Derrière le comptoir du wagon-bar… des vies qui défilent
Aujourd’hui en formation dans l’informatique, je peux dire que l’expérience professionnelle qui m’a jusqu’ici le plus changé, cela a été… d’être derrière le bar dans le TGV.
Après un bac S, je me suis dirigé vers des études de MAO (musique assistée par ordinateur). J’ai très vite abandonné, parce qu’en réalité… la musique est plus une passion qu’autre chose. L’idée d’en faire mon métier a disparu après les multiples stages où mes « formateurs » m’en ont découragé. Tous m’ont répété « Si t’as l’occasion de changer de voie, fais-le », et ils avaient en quelque sorte raison. Tous mes camarades de classe travaillent aujourd’hui dans des milieux qui n’ont rien à voir avec la musique.
Par la suite j’ai enchaîné les « petits boulots », une période assez floue où je ne savais pas vraiment où aller. J’étais perdu… Après réflexion, je pense qu’en essayant différents types de métier, de caissier à assistant photographe, je me cherchais. J’essayais, tant bien que mal, d’avoir une vision globale de mes envies et de mes buts.
De rencontres en rencontres
L’expérience qui m’a le plus changé, c’est lorsque j’ai travaillé en tant que responsable bar TGV à la SNCF. Dit comme ça, ce n’est pas très convaincant, je sais, mais quand on y réfléchit, on est en constant apprentissage !
Je m’explique: d’abord, lorsqu’on est seul derrière un bar dans un train qui file à plus de 250 km/h et qu’il manque LE sandwich le plus demandé, que tu sais que sans celui-ci ton chiffre va être divisé par deux et que tu vas te faire taper sur les doigts en rentrant, tu n’as pas d’autres choix que de te DEBROUILLER.
Et puis, toutes les rencontres que tu fais durant un trajet t’apprennent quelque chose, de la petite vanne super drôle à la théorie des cordes.
Un matin, sur un trajet Paris-Lyon, j’ai rencontré une quinzaine de personnes faisant partie de l’association « La Fondation du Rein ». Parmi elles : Fabrice Luchini, avec qui j’ai discuté. On en est venu à parler des annonces que les baristas font au départ du train, pour appâter le voyageur. On en a rigolé et il m’a demandé s’il pouvait en faire une, et c’est là qu’a commencé l’annonce la plus longue que j’ai entendue sur les bienfaits de l’eau sur les reins. Je vous jure, 15 minutes ça a duré…
Il y a aussi une fois où j’ai rencontré une dame assez âgée avec qui j’ai pu discuté pendant tout le trajet (comme le train était vide) de philosophie de vie. C’est peut-être l’une des plus belles rencontres que j’ai faites, car cette dame, dont j’aimerais me souvenir du nom, est la première personne qui m’a fait prendre compte de l’importance de la remise en question de soi. C’est le genre de personne qu’on aurait aimé connaître plus tôt tant elle vous change de l’intérieur.
Licenciement, changement de voie
Mais comme toute bonne chose a une fin, l’entreprise a licencié à peu près 200 personnes… dont moi. Licenciement « économique », à mon plus grand malheur. J’ai du coup essayé de chercher un boulot dans ce style.
Je me suis tourné vers la restauration où là aussi je m’éclatais, mais moins…Là où j’étais, on n’avait pas vraiment le temps de parler avec le client, d’apprendre un bout de vie…
J’ai donc commencé à chercher quelque chose qui me correspondait vraiment. Je me suis posé quelques questions et de fil en aiguille, j’en suis venu à me diriger vers la programmation web.
Mais quel est le rapport ? Depuis toujours, j’ai été passionné par les technologies, et ça correspond bien à mes valeurs : débrouillard et entreprenant. Et j’aime l’idée de ne jamais se contenter de ce qu’on a en termes de connaissances. J’y retrouve un peu le coté barman dans les trains.
Eh oui parce qu’en fait un dev (développeur), ce n’est pas un/e mec/meuf coincé/e derrière son ordi, c’est quelqu’un qui s’intéresse à ce qui l’entoure, qui cherche, se débrouille, qui fait des rencontres.
Martin E., 22 ans, en formation, Montreuil
Crédit photo Flickr, CC Todd Lappin
wow
Bonjour, je suis intéressé par ce métier et souhaiterais en faire ma vocation.