Exauce B. 19/06/2020

Ne dites pas à mes parents que je n’ai plus la foi

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Tous les dimanches, Exaucé va prier à l'église en famille. Il ne sait pas comment dire à ses proches qu'il ne croit pas...

Je n’ai pas osé dire : « Je ne veux pas aller à l’église. » C’est comme si tout le monde autour de moi s’attendait à ce que, de toute façon, je sois chrétien. Tout ça parce que ma famille l’est. Mais je n’aime plus les religions.

Avant, j’étais particulièrement pratiquant. En tout cas je ne me posais pas trop de questions. Je suis né dans une famille chrétienne pratiquante, et mes parents, ma sœur jumelle, mon frère et moi allons à l’église toutes les semaines. Peu à peu, j’ai commencé à vraiment me demander l’intérêt d’aller prier tous ensemble dans une église. Me lever le dimanche alors que je passe la nuit du samedi au dimanche à lire, jouer aux jeux vidéo et regarder des mangas… quel intérêt ? J’avoue qu’avec mon cousin, quand on était plus jeunes, on prétextait l’envie d’aller aux toilettes pour jouer avec les canards dans le lac à Rennes, tout près de l’église, pour éviter tout ça. 

Et ma méfiance a augmenté avec l’âge. J’ai appris au fil du temps toutes les horreurs commises par le christianisme. Je ne comprends pas pourquoi on parle du christianisme en ne parlant que de « paix et amour », alors que c’est la religion au nom de laquelle il y a eu les croisades, les chasses aux sorcières et toutes ces barbaries. J’ai aussi compris à travers des documentaires que toutes ces guerres et horreurs concernaient toutes les religions. Alors, j’ai essayé d’en parler à mes parents. Mais ils trouvent l’Église tellement importante qu’ils ne pensent même pas à me laisser le choix.

Avoir le droit d’être différent

C’est vrai que l’Église a toujours été importante pour ma famille. Car c’est là où mes parents peuvent trouver des gens avec les mêmes valeurs, où ils font partie d’une communauté, où ils sont connus et se sentent utiles.

Mon frère et ma sœur ne se posent pas toutes les questions que je me pose. Je pense souvent à ce film sur une fille née dans une famille musulmane, qui ne voulait pas porter le voile et qui a réussi à tenir tête à sa famille. On n’a pas toujours le choix de la famille, mais on devrait toujours avoir le choix de la religion. On devrait pouvoir avoir le droit d’être différent. Mais, pour le moment, j’ai choisi de me taire. Je m’adapte, même si je ne crois pas.

Matthieu est agnostique, mais ça ne l’a pas empêché de partir faire du wwoofing dans une ferme tenue par des Témoins de Jéhovah. Une immersion enrichissante au-delà des clichés.

Juridiquement, d’un point de vue des libertés individuelles, le baptême devrait être déconseillé. Cela marque l’enfant à vie, alors qu’il n’en a peut-être pas envie. Toutefois, culturellement parlant, un baptême reste important. Car c’est un beau cadeau que les parents ont l’impression de faire à leurs enfants.

Pour moi, c’est un choix que les enfants devraient pouvoir faire seuls. La religion est à la fois un héritage et une malédiction. Elle ne me va pas mais je ne la déteste pas pour autant. Et puis, peut-on trouver maudit quelque chose qu’on vous a appris ? 

Exaucé, 14 ans, collégien, Rennes

Crédit photo Unsplash // CC Karl Fredrickson

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2 réactions

  1. C’est une réalité très mal connue.
    Perso, 23ans, 24 ans bientôt, je vis la même chose.
    Le manque d’indépendance me pousse à me taire et accepter d’y aller sans broncher.
    J’appréhende comment leur annoncer que j’en peux plus de faire semblant.
    Force à toi

  2. A 26ans, ma situation est la même, manque d’indépendance financière les études étant longues, je me reconnais en toi.

    Bientôt mon « coming-out » de l’incroyance

    Merci pour ton témoignage

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