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ZEP 25/05/2022

6/6 VIDÉO – Législatives : de militante à candidate

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Lumir s'est toujours engagée en politique. À presque 30 ans, elle a pris la décision d'aller encore plus loin et de se présenter pour devenir députée dans sa circonscription de l'Ain.

Bien avant de vouloir devenir députée, mes convictions je les tiens de ma famille. Autant je viens d’une famille où personne n’a fait de politique, autant je viens d’une famille où le service est très important. Chez moi, il y a des instits, des cheminots, des profs, des infirmières… Des gens qui se mettent au service de la collectivité. Ils donnent de leur temps, de leur énergie et de leur expertise pour que les gens aillent mieux. J’ai grandi avec l’idée que la politique est au centre de nos vies. Pas par hobby ou par passion, mais parce qu’elle a des conséquences très concrètes sur nos vies au quotidien.

Quand je suis arrivée à Sciences Po, j’ai rejoint le Secours populaire qui proposait des cours de soutien scolaire. J’ai été matchée avec une jeune élève de CM2 et j’ai passé deux ans à l’accompagner. Pour moi, c’était vraiment extraordinaire. C’était la première fois que j’entrais en banlieue. Surtout, j’ai été hallucinée de voir à quel point il y avait des similitudes entre moi, ma vie de rurale, et la vie en banlieue. Je pense que ça a beaucoup instruit le reste de mon engagement.

Députée activiste, pas pour serrer des paluches

J’ai grandi avec toujours le même député, c’était aussi le maire de mon village à une époque. Il venait au carnaval et au boudin serrer des paluches… Je me disais que cette personne était un notable, à aucun moment je me suis dit : « Cette personne est un activiste. »

J’ai découvert le rôle de députée de manière un peu improbable aux États-Unis, où j’étais assistante parlementaire d’un député américain. Juste après ça, il y a eu l’élection d’une nouvelle vague de députées femmes, dont Alexandria Ocasio-Cortez. Plein de nanas qui avaient à peu près mon âge, pas de parents qui avaient fait de la politique et qui débarquaient comme ça dans le game politique. Elles disaient : « En fait, on a notre place ! »

C’est un peu ce que j’avais toujours fait : j’ai fait du syndicalisme, de l’associatif, j’ai travaillé dans l’économie sociale et solidaire ou pour des gros groupes… toujours avec cette idée que ce n’étaient pas des buts en soi. C’étaient des moyens de faire passer des idées et de faire changer les choses. Et là, j’ai vu la fonction de député sur le terrain. C’est là que je me suis dit : « OK, moi c’est ça que j’ai envie de faire ! » J’ai réalisé que c’est un outil auquel il faut s’intéresser, qui peut permettre de changer les choses à une grande échelle et d’avoir un large auditoire.

Un enfant dans cette société ? Impossible

En 2020, ça faisait un moment que je faisais du militantisme climat ou égalité des chances. Après un grand moment de mobilisations (pour les retraites, les Gilets jaunes, les mouvements climat, féministe et antiraciste), je me suis sentie un peu frustrée de voir que, malgré notre énergie, il ne se passait pas grand chose au niveau politique.

Puis, il y a eu le Covid. C’est là que j’ai décidé de rentrer habiter dans l’Ain (j’étais à Paris à l’époque). Avec mon compagnon, c’est aussi là qu’on s’est dit qu’on avait envie d’avoir des enfants. Mais je me suis dit que ce n’était pas possible dans cette société, et qu’il allait falloir passer la seconde en termes d’engagement. Comme c’était un moment où la politique remontrait son pouvoir et sa puissance d’agir, je me suis dit que c’était ça la prochaine étape : se présenter aux législatives.

Série 1/6 – En allant à sa première manifestation, Coline ne se sentait pas légitime. Mais ce jour-là, au milieu des manifestantes et des slogans, elle a réalisé qu’elle aussi a sa place dans le combat féministe. Capture d'écran de la première vidéo de la série, celle de Coline : "Je suis devenue féministe en manif".

Comme, j’imagine, beaucoup de gens qui viennent à la politique sur le tard, je me pose plein de questions.  Si je deviens députée, serai-je à la hauteur ? Vais-je me sentir légitime ? Quoi qu’il en soit, je continuerai mes combats. Que ce soit sous la forme d’une entreprise sociale, d’associatif… que sais-je ? Ce qui est sûr, c’est que le fond ne changera pas.

Lumir, 29 ans, indépendante, Montluel

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