Orientation : je me suis aidé tout seul
Je m’en rappellerai longtemps de cette phrase de ma prof principale en classe de seconde : « Béh va en STG, peut-être que t’aimeras la gestion d’entreprise…. Tu te plairas là-bas, sûrement. » Je voulais faire une première ES mais on m’avait demandé de redoubler car avec 9 de moyenne générale, c’était pas suffisant. Comme je ne voulais pas redoubler – pour moi redoubler était synonyme d’échec – j’allais faire appel quand ma prof m’a lancé cette phrase.
Au lycée, j’ai toujours senti que mes profs n’étaient là que pour s’occuper des « bons » élèves, ceux qui avaient des 18 de partout. Les « moyens » comme moi, non, ils préféraient les voir avec les faibles. Je ne me sentais pas écouté, le délégué ne faisait pas bien son boulot et me voilà orienté en première STG où le niveau de la classe était mieux pour moi. Sans réviser je tournais autour de 12 et en terminale, j’ai eu mon bac sans trop d’efforts : juste en assistant aux cours, j’avais la moyenne.
Je ne conseillerai à personne d’aller voir une conseillère d’orientation
J’ai été voir une conseillère d’orientation. Cette « femme du CIO » m’a complètement désorienté en me disant qu’avec mon bac, je pouvais prétendre à « un emploi de caissier dans un supermarché » parce que « aujourd’hui Auchan recrute que des bacheliers ». Elle avait l’air âgée et pas au courant de ce qui se passe ni sur le marché de l’emploi, ni dans la tête des jeunes. Je ne conseillerai à personne d’aller voir une conseillère d’orientation.
Après le bac, comme je ne savais pas quoi faire, j’ai fait une année de fac en éco-gestion à Avignon : 9,40 au premier semestre, il me fallait donc 10,60 au second pour avoir mon année, le second j’ai eu 8,50. Dégouté, j’ai décidé de changer et de faire du droit et là, une désillusion de plus quand j’ai vu que le droit ne me plaisait pas du tout.
Considéré comme un « décrocheur »
Comme au lycée, à la fac, ni les profs, ni les conseillers d’orientation, ni personne n’a cherché à m’aider à m’orienter. Et comme j’étais considéré comme un « décrocheur », ils me disaient tous : « Cherche ce que tu veux faire. Fais-le. Mais quand tu viens en cours ne dérange pas les autres. » Les « autres », ce sont ceux pour qui l’avenir est tracé.
Au mois de mai, j’ai voulu faire un BTS, mais c’était trop tard pour les inscriptions. J’ai alors postulé sur plusieurs services civiques. J’ai été pris dans une association qui porte des valeurs que je partage. Et en même temps ça me permet d’être bien placé pour postuler à des BTS dès janvier.
Aujourd’hui j’ai les idées claires : après mon service civique je vais faire un BTS Management des Unités commerciales ou un BTS Négociation Relation Client. Je trouve qu’être commercial est un métier très enrichissant. Savoir vendre quelque chose en essayant de persuader un client que c’est ce qu’il lui faut : je trouve que gagner sa vie en relevant des défis est quelque chose de très intéressant. Pour en arriver là, pour construire mon orientation, je me suis aidé tout seul.
Lulu, 20 ans, étudiant, Avignon