À 16 ans, je me sens déjà adulte
Dans la tête des adultes, on ne peut pas être indépendante et mature en étant mineure. Avoir 16 ans en 2021, c’est dur. Pourquoi, avec deux ans de plus, on pourrait plus savoir être « adulte » ? Il faut arrêter de croire que les adolescents ont la vie simple.
Avoir 16 ans, aller à l’école, avoir des amis, apprendre à connaître, à aimer, à être aimé, c’est pesant. Notre société a fixé un âge qui est associé à la « maturité ». Il faut attendre 18 ans pour être capable de faire des choix, voter, se gérer… Mais ce n’est pas parce qu’on a 16 ans qu’on pense juste à se bourrer la gueule, à fumer et à traîner avec des potes. Il faudrait commencer à nous prendre au sérieux. On a aussi des rêves professionnels, des envies de gagner notre propre argent.
Je ne suis plus sa fille, mais une salariée
Quand mon père a besoin d’aide ou que je suis en manque d’argent, je vais travailler dans son magasin. Et mon père n’est « plus mon père » lors d’une journée de taff. Je deviens une salariée. Je fais de la mise en rayon, je conseille des clients pour trouver des produits et quelquefois je fais un peu de caisse. Mon père me fait confiance alors que je n’ai que 16 ans. Et oui, les adolescents sont capables de faire un travail « d’adulte ».
« Attends 18 ans et tu pourras faire ce que tu veux. » « Arrête de faire la meuf/mec responsable, t’as que 16 ans. » En général, ces phrases sortent de la bouche des adultes, qui ne considèrent pas les jeunes comme leurs égaux. Il y a sûrement des jeunes qui préfèrent rester des « enfants » et faire des conneries d’adolescents en se disant : « On a toute la vie pour devenir grand. » La maturité, ça « fait vieux » mais en même temps ça nous permet d’évoluer.
Mais justement, plus on est « adulte » rapidement, plus vite on devient indépendant et plus vite on est pris au sérieux. Et, croyez-moi, c’est plus agréable d’être considéré comme une adulte.
Avoir l’occasion de prouver son autonomie
Chacun son moment pour commencer à vivre seul. L’indépendance vient avec la liberté et la confiance que nous donnent nos parents. Mes parents peuvent me laisser la maison s’ils partent en déplacement car ils savent que je sais me gérer et que je ne vais pas faire de conneries. Savoir faire ses propres courses, se faire à manger (autres que des pâtes), vivre dans une maison propre en faisant le ménage, les machines… Je suis capable de le faire.
L’occasion de prouver son autonomie vient à différentes périodes et niveaux chez les enfants et adolescents. La Croix s’est interrogé sur ce qu’est l’autonomie et s’il est possible de la définir.
#Famille « Je vois bien que l’on veut des enfants autonomes aussi pour permettre aux parents de travailler davantage et d’avoir du temps pour eux. »
👉 L’autonomie chez les enfants, une nouvelle injonction ?#éducation #parents #parent #enfant https://t.co/d654gC1psB
— La Croix (@LaCroix) October 3, 2020
Une fois, mes parents étaient partis en week-end dans notre appartement dans le Sud pour faire des travaux. J’étais seule à la maison, mes frères n’étaient pas sur Paris. J’ai prévenu mes parents que j’invitais quelques potes pour ne pas rester seule. Comme ils me font confiance, tout s’est bien passé, aucune bavure : c’était franchement cool de goûter à l’indépendance.
Avoir de la maturité, c’est penser aux conséquences
Si les parents ne nous donnent pas ces occasions de montrer notre autonomie, elle ne peut pas se créer. On ne m’a pas particulièrement appris à me gérer. La maturité vient à partir du moment où l’on pense aux conséquences de ses actes comme « encadrer » un minimum ses soirées, pour ne pas que ça tourne au fiasco.
Parce que bon, c’est « drôle » de se mettre des mines à chaque soirée et puis de se dire : « À quoi bon se retenir, de toute façon les potes sont là pour m’aider après. » C’est vrai, les potes seront toujours là, mais autant finir la soirée avec eux en étant pompette et donc en pouvant se gérer soi-même que d’avoir besoin de quelqu’un pour le faire.
Sophia est devenue responsable à 17 ans malgré elle. Dans sa famille, c’est elle qui gère la paperasse : « Avoir cette responsabilité sur le dos, ce n’est pas simple, parce que l’administration ça ne rigole pas. »
Tout ça pour vous dire que nous sommes capables d’être adultes et d’avoir 16 ans en même temps. De travailler seul, sans avoir besoin que papa et maman viennent vérifier les devoirs. De voir l’école comme une chance et donc se donner dans le travail ou, du moins, de trouver le juste milieu entre nos études et nos loisirs de « jeunes ».
Louisa, 16 ans, lycéenne, Paris
Crédit photo Unsplash // Isaac Owens