Thomas 09/12/2018

Ma famille s’est déchirée pour avoir ma garde

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J'avais 10 ans quand le juge m'a demandé de choisir entre continuer à vivre avec mon oncle et ma tante ou retourner habiter chez mon père... Un choix très difficile.

J’ai vécu chez mes cousins pendant trois ans sans mes parents. Avant ça, j’habitais avec mon père à Paris, dans le 10ème arrondissement, et tout se passait très bien. Suite à un incident familial, j’ai déménagé chez mon oncle et ma tante dans le 93, à Noisy-le-Grand. J’étais triste de quitter mon père et en même temps, c’était des membres de ma famille qui devaient me garder, donc ça ne me dérangeait pas non plus de vivre là-bas. Ils habitaient dans une maison avec leurs trois enfants. C’était pas une villa, mais c’était pas non plus trop petit, ça changeait de mon appartement.

J’avais 7 ans. J’ai dû changer d’école, me faire de nouveaux amis, bien m’intégrer dans ma « nouvelle famille », etc. Au bout de quelques temps, je me sentais « chez moi », mes cousins étaient pour moi comme mes frères et mon oncle et ma tante, comme mes parents. Je m’étais fait de bons amis, je commençais à bien connaître la ville… Bref, je m’étais bien approprié ce nouvel endroit. Malgré tout ça, mon père me manquait beaucoup. 

Le juge m’a donné le choix

Rapidement, le juge m’a donné le droit de le voir une journée par week-end. Parfois plus, ça dépendait. Mon père venait à Noisy, on sortait se balader, on mangeait dehors, on allait boire un coca ou un chocolat, entre père et fils. Au début, tout se passait bien entre mon père, mon oncle et ma tante. Ils discutaient, ne se disputaient pas encore. Puis, j’ai commencé à voir mon père de plus en plus longtemps. Je partais le voir sur Paris.

Après trois années, le juge a décidé de me donner le choix : soit je restais vivre chez mes cousins, soit je partais vivre avec mon père. Pour moi, c’était le dilemme ultime. D’un côté, je m’étais habitué et j’appréciais ma « nouvelle vie » et d’un autre côté, mon père me manquait beaucoup. Ma tante et mon oncle me répétaient sans cesse que si je le voulais, je pouvais rester chez eux, et mon père, lui, voulait rattraper ces années perdues. Je ne savais plus quoi faire. J’étais perdu.

« Où est-ce que tu veux vivre ? »

J’ai eu le droit à quelques mois avant de faire un choix. Pour cela, je me suis déplacé plusieurs fois au tribunal des enfants. C’était vraiment chiant, ça me saoulait. J’y allais avec ma tante et mon oncle, mon père venait aussi. Bref, tout le monde était là. On avait rendez-vous avec un juge dans une petite salle (comme une salle de bureau) pour parler de ma vie chez mes cousins et de mon ressenti par rapport à ça. Il y avait de la tension entre mon père, ma tante et mon oncle. Ça me mettait grave mal à l’aise. À chaque rendez-vous, le juge me prenait à part et me posait ce genre de question : « Où est-ce-que tu veux vivre ? » Je lui répondais à chaque fois : « Je sais pas. » À côté de ça, mon père, mon oncle et ma tante faisaient tout leur possible pour avoir ma garde. C’était un vrai combat.

Après plusieurs mois de questionnement, j’ai enfin pris une décision. Je savais que ça allait attrister ma famille, mais c’était mon choix : j’ai décidé de vivre avec mon père. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il me manquait. J’étais grave content, mais le fait de tout quitter (mes amis, mon école, mes cousins, leur maison) me rendait triste. 

À mon retour chez mon père, j’ai vite repris mes habitudes. Je connaissais déjà très bien « la maison », mais j’ai dû me réhabituer à mon ancien et mon nouveau « chez moi ». On a refait toute la déco de ma chambre : on a changé la peinture des murs, etc. Durant mon absence, plusieurs choses avaient changé. Mon père avait une nouvelle copine. Elle était très gentille avec moi et je l’aimais vraiment bien. On partait chez ses parents, à la campagne, c’était vraiment cool et ça changeait du milieu urbain. En arrivant au collège, j’ai revu plusieurs connaissances de l’école primaire, mais je me suis aussi fait de nouveaux amis. Malheureusement, je ne vois plus mes amis de Noisy-le-Grand. Mais mes cousins, eux, resteront mes cousins, malgré la distance.

 

Thomas, 18 ans, étudiant, Paris

Crédit photo Flickr // CC Piers Nye

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