Daniela A. 15/07/2021

Née en France, élevée dans la culture portugaise

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Les parents de Daniela sont nés au Portugal, elle en France. La culture portugaise occupe une place importante dans son éducation. Une immense richesse.

Je suis née en France, mais d’origine portugaise car mes deux parents sont nés là-bas. Mes parents, c’est le pur cliché portugais, à faire quinze heures de voiture à cinq pour arriver là-bas. Ils ont émigré très jeunes pour travailler. J’ai donc eu la chance de grandir avec ces deux cultures.

Je parle portugais depuis toute petite. Mes parents m’ont toujours parlé cette langue. Pour eux, c’est important que leurs enfants apprennent leur langue d’origine. J’ai aussi pris quelques cours au collège et au lycée. C’est un réel plaisir de la parler. Je la trouve magnifique et j’en suis très fière. Grâce à ça, je peux parler avec ma famille du Portugal. À la maison, on ne parle que portugais et rarement français. Du coup, c’est un peu bruyant. Un cliché vrai sur les Portugais, c’est qu’on crie tout le temps ! Mais on s’y habitue.

Ce manque du pays : la saudade

J’ai la chance d’avoir une meilleure amie et d’autres amis portugais. Ce qui fait que, quand on se retrouve, ça nous arrive souvent de parler cette langue ou de faire des concerts entre nous dans ma chambre en chantant nos musiques portugaises préférées. J’ai beaucoup plus de Portugais dans mon entourage, mais ce qui m’a plu chez eux, c’est leur personnalité, pas leur origine. Ça, c’est juste un plus.

Nos Daron·ne·s est une web-série réalisée par l’association Ghett’up mettant en scène des échanges intergénérationnels entre des enfants d’immigré·e·s et leurs parents. Dans cet épisode, Julia discute avec sa mère de leur culture portugaise.

En France, la communauté portugaise est très proche aussi. Il y a beaucoup d’associations et de fêtes d’organisées pour tous nous rassembler. Je pense que ce qui les relie le plus est le fait d’avoir émigré de leur pays. Même s’ils adorent la France, car c’est le pays où ils vivent et travaillent, ils ressentent ce manque commun de leur pays qu’on appelle la saudade.

Au Portugal, tout est fait pour qu’on se réunisse

Dans ma famille, on mange principalement des plats portugais comme du bacalhau, de la morue cuisinée de n’importe quelle manière. Mais aussi d’autres plats comme le cozido à portuguesa (« pot-au-feu à la portugaise », en portugais, ndlr), et la caldo verde qui est clairement ma soupe préférée. C’est une soupe au chou et aux pommes de terre. Mais aussi la feijoada, spécialité de la région Trás-os-Montes, un ragoût de haricots rouges mélangés à de la viande et du riz.

Je vais au Portugal deux fois par an, à Noël et pendant les grandes vacances. La capitale, c’est Lisbonne et, croyez-le ou non, je n’y suis allée qu’une fois dans ma vie. Mon père est du nord de la région Trás-os-Montes. D’ne petite ville très chaleureuse, Vila Pouca de Aguiar. Beaucoup de maisons sont construites dans des montagnes, ce que vous ne trouverez jamais à Nanterre ! Le sol est fait surtout de pavés gris. Il y a beaucoup d’arbres, surtout des grands châtaigniers, des orangers et des citronniers. En fait, tout ce que la France a en campagne, Vila Pouca de Aguiar l’a en ville.

Ma mère, elle, est du centre d’un village nommé Arcozelo das Maias, où on habite en famille. Ma grand-mère habite aux côtés de tous ses frères et sœurs. C’est un petit village, mais il est riche en amour. Il ressemble à un petit village de France rempli d’arbres, de fleurs et de petites maisons de campagne.

Quand je vais au Portugal, je vais surtout voir ma famille mais ce que j’aime le plus c’est les fêtes portugaises. Chaque année, pendant les grandes vacances, des fêtes de village ou de ville sont organisées. Vous pouvez y danser, manger, faire des attractions et voir des concerts de chanteurs. Ces fêtes ramènent de la bonne humeur et permettent de rassembler tout le monde. Là-bas, tout est fait pour qu’on se réunisse. En France, c’est plus chacun pour soi.

J’aime aussi la France car j’y suis née et j’y vis

Malgré tout, j’aime les deux cultures. Elles ne sont pas si différentes, à part dans la langue et la nourriture. Je préfère quand même la langue portugaise, je la trouve plus jolie à parler et plus profonde. Les avantages d’avoir une double culture, c’est de connaître les deux pays par cœur, d’être bilingue, de pouvoir décider où vivre plus tard, de pouvoir aller travailler au Portugal si je le désire, et plein d’autres choses.

Lucile est toujours renvoyée à ses origines togolaises, comme si elle n’était pas « vraiment » française. Elle ne se sent plus légitime à revendiquer sa nationalité.

Il y a aussi des inconvénients, comme les remarques qu’on te fait en France comme quoi tes parents devraient retourner dans leur pays puisqu’ils ne sont pas nés ici. Alors qu’ils ont beaucoup plus passé d’années en France qu’au Portugal ! Ou tous les clichés qu’on te sort, comme quoi les Portugais sont poilus, que nos parents sont maçons et femmes de ménage, et j’en passe… Ça fait pitié et c’est plus vexant qu’autre chose. Je me sens plus portugaise que française, mais je ne saurais pas vous dire pourquoi. C’est juste que j’ai plus grandi dans la culture portugaise. Ça ne veut pas dire que je n’aime pas la France, au contraire : c’est le pays où je vis, où j’étudie et où je suis née.

 

Daniela, 15 ans, lycéenne, Nanterre

Crédit photo Hans Lucas // © Jean-Matthieu Gautier (Série photo : « Journées mondiales de la jeunesse au Panama »)

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