste ma personnalité. Il ne faut pas chercher plus loin et celui qui n’est pas capable de m’accepter telle que je suis peut passer son chemin…

Voir tous les commentaires

Commenter