Avoir ses règles c’est trop la honte ?
J’ai eu mes règles très jeune, j’avais genre 10 ou 11 ans. Heureusement, c’est arrivé lorsque j’étais chez moi et pas dehors. Je ne savais pas ce que c’était et je pensais que j’avais fait quelque chose de grave (pourtant j’avais rien à me reprocher). Après avoir cogité entre les quatre murs des toilettes comme une prisonnière en GAV, j’ai fini par aller dans la chambre de ma mère pour lui expliquer que du sang s’écoulait de mes parties intimes.
Je redoutais sa réaction : est-ce qu’elle allait penser que j’avais eu un rapport sexuel ? Est-ce qu’elle allait le dire à mes frères ? Est-ce qu’ils allaient me tuer ? Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête. Imagine, t’es une petite gosse de 10 ans et tu vois du sang couler de ta punani entre deux parties de Pokémon ? L’angoisse !
« Comment ça félicitations ?? Je saigne là ?! Je vais mourir genre ?? »
Finalement, c’était la grande joie, elle m’a prise dans ses bras et m’a félicitée alors que moi, j’étais en larmes et dans l’incompréhension totale : « Comment ça, félicitations ?? Je saigne là ?! Je vais mourir genre ?? HELP ?? » Quand j’y repense, c’était plutôt drôle. Elle a fini par m’expliquer ce que c’était, qu’il fallait que je note quelque part la date du jour car, désormais, ça allait m’arriver tous les mois à la même période, comment il fallait que je me protège… Bref, le pep talk basique quoi. Ce qui m’a le plus marquée dans ce tuto règle c’était le « WARNING c’est un truc de filles » et que les garçons ne devaient surtout pas savoir quand je les avais.
Du coup, je suis un peu devenue une super agente secrète de la menstruation féminine. Quand j’allais aux toilettes effectuer le changement d’identité de mes protections, je les cachais dans ma manche ou dans mes poches pour que personne ne sache ce que j’allais faire. Comme si je commettais un crime. Lorsqu’on parlait ragnagna avec mes copines, on employait toujours un langage codé, comme ce petit mot ridicule que je viens de citer ou encore « semaine rouge » et le classique « t’as tes trucs ? ». Le mot « règles » c’est un peu comme le mot « noir », c’est un gros mot. Attention, il faut pas trop le dire, haha.
Parler de ses règles ? Trop la honte !
Aujourd’hui, j’ai 22 ans et je n’ai encore jamais parlé ouvertement de mes règles avec mes grands frères par exemple, je pense que ça les gênerait. Quand c’est le ramadan et que je suis indisposée, que je ne peux pas jeûner, je fais des missions pas possible pour aller manger dans la cuisine sans être prise, ou alors ma mère dit que je suis « malade » pour justifier le fait que je ne jeûne pas et éviter de parler de ce sujet si tabou que sont les règles. C’est pas méchant en soi, c’est juste pour éviter le malaise. J’ai fait un sondage sur mon Insta pour essayer de voir si j’étais la seule dans ce cas et je vous laisse observer les réponses par vous même :
« Est-ce que vous parlez ouvertement de vos règles avec les hommes de votre famille ou les hommes de manière générale ? »
Les autres témoignages à lire ici
Avec du recul, en lisant des revues féministes (comme le magazine Gal Dem par exemple) et en m’instruisant sur le sujet, j’ai capté que j’avais été aliénée par la société qui considère que les règles sont impures et qu’il fallait protéger la sensibilité des garçons à tout prix, parce que vous comprenez, c’est trop degueuuuu les règles. Comme les poils, les boutons et tout ce qui peut y avoir de naturel qui sort du corps d’une personne ayant un vagin quoi (sauf les hommes lol).
Plus de la moitié des femmes en France ont honte de leur règles, c’est fou quand même ?!
Je pense que le fait de mettre sous silence nos récits perpétue les phénomènes de société comme la précarité menstruelle (39% des femmes les plus précaires ne disposent pas de suffisamment de protections hygiéniques), le manque d’hygiène et les problème de santé (je pense particulièrement à l’endométriose). Cela a une influence sur notre bien-être et notre acceptation de soi. C’est clairement un levier important pour l’émancipation féminine.
https://twitter.com/DeputeyAss/status/1038903326434308096
Si on a honte d’en parler alors il n’y a pas de débat, pas de conversations et donc pas de progrès et ça bah… ça arrange tout le monde (vous comprenez, flemme de faire des reformes pour ces hystériques de femmes 😉 ), sauf les premières concernées.
Beaucoup d’entre nous ne faisons que nous protéger sans avoir conscience des risques qu’on prend. Dans les serviettes et les tampons de grandes marques que la majorité d’entre nous consommons, il y a des ingrédients super toxiques, de l’aluminium, de l’alcool ou encore des pesticides, chaud quand même ?! On commence à nous proposer des alternatives mais c’est encore très timide et surtout, c’est pas tout le monde qui peut se permettre de monter en gamme. Ah cette bonne vieille précarité menstruelle, encore elle !
Bref, stop le liquide bleu dans les pubs. Le sang, c’est rouge, à moins qu’on soit des schtroumfettes. Stop de séparer la classe en deux pour parler des règles aux collégiens (dans un premier temps au moins), les garçons aussi doivent savoir ce que c’est et ça éviterait probablement les moqueries qu’on se tape en milieu scolaire. Stop de nous faire culpabiliser dès notre plus jeune âge sur quelque chose d’aussi normal et naturel, commençons plutôt par changer notre manière d’appréhender le sujet et les dizaines de problématiques sociétales vitales qui vont avec.
#Periodt
Yasmine, 22 ans, #teamZEP, Chanteloup-les-Vignes
Crédit photo GIPHY // U By Kotex Brand
Écris ta réaction ici … mêmê si je n’ais pas mes règle je sais déja tout faire
Je suis dans le même cas
Super article!!! Contente que les femmes en parlent de plus en plus. J’ai eu la chance de pouvoir parler de mes règles ouvertement dans ma famille et avec mes frères. Même s’il y avait malaise au début, j’ai continué à être ouverte sur le sujet, sachant qu’ayant des règles douloureuses c’était difficile de le dissimuler et j´ai finalement réussi à ne plus avoir honte d’en parler avec ma famille. J’espère que d’autres jeunes filles pourront avoir l’opportunité de parler de ce sujet sans quelconque honte.
On devrait en parler à la maison mais aussi à l’école car cela fait partie de l’évolution de l’espèce humaine, notamment la femme.
Les règles marquent le début de la fécondabilité de la femme, autrement dit elles signifient que l’on peut désormais avoir des enfants. Alors respectons cette situation, sans elle nous ne serions pas là !!!!
Un grand OUI pour cet article qualitatif.
Je crie toute seule « J’AI MES REGLES » de mon côté dans le métro et ce genre d’article me permettra d’entendre un « MOI AUSSI » ou un « TIENS PRENDS MA PLACE, REPOSES TOI »
Hâtes qu’il soit relayé
Super article instructif. Avec des témoignages intéressants.