Je suis comme un OVNI au milieu des riches
Depuis que j’ai deux ans, j’habite dans le quartier du Marais à Paris avec ma maman dans un petit appart cosy. On s’est retrouvées dans ce quartier de bourgeois par hasard. Coup de chance ou de malchance ? J’ai fait pratiquement toute ma scolarité là-bas. Mais c’est au collège que j’ai commencé à souffrir.
Je me suis retrouvée au collège Pierre-Jean de Béranger. Un ancien hôtel particulier situé en plein coeur du Marais. Tous mes camarades étaient des Paul, Jules, Blanche, Jeanne, fille et fils de. Moi j’étais une métisse. La seule de mon collège. C’était chaud !
Je suis fille d’une infirmière d’origine espagnole et d’un père qui bosse chez Darty. Un grand renoi sénégalais, le père qui blague pas quoi ! Tandis que les parents de mes camarades étaient pratiquement tous médecins, avocats ou stylistes.
Au collège, j’enviais mes copines !
À douze ans, mes copines avaient déjà toutes des sacs Vanessa Bruno et des pulls Zadig et Voltaire. Des marques de luxe que des gamines ne devraient pas porter. Tous mes copains avaient les fameuses doudounes Finger in the Nose : 300 balles minimum, sans compter ceux qui l’avaient en plusieurs couleurs. Ils avaient aussi bien sûr déjà tous les derniers iPhone, que ma mère n’aurait jamais pu me payer. Je les enviais tellement.
Une fois, une copine m’a invitée chez elle. J’ai ouvert la porte et là : c’était un truc de ouf ! On aurait dit un musée tellement il y avait d’œuvres d’art et de tableaux dans son appart d’au moins 100 mètres carrés ! Les autres avaient des apparts aussi grands, voire plus. Parfois même sur plusieurs étages ! Moi, je vis à quelques mètres de chez eux, dans moins de 70 mètres carrés.
Pas à ma place parmi les riches
Mes copines avaient aussi (attention gros cliché) une petite maison dans le sud avec piscine. Ou encore la fameuse maison de campagne de papi et mamie avec tous leurs chevaux… alors qu’elles ne faisaient même pas d’équitation ! Une maison de campagne dans laquelle elles n’allaient presque jamais vu que l’été, elles partaient toutes aux États-Unis, à Hawaï, Bali ou autres. Alors que moi, juste pour partir en Espagne, c’était la galère.
Je me sentais tellement différente ! Différente physiquement, à cause de ma couleur de peau, mes cheveux bouclés, mais aussi de mon corps : j’avais plus de formes que mes amies qui étaient toutes filiformes, type mannequin avec des longs cheveux lisses. Et différente socialement. En me comparant à tous ces riches, je me sentais clairement inférieure alors qu’en réalité je ne suis pas pauvre !
Je ne me sentais absolument pas à ma place. J’étais comme un ovni parmi ces bobos du marais ! Mais avec le temps… je m’y suis faite.
Cynthia, 17 ans, lycéenne, Paris
Photo CC masha // Flickr