Étienne D. 09/02/2019

Haïtien, mon adoption m’a offert une vie meilleure

tags :

Né en Haïti, Etienne est arrivé en France à 3 ans. Aujourd'hui, il est persuadé : son adoption lui a sauvé la vie. Il remercie ses géniteurs.

Je suis arrivé en France à Orly le 14 décembre 2004. J’avais 3 ans.. Je n’ai aucun souvenir de ma vie en Haïti. Ma mère adoptive m’a expliqué que les conditions de vie à Port-au-Prince étaient déplorables : maisons infestée d’insectes, manque d’eau et de nourriture, manque d’infrastructures (hôpital, école…). Elle m’a aussi dit que la vie y était dangereuse (séismes récurrents). C’est pourquoi mes parents, qui étaient à peine majeurs, ont jugé qu’il valait mieux que je quitte le pays.

Cinq ans plus tard, en décembre 2009, ma mère adoptive est retournée en Haïti pour aller chercher une petite fille qui allait devenir ma sœur. L’idée de quitter son enfant encore jeune (j’avais 8 ans) a retardé son envie de départ, mais un collègue lui a dit : « Si c’était Etienne que tu devais aller chercher, tu n’hésiterais pas. » Deux semaines après son retour, les infos disaient qu’un séisme avait eu lieu. Elle a donc remercié infiniment ce cher collègue… Aujourd’hui, ma sœur a 12 ans. Nous n’avons aucun lien de parenté, pourtant les personnes qui nous côtoient trouvent que l’on se ressemble moralement et physiquement, ce qui me fait rire !

Une meilleure vie que celle qui m’attendait

Ma vie ici à Angers, en France, est très différente de la vie que j’aurais eue en Haïti. Je suis scolarisé et, même si les cours énervent la plupart des gens, et moi également, je réalise que c’est une chance incroyable de pouvoir aller à l’école sans contraintes. En plus de ça, je peux manger, être logé, faire du sport en club… Toutes ces choses qui semblent très banales à beaucoup, j’aurais pu ne jamais les connaître. Grâce à cette adoption, j’ai pu vivre une meilleure vie que celle qui m’attendait dans mon pays d’origine.

Trimballée dans toute la France, forcée à suivre sa famille, Laurie n’arrive plus à s’attacher. Alors elle vit en mouvement, tout le temps.

On voit une jeune femme de dos avec un sac à dos, un sac dans sa main droite et sa main gauche rentrée dans la poche de son pantalon. Elle regarde un train partir, que nous voyons flou sur la photo.

Je mène une vie tellement paisible que l’idée de retrouver mes racines, de prendre contact avec ma famille biologique, ne m’a pas traversé l’esprit. Je n’ai encore jamais fait de recherche sur mon pays d’origine. Mais avec plus de recul et de réflexion, je me dis que ça ne serait peut-être pas une mauvaise chose… En effet, je pourrais prendre des nouvelles de mes maîtresses, de mes frères et sœurs… Je pourrais aussi leur raconter ma vie ici et leur assurer que tout va bien pour moi. Je pourrais aussi les remercier d’avoir pris cette décision à mon sujet.

Étienne, 17 ans, lycéen, Angers

Crédit photo Flickr // CC USS Normandy Provides Aid in Haiti

Partager

2 réactions

  1. je suis un jeune haïtien. j’étudie à l’université d’Angers. j’étais en Haïti en été 2018 . je peux vous rassurer que l’adoption à sauver votre vie . aimez votre famille d’adoption. car la vie en Haïti n’est pas facile. votre histoire m’a beaucoup touché.

  2. Moi aussi j’ai une petite sœur adoptée et je suis d’accord avec les raisons que tu viens de raconter. C’est très bon de trouver une famille qui t’aime et qui s’occupe de toi.

Voir tous les commentaires

Commenter