Mon entrée fracassante dans le monde de l’éduc pop !
En juin dernier, fraichement non-diplomée d’un deuxième échec universitaire et n’ayant toujours pas la moindre idée de ce que j’allais faire de mes cinquante prochaines années, j’ai décidé de faire une année de coupure. De coupure utile. Une amie étant engagée dans un volontariat au sein d’UnisCité et l’idée de fuir, voguant en voilier trois mats n’étant pas très sensée, je me suis penchée sur la question du volontariat. « Un engagement auprès d’une association, d’une durée comprise entre 3 et 12 mois, ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans. »
Après m’être décidée à me rendre utile, il me fallait trouver la structure. Je me suis donc gentiment dirigée vers le site internet prévu à cet effet et… J’ai hésité. Il y avait énormément d’associations que je connaissais (ou pas du tout) qui semblaient chouettes, et je n’avais aucune idée de mes chances d’être retenue dans l’une d’entre elles. J’ai finalement été reçue en entretien à l’Afev, où j’avais été bénévole deux ans plus tôt, mais dont je ne savais pas grand-chose. Et ils ont bien voulu de moi. Je suis partie m’aérer, puis l’été passé, je suis revenue dans la plus belle ville du monde : Marseille.
Comment est-ce que ça allait se passer concrètement ?
L’Afev, l’Association de la Fondation des Etudiants pour la Ville, est le premier réseau d’éducation populaire en France. L’éducation populaire, c’est l’idée qu’on n’apprend pas qu’à l’école, et qu’on n’apprend pas que des professeurs et/ou de nos parents. Je devais commencer le 15 septembre. 15 jours « après les autres » volontaires. Je n’avais pas la moindre idée du nombre de personnes avec qui j’allais travailler, de comment ça allait se passer »concrètement». Evidemment, j’avais signé une fiche mission qui me permettait de comprendre que je ne serais pas toujours au bureau et que mes missions seraient plus que variées, mais je restais dans le flou. J’intégrais donc une équipe déjà formée. Mon côté sauvage me disait : »C’est pas grave s’ils sont déjà potes et qu’ils ne m’aiment pas, je n’ai besoin de personne.» Et mon côté enfant me disait : « Je ne vais pas y survivre. » Je n’avais jamais travaillé dans un bureau, je n’avais jamais travaillé avec des groupes d’enfants, je n’avais jamais du »gérer une équipe».
Un accompagnement rassurant
Aucun de mes collègues n’a le même parcours scolaire que moi. En fait, aucun de mes collègues n’a le même parcours scolaire tout court. C’est pourquoi l’année de volontariat a commencé par une intense phase de formation. Nous avons eu le temps d’apprendre à nous connaitre, à connaitre le fonctionnement, les dispositifs et les missions de l’association, l’organisation de nos temps de travail, nos droits et nos devoirs. Nous ne connaissions pour la plupart que peu voire pas Marseille, alors nous nous sommes promenés, une formation au Café, une autre à la Plage, une autre encore dans un Parc… Une fois nos marques prises, nous sommes rentrés dans le vif du sujet : trouver des bénévoles investis pour aider des enfants et des jeunes en difficulté dans leur parcours scolaire, rencontrer nos partenaires (institutionnels, éducatifs, culturels…), rencontrer les habitants des quartiers où nous intervenons…
Tant de portes ouvertes !
Les valeurs que j’ai dû porter, les jeunes que j’ai rencontrés, les actions que j’ai pu mener m’ont permis de me remettre en question, profondément.
Tout cela m’a fait grandir, m’adoucir, m’ouvrir. J’ai (un peu) pris confiance en moi, j’ai appris à assumer mes idées, tout en sachant écouter celles de l’autre, j’ai appris à accepter d’avoir tort (ma mère n’aurait jamais cru que cela se produise un jour). Mon emploi du temps me permettant d’ajouter des projets à ma fiche mission, j’ai pu saisir l’opportunité de créer un dossier de presse, d’animer des séances d’aide au devoir à la bibliothèque municipale, de faire du jardinage, des promenades dans les Calanques, de créer un évènement pour la promotion des associations étudiantes venant en aide aux plus jeunes… Je ne me serais jamais attendue à vivre tout ça. Aujourd’hui je me rends compte que je suis déjà aux deux tiers du parcours et pourtant, j’ai l’impression d’avoir encore tout à faire.
Ce temps de volontariat, c’est le temps dont j’avais besoin pour savoir ce que je veux faire du reste de ma vie, parce qu’on se sent utile et vivant, et que je suis certaine que quand j’en parlerai dans dix ans j’aurai toujours autant d’étoiles dans les yeux.Tant de portes nous sont ouvertes !
Le Volontariat en service civique existe depuis cinq ans aujourd’hui et j’entends régulièrement des gens se plaindre d’être nés trop tôt pour pouvoir en profiter. Toi qui es encore dans la bonne catégorie, si tu as envie de découvrir le monde associatif, de te rendre utile, de te sentir vivant, prends le temps. Tu ne le regretteras jamais.
Naomi, 19 ans, en Service civique à l’Afev, Marseille
Crédit photo Zoo Project