Romane P. 09/05/2019

En stage en Italie, j’ai survécu sans téléphone

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À peine arrivée en Italie, où je m'apprêtais à passer trois semaines en stage avec Erasmus, j'ai perdu mon téléphone. Et ça m'a fait le plus grand bien !

Mon expérience Erasmus a été très particulière. Mettons-nous dans le contexte. Je suis en terminale construction des carrosseries. Donc imaginez-vous bien que je suis la seule fille de ma classe. Logiquement aussi, la seule fille à participer à ce voyage en Italie. Partir avec cinq garçons (un ami, deux que je connais a peine, un que je déteste et un que je ne connais pas) et vivre avec eux 24h sur 24 pendant trois semaines… Le voyage commençait déjà pas très bien. Nous avons décollé le 17 mars à 11h30 pour arriver à Maranello près Bologne dans la région d’Emilie-Romagne dans le nord de l’Italie. Dès le lendemain, nous nous sommes tous mis au travail.

Tous les soirs, nous rentrions en car. Le jeudi soir, au moment de descendre à notre arrêt pour rentrer chez nous, j’ai laissé mon téléphone sur mon siège. J’ai appris le soir même que dans cette région, il y avait un trafic énorme de téléphones et que je n’avais qu’une chance sur cent de retrouver le mien. Je ne l’ai jamais retrouvé.

J’ai donc passé trois semaines sans téléphone. Dans un pays quasi inconnu. Avec des gens que je n’appréciais pas forcément et vice-versa. L’ambiance était plutôt tendue dans la maison où nous logions. Ces garçons-là n’étaient pas très bien élevés ! Ça m’a plutôt dérangée je l’admets, surtout quand Piero, notre logeur, parlait à l’un d’entre eux à table et que cette personne lui a d’un seul coup crié sous le nez « MA BITE ». Bref, pas très agréable comme début de voyage.

Vous passez trop de temps sur votre smartphone ? L’épisode 3 de la série « (Tr)oppressé » d’Arte vous donne du grain à moudre : James Williams, ex-employé de Google et expert en éthique, décrypte les inconvénients des écrans. Effet de distraction, dépendance… L’objectif premier de cette technologie, favoriser les échanges entre les gens, semble s’être égaré en chemin.

 

Par la suite on est tous tombés violemment malades, une gastro, je ne vous fais pas de dessin. Pour les toilettes, c’était chacun pour soi ! Ensuite le garçon « au cri » m’a frappée juste parce que je discutais avec son collègue de chambre et que monsieur avait mal à la tête. Sans gêne et sans respect ! Le lendemain, j’ai eu mes règles. Deux jour plus tard, j’ai cassé mon appareil dentaire. Assez violent comme voyage… Et pas de téléphone pour partager tout ça avec d’autres amis ou la famille !

La perte de mon téléphone m’a été plus que bénéfique

Mais j’ai réussi à voir les choses du bon côté, le positif amène le positif. Sans téléphone, j’ai du me débrouiller pour communiquer et j’ai pu créer plus de liens que si j’avais eu mon téléphone. J’ai même pleuré en partant ! Le soir, j’ai dû m’occuper autrement qu’avec des séries ou YouTube, je lisais des livres. Et je m’endormais plus tôt. J’étais plus en forme la journée. Comme je n’avais pas de moyen d’avoir des photos, j’ai improvisé comme j’ai pu, chaque matin, midi et soir, j’écrivais mes journée entières avec chaque détail pour me souvenir de tout. J’avais oublié le plaisir que donnait l’écriture !

Pour Gustave, tenir un compte Instagram, c’est tout un art et ça demande du temps. Il s’est pris au jeu, jusqu’à se sentir enfermé par l’image de lui-même qu’il y avait construit.

Ce voyage m’a permis de regarder autour de moi et de réfléchir. Mais ça ne m’a pas empêchée de me racheter un téléphone. Seulement maintenant, je réfléchis à des activité intéressantes avant de rester des heures dessus. Je prends la peine de regarder autour de moi et de me dire que le monde est beau. La technologie ne m’a aucunement manqué pendant ce voyage. Au contraire, ça m’a permis de me rendre compte de beaucoup de choses. Ma famille me manquait. Le manque de communication m’a permis de me rendre compte que mon copain, à propos de qui je commençais à me poser des questions, me manquait finalement aussi énormément.

La perte de mon téléphone m’a été plus que bénéfique. Sauf quand j’ai dû dire au revoir à 250 euros en rentrant ahah ! Mais le meilleur moment de ce voyage, c’était à l’aéroport de Nantes, lorsque que j’ai vu mon copain au loin et que j’ai enfin pu le prendre dans mes bras et que je lui ai dit : « JE T’AIME. »

 

Romane, 18 ans, lycéenne, Nantes

Crédit photo Flickr // CC Jeanne Menjoulet 

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