Je suis en formation et je le resterai toute ma vie
Expression prioritaire. Expression populaire. Voilà des notions qui me plaisent. L’expression du peuple. Je suis entrée en formation de monitrice-éducatrice il y a un an et demi, à Limoges. Manque de confiance en moi, sûre de ne pas être à la hauteur, j’y ai quand même mis les pieds. Le labeur a commencé. En formation j’étais, en formation je suis. Quelle révélation ! Je me mets/remets en question. Pas de rendements demandés. Pas de résultats attendus. Pas d’objectifs fixes repérés. Pas d’évaluations procédées. On ne parle pas de ce qui manque mais de ce qui est là. Chacun est là tel qu’il est.
J’apprends à écouter l’autre et à m’écouter. A m’accepter telle que je suis. Avec mes qualités et mes défauts. J’apprends la tolérance. Pas de jugement de valeur mais juste de l’expression. De soi, de toi. De mes/tes/ses affects.
Je marche. Je parcours. Je rencontre. Je trébuche. Je me relève. Je tombe. Je m’envole. Je redescends sur terre. Je comprends. Je ne comprends plus. Je fuis. Je reviens. Je sais que je ne sais pas. Je me demande…
Je me demande pourquoi tout un chacun ne peut pas exprimer son individualité dans les institutions, dans les lieux publics, etc. Combien d’espaces aujourd’hui pour s’exprimer, pour parler de soi ? A l’école ? A la faculté ? Dans un club de sport ? Dans l’entreprise ? Peut-on dire « merde » ? Exprimer son individualité ne veut pas dire entraver la liberté d’autrui ou ne pas respecter. Je me demande pourquoi, à l’heure de l’individualisme ambiant, l’individu est-il si effacé. Peut-être doit-on parler d’individualisme de masse ? A quel prix une société peut-elle donner à chaque individu toute sa place ?
Est-on obligé dans un groupe, dans la société, de toujours trouver un consensus ? Si l’un veut blanc et l’autre noir, la solution peut, je le crois, être autre que griss. Et cela on me l’a appris. Car s’autoriser à être soi cela s’apprend.
Si on nous a donné l’opportunité de l’apprendre, nous pouvons, nous aussi, professionnels de demain, ouvrir des espaces pour inviter à cette expression.
Voilà mon chemin, voilà mon voyage. Je suis en formation et je le resterai toute ma vie.
Juliette, 20 ans, étudiante, Limoges