De l’art (si peu original) des l’entretiens d’embauche
Le but des entretiens d’embauche, c’est de «se vendre». Alors on met le filtre Instagram et on propose la meilleure version de nous-mêmes (quitte à abuser de la touche «gommer les imperfections»). Résultat : on n’est pas complètement nous-mêmes et nos profils semblent presque similaires.
Généralement, la première question sert à détendre l’atmosphère (ou pas) et à mieux vous connaître. Le recruteur vous lancera avec un sourire (ou avec le visage de marbre du rh au bout de sa vie) : « Présentez-vous. »
J’ai du mal avec cette partie de l’entretien, je ne sais jamais vraiment par où commencer. Les questions s’enchaînent dans ma tête : est-ce que je parle de mes études après le bac ? Après la licence ? Et puis pourquoi faudrait absolument commencer par parler de mes études ? Si je commence par mes intérêts, il pensera que je ne suis pas la pour travailler (mais c’est important les intérêts !). Et si je commence par mes expériences professionnelles ? Il verra que je n’ai pas beaucoup d’expériences dans le domaine. Bon allez, soyons fous, et si je commençais par lui dire que je ne suis pas fan de la dernière saison de Grey’s Anatomy ? Je crois qu’il m’indiquerait la sortie sans même me regarder.
Ce qui me gêne dans les entretiens d’embauche, c’est qu’ils manquent cruellement d’originalité. On nous bassine avec les questions ultra prévisibles du type « citez trois qualités et trois défaut ». On répondra par la phrase prémâchée par des centaines de candidats : « En fait j’ai une qualité qui est également un défaut… je suis perfectionniste » (rire nerveux). Le recruteur froncera les sourcils et vous regardera d’un air fixe qui vous informera que cette réponse est aussi obsolète que le premier Iphone.
Recruteurs, soyez plus originaux !
Après les questions sur votre personnalité (qui se résument généralement à connaître vos qualités et vos défauts et à quelques remarques sur la mini partie «intérêts» en fin de cv), il est temps de passer aux choses sérieuses.
Après avoir parlé de vos différentes expériences professionnelles, le recruteur vous fera comprendre qu’il y a de la concurrence derrière. Il vous demandera alors « Qu’est-ce qui vous démarque des autres candidats ? »
Deux options : 1. Mode ego enclenché : on se survend à ses risques et périls.
2. On se contente d’exposer deux ou trois expériences qui ont « fait ce qu’on est devenu aujourd’hui » et qui nous ont permis de « développer notre esprit d’équipe et notre réactivité» qui «sont des atouts essentiels pour cette entreprise » (sourire forcé).
Le recruteur fera un signe d’approbation de la tête et ajoutera dans le même thème :
« Que pouvez-vous apporter à l’entreprise ? »
On répondra «Je suis motivée, déterminée, forte de mon expérience d’un an dans le domaine de la communication (en fait c’était 6 mois mais comme t’as passé toutes tes années d’études à galérer en stage t’as le droit), je suis prête à fournir les efforts nécessaires pour mener à bien mes missions (générique de Star Wars en arrière fond). »
Fatima s’est fait recaler lors d’entretiens d’embauche à cause de son voile. Elle en a passé un tête découverte et c’est passé. Depuis, elle hésite à le porter.
Je crois que si on enlevait le filtre Instagram une bonne fois pour toutes. Celui qui nous empêche d’être complètement nous, de sortir des réponses toutes faites et de montrer notre vulnérabilité sans être jugé, les entretiens d’embauche seraient beaucoup plus intéressants voire drôles et moins stressants. Recruteurs, soyez un peu plus originaux dans vos questions ; candidats, n’ayez pas peur d’être vous-mêmes (qui sait, peut-être qu’un recruteur partagera votre phobie des licornes).
Hawa, 24 ans, étudiante et blogueuse, Ile-de-France
Crédit photo Unsplash // Christina @ wocintechchat.com
Bjr c’est aussi l’art de ne pas comprendre un entretien. Certaines questions sont superflues, je suis prêt à vous expliquer un entretien de recrutement. Bien à vous. René
J’adore ! Je suis d’accord; il est temps que les recruteurs soient plus originaux !