Faire kiné, un prof m’en a dégoûté !

On nous répète sans cesse qu’on est libres de nos choix, ou qu’on doit choisir quelque chose qui nous plait. Pourtant, c’est la situation inverse qui s’est imposée à moi, ou plutôt, c’est un prof en particulier qui a réussi à me l’imposer, en me dégoûtant totalement du métier que je voulais choisir.

Quand je me suis réorientée en fin de seconde pour me lancer dans une filière technologique Santé et Social, j’avais une idée bien précise en tête : devenir kiné. J’étais déterminée et prête à m’en donner les moyens, jusqu’au jour où… je n’ai plus voulu entendre parler de ce métier. Tout le monde croyait en moi, sauf une personne : un professeur que j’avais seulement deux heures par mois, appelons-le Monsieur Z.

Ses cours étaient basés sur la réalisation de CV, l’écriture de lettres de motivation qui vous font sortir du lot ou encore, la bonne manière de s’adresser à un professionnel. Des points essentiels qu’il me fallait connaître pour réussir.

Un cours qui ne me sert à rien

Je fais donc part de mon projet et de mon envie de devenir kiné à ce prof. Directement, il me dit que c’est « impossible » et que je peux abandonner l’idée. Surprise, je cherche légitimement à comprendre pourquoi, mais il refuse de m’expliquer. Étant donné que je suis têtue, je n’écoute pas ce qu’il me dit et je continue mes recherches, je vais à des salons et je me renseigne auprès de professionnels. A ce moment-là, je ne voulais pas l’écouter parce que pour moi, rien n’est impossible. Il fallait absolument que je trouve un moyen pour y arriver.

Au cours suivant, Monsieur Z me néglige totalement : il ne vient plus voir mes avancées, il ne m’interroge plus, il ne répond plus aux questions que je pose. Je ne comprends pas pourquoi, d’ailleurs personne ne comprend. Tous mes camarades de classe me demandaient si j’avais fait quelque chose de mal pour qu’il réagisse comme ça.

Les cours commencent à se ressembler, j’ai l’impression de venir pour rien puisqu’il ne me calcule même pas. Je décide donc de ne plus suivre ses cours. Je ne sais pas trop si c’est une bonne idée, je me dis que ça va sûrement l’énerver davantage, mais bon, je le fais quand même. Je me dis que ça ne sert à rien de perdre mon vendredi après-midi pour un cours qui ne m’apporte rien.

Pendant ce temps, je continue d’avancer dans mes recherches, parce que même si ça me fait mal de l’avouer, il n’avait pas totalement tort : c’est compliqué pour quelqu’un issu d’un bac techno. Les débouchés sont restreints et il y a des préjugés.

Au bout de trois mois, je finis par y retourner en pensant que sa « colère » était passée et que comme c’est un prof, il saurait prendre sur lui et prendre du recul.

Je me suis trompée.

« Tu n’arriveras à rien dans ta vie »

J’ai à peine franchi le seuil de la porte que Monsieur Z m’exclut de cours ! Je ne bouge pas et je rentre dans la salle pour le « confronter » à sa décision et obtenir des explications.

Il s’énerve en se mettant à crier et on se dispute comme jamais je ne m’étais disputée avec un prof. Au début pourtant, j’ai gardé mon calme, mais le respect va dans les deux sens. Et j’ai donc commencé à m’énerver.

Il tient des propos blessants et démotivants du style « tu n’auras pas ton Bac », « tu es une moins que rien », « tu te surestimes beaucoup trop », « tu n’arriveras à rien dans ta vie et encore moins à accéder au métier de kiné »… Et j’en passe.

Après cette confrontation, je sors rapidement de la salle, je ne pleure pas, non. Enfin, peut-être un peu. Je suis surtout énervée et déçue, et ma confiance en moi en a pris un sacré coup.

Depuis, j’ai complètement abandonné le projet de devenir kiné alors que c’était quelque chose qui me tenait énormément à cœur. Je ne crois plus du tout en moi, je me suis dit que cela ne valait pas le coup…

Nawel, 18 ans, Paris

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