La fac à la maison, une autre manière de vivre et surtout d’étudier
Je suis étudiante en master de droit pénal dans une fac parisienne. Du coup, a priori, la fac à distance c’est pas trop un problème. C’est pas comme certains de mes amis en Histoire qui bossent sur des livres qu’on trouve qu’à la BNF en consultation sur place par exemple. Quasiment toutes les ressources avec lesquelles j’étudie sont en ligne.
Dans un premier temps, quand j’ai appris le confinement, j’étais en mode « Oh génial y a plus besoin de prendre les transports pour aller en cours, plus cette fatigue ! » C’était vraiment la joie.
Après, le stress l’a vite remplacée. J’étais en mode « Merde comment on va faire pour les validations, les cours, etc. », d’autant plus que la période des partiels arrive à grands pas, et que je suis dans une année très sélective. Il y a eu une petite semaine de flottement. Normal, la fac n’était pas organisée, donc le temps qu’il y ait la réunion, qu’ils reviennent vers nous… Une semaine un peu angoissante.
Des profs de fac qui ne maîtrisent pas les outils informatiques
Ils ont fini par revenir vers nous. Parfois avec des bonnes surprises, genre par exemple les profs qui nous font des Facebook Live. Ça c’est génial parce que toute la promo est connectée en même temps. Parfois, c’est des mauvaises surprises, genre des profs qui refusent d’utiliser d’autres outils que ceux de l’ENT. Alors que ceux-ci ne sont pas adaptés à ce qu’il y ait plus de 50 personnes dessus. Galère quand on est des promos à plus de 150. Certains cours ont donc pu se poursuivre facilement, et d’autres… ont disparu. Tant pis pour le programme, après tout « c’est une période particulière » qui justifie qu’on s’arrête à la moitié du programme, non ?
Ça donne aussi des scènes assez cocasses. Par exemple, une prof nous demandait de désigner dix volontaires de la promo qui suivraient son cours le mercredi, et dix autres le vendredi. Elle ne voulait pas faire un cours pour tout le monde, car on est énormément dans la promo. Or, personne ne voulait recevoir les notes de cours pris par les autres. La prof s’est énervée sur le tchat de discussion, en disant qu’on était « que des individualistes ». Bref, un bordel sans nom.
Depuis le début du confinement, tous les étudiants en études supérieures travaillent à la maison… et ça peut être compliqué pour se motiver et s’organiser. L’Etudiant donne quelques conseils !
Un autre prof utilise une appli pour faire un cours en ligne, mais ne la maîtrise pas. Il ne nous acceptait pas à la conférence via l’appli donc on est plein à avoir loupé la moitié du cours en attendant qu’il capte qu’il y avait plein de gens en attente. Les aléas des cours à distance donnés par des profs qui ne maîtrisent pas bien les outils informatiques ou en ont peur quoi… Certains profs nous font les cours en podcast aussi : ça c’est génial parce que t’écoutes quand t’es disposé à bosser sur la matière.
Je suis moins productive qu’avant
Cette organisation est un peu plus compliquée que dans la vie « normale ». Parce que t’es pas occupée le soir, à aller au baby-sitting, au sport, etc. On peut plus se dire : « J’ai deux heures, je fais ça à fond et c’est fini. » Là, tu sais que t’as toute la journée devant toi. Donc je vais être beaucoup moins productive, paradoxalement, que quand j’ai mon rythme de vie normal. J’ai jamais passé autant de temps devant mes cours, car je culpabilise si je fais d’autres trucs, mais je n’arrive pas à travailler efficacement.
En tous cas, pour me détendre, je peux toujours aller sur la page Facebook de la promo où certains élèves au mauvais esprit foutent la merde. Par exemple, une élève s’est auto-élue déléguée de promo, a pris l’administration et la modération du groupe Facebook. Elle a créé un règlement intérieur et filtre les messages et commentaires qui peuvent être postés. Tous ceux qui oseront mettre des gifs, par exemple, pourront être suspendus du groupe de la promo. Quant à ceux qui critiqueront les profs ou l’administration, elle a décidé qu’elle les dénoncerait. Cherchez l’erreur… On a du créer un nouveau groupe de promo. Pas besoin de Netflix donc : j’ai ma dose de drama.
La vie continue…
Maintenant, on nous a donné des dates : les partiels arrivent dans trois semaines. Je suis plus productive que lorsque c’était le flou complet. Selon les profs, ce sera soit des oraux par Skype, soit un sujet déposé sur l’ENT à rendre à une heure précise. Soit… pas de partiel.
Profs débordés et élèves sans matériel pour accéder aux cours en ligne : le confinement est compliqué aussi du côté des collèges et des lycées. On vous en parle dans notre podcast : « École confinée, paye tes inégalités »
Donc, qu’est-ce que j’en pense de la fac à la maison ? On s’adapte hein, « life goes on ». Puis apparement, il pourrait y avoir plus de pandémies pendant les années à venir… Autant s’habituer dès maintenant à d’autres manières de vivre sa vie et, en l’occurrence, d’étudier.
Jeanne, 23 ans, étudiante, Paris
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